Huy: le tourisme comme porte de sortie du nucléaire?

Le bourgmestre de Huy, Christophe Collignon, planche actuellement sur une stratégie de développement de la commune liée au tourisme afin de compenser les pertes liées à la fermeture des centrales nucléaires de Tihange en 2025. La fermeture des centrales nucléaires engendre-t-elle des conséquences pour la Ville ? Il y a plusieurs impacts à prendre en considération. Les centrales sont de gros contributeurs fiscaux pour la ville. Les bonnes années nous recevons approximativement entre 13 et 14 millions d’euros de la part d’Engie, mais quand l’activité ne tourne pas beaucoup, nous avons des rectifications fiscales et descendons autour de 10 millions d’euros. L’impact est conséquent pour la ville ; ces contributions représentent un tiers du budget communal. Au niveau de la présence des tours, les besoins économiques sont importants également. On compte environ 1.000 employés pour permettre une présence constante sur le site et 1.000 autres sont nécessaires quand arrive le moment de la révision des centrales. À côté de cela, il y a les emplois indirects. C’est véritablement toute une chaîne économique qui s’est créée autour de ce site. De quelle manière cette sortie du nucléaire est-elle assurée à Huy ? La première phase, celle du démantèlement, devrait durer entre 6 et 7 ans. Il y aura une période intensive du démantèlement des éléments moteurs de l’industrie. Il ne faut pas faire croire n’importe quoi non plus. Quand on aura dépassé la première phase de travail, il y aura beaucoup moins d’emplois sollicités. Au niveau des finances, nous aurons toujours des possibilités de taxations, notamment par rapport à la gestion des déchets, mais elles seront moindres. De quelle ampleur ? C’est difficile à dire à l’heure actuelle vu que les réglementations à ce sujet ne sont pas à jour. Nous bénéficierons toujours de revenus de compensations liés au démantèlement et à la gestion des déchets. Comment allez-vous surmonter cette double perte économique ? Nous avons mené un travail de réflexion pour trouver une nouvelle vocation à la ville. Nous sommes une des communes où il y a le plus de patrimoine au mètre carré. Nous avons donc décidé de miser sur le tourisme. Bien évidemment, le tourisme ne permettra pas de combler l’ensemble des pertes économiques. Nous misons également sur l’implantation et le développement de nouveaux parcs d’activités. À un moment donné, le bassin liégeois s’est retrouvé en difficulté par la fermeture progressive d’Arcelor. L’aide du fédéral a été nécessaire. De même dans notre cas, nous ne pouvons pas nous en sortir seuls, toute la microéconomie d’une région est concernée. Quels sont les gros projets entrepris ? Nous avons entrepris l’élargissement du port fluvial avec toutes les modifications de voiries que cela engendre. Nous misons sur le tourisme en mettant en avant notre patrimoine. Le téléphérique sera prochainement relancé. On est conscients du tournant à opérer. Mais il est certain que nous devrons adapter notre train de vie. Il faut trouver une multitude de solutions économiques. Depuis quelques années, nous constituons un bas de laine, qui est de l’ordre de 12 millions d’euros à l’heure actuelle.

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