La chasse aux logements inoccupés est ouverte
Une méthodologie a fait ses preuves à Charleroi où au moins 2,7 % des habitations sont vides. D’autres communes, comme Namur et Seraing, vont être sondées.


Des maisons aux fenêtres murées. D’autres à l’état de ruines ou mises en vente depuis des lustres. Les logements inoccupés sont légion en Wallonie. Mais combien sont-ils ? Impossible à dire avec précision. « La Wallonie est pauvre en statistiques sur le sujet, concède Thibault Ceder, conseiller à l’Union des Villes et Communes de Wallonie (UCVW). Nous ne pouvons compter que sur le recensement effectué par les communes. Il n’y a aucune centralisation des données car il s’agit d’une compétence communale. Néanmoins, sur base de plusieurs études menées par divers organismes, nous estimons l’ampleur du phénomène entre 1,8 et 2,2 % du parc de logement. »
Une évaluation plus précise du fléau est cependant sur le point de voir le jour. Grâce à une méthodologie mise au point par le Centre d’Evaluation en Habitat Durable (CEHD), installé à Charleroi. « Il est vrai que le recensement n’est pas équivalent dans toutes les communes, commente Emilie Lemaire, chercheuse au CEHD. Il est généralement basé sur le visuel et ça a ses limites. » Le Centre a donc élaboré une nouvelle technique qu’il a testée à Charleroi. Avec un résultat étonnant et parlant.
« Nous avons recensé 10.853 logements présentant une vacance potentielle, poursuit la chercheuse. Pour arriver à ce constat, nous avons analysé la consommation annuelle d’eau (consommation minimale de 5 m3) et d’électricité (10 kWh) des habitations. Nous avons ensuite croisé les résultats. En conclusion, 11 % du parc de logements carolo était potentiellement inoccupé. » Un taux particulièrement élevé.
Vient alors la seconde étape, celle de la vérification et de l’affinement de la recherche. « Un logement peut révéler une très faible consommation pour diverses raisons, argumente Emilie Lemaire. Il peut appartenir à un routier qui est fréquemment absent ou à une personne âgée qui n’occupe qu’une petite partie de son logement. L’occupant peut aussi être hospitalisé pour une longue durée. Nous avons donc contacté le cadastre et recherché les propriétaires pour vérifier si ces logements étaient bien vides et pour comprendre les raisons de cette possible inoccupation. Concrètement, nous avons obtenu des réponses de la part de la moitié des propriétaires. Ce qui nous amène à la conclusion qu’au moins 2,7 % du parc de logement est réellement inoccupé. Comme nous pouvons légitimement penser que les propriétaires qui ne nous ont pas répondu ont leurs raisons, ce pourcentage peut être clairement revu à la hausse. » Pour peut-être atteindre 5 %, selon le CEHD.
La méthodologie semble donc efficace. A tel point que les villes de Namur et de Seraing se sont, elles aussi, porté candidates pour que leurs parcs immobiliers fassent l’objet d’une même enquête.
En 2003 déjà, la Région wallonne avait inscrit dans son Code du logement une mesure qui permet de faire appel aux opérateurs d’eau et d’énergie pour établir une liste de logements dont la consommation se situe sous le seuil minimal. Jusqu’à présent, le texte n’a pas été suivi d’arrêtés d’exécution. Peut-être l’enquête du CEHD va-t-elle relancer la procédure.
Une fois les logements inoccupés identifiés, c’est au bourgmestre d’entrer en action. « Au cours de la législature précédente, ses pouvoirs ont été renforcés dans le Code de démocratie locale, rappelle-t-on au cabinet de Paul Furlan, ministre des Pouvoirs locaux. Il peut notamment prendre un arrêté de police pour sécuriser la voie publique le long d’un immeuble menaçant ruine. Ca peut aller jusqu’à ordonner la destruction d’un immeuble si la sécurité de la population est mise à mal. » Sans avoir à en arriver jusque-là, pour convaincre les propriétaires de rénover ou de réaffecter leurs biens, les communes ont en général instauré dans leur arsenal réglementaire une taxe sur les immeubles inoccupés. Elle est parfois dissuasive. Ou pas…
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