Les hôpitaux hainuyers en mutation

Le choc est frontal. La nouvelle zone des urgences du centre hospitalier de Wallonie picarde (Chwapi) n’est pas encore opérationnelle sur le site Union – elle le sera le 23 avril prochain – que déjà le changement est largement perceptible. On est loin des simples rideaux pour séparer les patients hurlants ou encore de la salle d’attente aménagée dans un couloir de passage entre les courants d’air. Dès le printemps, les Tournaisiens auront droit à un accueil d’urgence digne de ce nom avec pas moins de trois couloirs de répartition séparés et agrémentés chacun d’une dizaine de box de consultation uniques : un pour la pédiatrie, un pour les adultes ambulants et un autre pour les patients plus lourdement atteints et couchés. Une nouvelle ère à l’image du nouvel hôpital construit à l’arrière de l’actuel « site Union », ex-hôpital civil. L’épilogue d’un projet qui aura mis plus de dix ans à se concrétiser et qui a débuté par la fusion des équipes médicales et paramédicales des quatre hôpitaux tournaisiens. Trois des quatre infrastructures subsisteront, mais le site Union sera le centre névralgique de l’activité hospitalière puisque les nouveaux bâtiments accueilleront le pôle « mère-enfant », les urgences, un important pôle médico-technique et quelques unités de soins. Des le 25 avril prochain, les quelque 50.000 m2 d’espaces construits et rénovés seront pleinement opérationnels. Pour y parvenir, des déménagements d’une ampleur sans précédent s’opéreront entre le 18 et le 25 avril, au sein de l’institution de soins. Une véritable réaction en chaîne se prépare en effet, puisque cet emménagement sur le site Union façonnera, sur les trois autres sites également (Dorcas, IMC et Notre-Dame), une réaffectation des services. Fixée le vendredi 22 avril prochain, la fermeture du site Dorcas constituera la première étape du processus de reconfiguration des activités du Chwapi. Les activités de ce site seront transférées vers les sites Notre-Dame et Union. Le lundi 25 avril, le site Union accueillera d’importantes activités provenant du site Notre-Dame, parmi lesquelles le pôle « mère-enfant » (gynécologie-obstétrique, clinique du sein, pédiatrie, PMA, néonatalogie…) et les urgences, alors totalement et définitivement rassemblées sur le site Union. « Si ces aménagements améliorent considérablement le confort du patient, ils amèneront aussi des changements importants dans la configuration des activités, explique le docteur Jean-Claude Vandewalle, le directeur médical du Chwapi. Ainsi, le site Notre-Dame sera dorénavant consacré aux pathologies médicales et chirurgicales dont l’hospitalisation est programmée. À quelques exceptions près, le site IMC gardera sa physionomie globale, même s’il évoluera, dans quelques années, vers un site consacré aux unités de réadaptation. Ces deux sites continueront à être rénovés de façon à offrir une infrastructure et un confort optimaux aux patients. » Commencé en 2009, la construction des nouvelles ailes de l’hôpital Union a coûté 166 millions d’euros financés à 90 % par le Chwapi. À noter que l’entrée principale du nouvel hôpital se situe à l’arrière du bâtiment actuel, soit à la rue des Sports. Pour les Tournaisiens, une page se tourne avec la fermeture de la maternité du site Notre-Dame. C’est en effet le 25 avril que le nouveau pôle « mère-enfant » accueillera son tout premier nouveau-né. À Charleroi c’est déconstruction et construction En région de Charleroi Sud-Hainaut, c’est un projet de déconstruction et un autre de construction qui mobilisent l’attention. 1 Une déconstruction, celle de l’ancien hôpital civil, le « Rayon de Soleil », un hôpital général fermé en 1985 à Montigny-le-Tilleul, est promis à disparaître du paysage. Trois ans après le transfert des activités au CHU Vésale édifié à l’arrière, un investisseur italien se manifeste pour le racheter au prix de 5 millions d’euros, en vue d’en faire le « Palais de l’Europe », un centre d’affaires avec hôtel de luxe. Très vite, cette sulfureuse transaction tourne à l’escroquerie, la vente mettra vingt ans à être annulée. Mais l’ISPPC attend toujours de récupérer la pleine propriété de son bien, ce que doit lui notifier un arrêt de la cour d’appel attendu d’un jour à l’autre depuis novembre. Impossible à reconvertir en raison de sa non-conformité aux normes d’hygiène, de sécurité et de confort, le « Rayon de Soleil » est condamné à la démolition. « La décision a été prise à l’unanimité, elle sera mise en œuvre rapidement », indique le président de l’Intercommunale de santé publique du Pays de Charleroi (ISPPC) Nicolas Tzanetatos (MR). Héritage encombrant de la mal-gouvernance socialiste des années 80, le bâtiment de neuf étages doit laisser place à une nouvelle maison de repos ou à une résidence service, dans un parc paysager. Un élément sera préservé : c’est la rotonde où se trouve l’auditoire Decooman d’une capacité de 600 à 800 places. « Si une rénovation partielle a déjà été effectuée, elle va se poursuivre avec la construction d’un nouveau quartier opératoire. Le site du CHU Vésale est au cœur de notre plan d’investissement 2016-2018 : modernisation de deux unités de soins chaque année, reconditionnement des urgences et du quartier d’accouchement, rénovation des soins intensifs, construction d’un troisième bunker de radiothérapie et surtout, du bloc opératoire : les travaux prévus vont consommer près de la moitié de l’enveloppe de 50 millions que nous avons budgétée. » 2 Une construction, dans le secteur privé cette fois, est celle du futur Grand hôpital de Charleroi (GHdC). Qui est entrée ce jeudi dans le concret : « Pour préserver la biodiversité de ce site partiellement reconnu de grand intérêt biologique (SGIB), la première phase de travaux vise à installer une barrière à amphibiens », explique le chef de projet David Van Drooghenbroek. Il faut savoir que le domaine abrite des populations d’espèces et des biotopes rares ou menacés, comme le crapaud calamite. Véritables noyaux de diversité biologique, ces sites sont indispensables pour organiser l’ossature du réseau écologique et pour établir les bases d’une politique volontariste de conservation de la nature. La volonté est de préserver la qualité de l’environnement aux portes du futur complexe hospitalier d’une superficie de 135.000 mètres carrés, au croisement du R3 et de la RN90. Les bâtiments et les parkings seront construits à l’est, sur 7 hectares. La création d’une barrière à amphibiens vise à les diriger, à terme, vers la partie ouest, où un parc paysager de 10 hectares sera aménagé. Durée de l’exécution : 5 ans, de 2017 à 2022. Ailleurs en Hainaut, des changements notables La deuxième phase des travaux de l’hôpital de Soignies a démarré en décembre 2011 avec, dans un premier temps, la construction de deux étages supplémentaires pour une unité de médecine et deux unités de gériatrie et, dans un deuxième temps, la rénovation du premier bâtiment datant des années 50 où se trouvent aujourd’hui la dialyse, l’emplacement pour la RMN, l’hôpital de jour chirurgical, l’hôpital de semaine et la maternité. [scald=575374:sdl_editor_representation] Ces dernières années, plus de 150 millions d’euros ont été investis dans la rénovation du CHU Ambroise Paré à Mons. Après un reconditionnement complet, le 4e étage de l’hôpital est dédié à la maternité. Le prochain chantier est en cours avec la construction de l’aile F qui devra accueillir en 2017 le Centre montois d’orthopédie, tout premier centre spécialisé en Belgique francophone. Deux ans après la construction d’une nouvelle aile, la clinique Jolimont à La Louvière s’attaque à la modernisation complète de sa maternité, avec intégration de la néonatalogie. En 2017, l’entrée de l’hôpital et le hall d’accueil seront modernisés. Il s’agira d’une refonte en profondeur. « Une réflexion est en cours sur la question de la reconstruction, mais rien n’est encore abouti », explique la porte-parole de la clinique.

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