Immersion, bi- ou multilinguisme: les langues motivent à l’école

Au rez-de-chaussée, cours de théâtre en français. Au premier étage, géographie en anglais. Au deuxième, sciences en néerlandais. Dans les couloirs de l’athénée royal Lucienne Tellier d’Anvaing (Frasnes-lez-Anvaing), les langues se mêlent joyeusement. Près de la moitié des 340 élèves de cet établissement sont en immersion linguistique. « Cette année, ils sont un peu moins en néerlandais et très nombreux en anglais, mais cela varie tous les ans », observe Catherine Chevalier, la directrice de cet établissement pionnier en la matière. Inaugurée dans les années 2000, la classe d’immersion en néerlandais fête ses vingt ans. « Et celle en anglais, ses dix ans », poursuit la dynamique directrice qui parcourt, sans cesser de raconter, les différents étages de ce grand établissement. Des décennies qui assurent un certain recul sur les parcours des élèves. « Si certains ont choisi l’interprétariat ou la traduction, tous ne s’orientent pas forcément vers les langues », observe-t-elle. « Kiné, mathématiques… Les retours sont éclectiques, toujours extrêmement positifs. » [scald=26409247:sdl_editor_representation] Passer le cap Les principaux cours sont en français. En immersion, l’histoire, la géographie et les sciences sont en néerlandais ou en anglais – en fonction de la langue choisie. Un cours supplémentaire vient renforcer l’apprentissage de cette même langue, « high level ». « On accueille tous les enfants, peu importe leur niveau », complète la directrice. « Pour les moins avancés, on précise que ce sera plus dur et qu’il faudra s’accrocher… Mais c’est comme pour toute transition : il faut passer le cap et une fois celui-ci franchi, ils sont heureux de l’avoir fait. » Charlotte et Noa, 18 et 17 ans, frère et sœur arrivés il y a trois ans pour suivre l’immersion en anglais en sont un bon exemple. « On parle néerlandais et français, à la maison, le premier avec ma mère, le deuxième avec mon père », explique Charlotte. « Mais l’anglais, c’était juste les films en VO. » Commencer sur le tard ? « Cela ne nous faisait pas peur », lance Noa. « La peur, en réalité… Elle est du côté des parents », glisse Catherine Chevalier. Isabelle, qui vient finaliser l’inscription de son fils Enzo en 1re secondaire immersion anglais, s’inquiète effectivement : « Il était en immersion néerlandais pendant toute sa primaire, là, il commence l’anglais… Je m’embrouille un peu quand je le fais réviser : expliquer le cycle de l’eau en flamand, ça, je n’étais pas vraiment préparée… » Mais si Enzo n’a pas de facilités à l’école, ce n’est pas lié à l’immersion. « Les difficultés scolaires restent les mêmes, immersion ou pas », avance Catherine Chevalier. « Les élèves qui en sortent peuvent avoir les mêmes soucis en français que ceux qui n’y étaient pas. Avec des avantages en plus : un vocabulaire plus riche, une plus grande curiosité et un sens du travail évident. » Des élèves déjà multilingues Dans la classe de Mme Werbrouck, ancienne élève de l’établissement revenue y enseigner le néerlandais, pas un mot de français. On rigole dans les rangs… mais toujours en flamand. « L’essentiel, c’est de comprendre en s’amusant », glisse la professeure entre deux questions de réflexion posées aux adolescents. « Le projet d’un tel établissement est de leur donner les clefs de compréhension. Comprendre, c’est encourager à jongler entre les langues. Il faut que la démarche les amuse… Sinon on bloque des jeunes, parfois pour la vie. Or, une langue, c’est un dialogue qui ne demande qu’à s’exprimer. Les écoles en immersion ne devraient pas être une exception. » Dans les rangs : Ouassim, 17 ans, en immersion néerlandais, parle arabe à la maison et français avec ses copains. A côté de lui, Shany parle chinois avec ses parents. Chez Laura, c’est l’espagnol… « Beaucoup des élèves sont déjà multilingues au quotidien et ça ne pose pas de problème », observe la directrice. « Ils sortent d’ici avec un bagage supplémentaire pour affronter la vie, avec une ouverture d’esprit et une sociabilité certaines. » [scald=26399099:sdl_editor_representation]

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