Svetlana Aleksievitch, autrice de «Tchernobyl»: «La série a le mérite d’avoir réveillé la conscience environnementale»
La Biélorusse Svetlana Aleksievitch, Nobel de littérature, est l’auteure du livre sur Tchernobyl qui a inspiré la série attendue le 29 juillet sur Be tv. « L’environnement est la guerre du futur. Et personne n’y échappera, nulle part », affirme-t-elle.
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Svetlana Aleksievitch a visité Tchernobyl pour la première fois quatre mois après la catastrophe nucléaire d’avril 1986. « Tout semblait comme avant, mais ça ne l’était pas : on ne pouvait rien toucher, on ne pouvait ni se baigner ni cueillir des fleurs. J’ai tout de suite compris que le monde était en train de changer. » Dans le silence général, la journaliste et auteure biélorusse, Prix Nobel de littérature en 2015, a recueilli les voix des protagonistes de cette tragédie dévastatrice : la peur des mères des ouvriers de la centrale et la souffrance des soldats chargés d’assainir le territoire.

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C'est une série tout à fait remarquable. Il y a plusieurs niveaux de lecture à cette histoire. Il y a aussi plusieurs strates, dont la moindre n'est pas celle de la restitution de cette fameuse "verticale du mensonge", comme la définit Aleksievitch, ou encore la fuite de la réalité dans la vodka. Les gens de ma génération ont encore pu les expérimenter "in concreto", notamment et en particulier justement à l'occasion de l'accident de Tchernobyl. Il suffi de relire la "Pravda" de l'époque. Il y a aussi cette métaphore, ce parallèle entre la catastrophe et la destinée de l'URSS. Si on ne le savait pas déjà, on en viendrait presque à se demander comment le régime soviétique a pu tenir aussi longtemps, dans ces circonstances. L'effet rassembleur de la "grande guerre patriotique" a sans doute octroyé un sursis au régime, au moins jusqu'à la mort de Staline, en 1953, malgré les excès et les turpitudes du stalinisme. La quatrième tentative de la population de se débarrasser du joug soviétique, en 1989, sera finalement la bonne. Sans doute aussi grâce au révélateur qu'a été Tchernobyl. Le moindre mérite de cette histoire, à cet égard, n'est d'ailleurs pas de rappeler, ni de rendre visibles et compréhensibles les conditions de vie de l’époque et les conséquences sur la vie de tous les jours de cet "habitus", mais de souligner que, après 1989, en dépit du changement de régime, rien n'a changé, au fond. Ce qu'est venu démontrer par l'absurde la réaction des autorités russes lors de l'affaire du Koursk. Les mêmes errements ont conduit aux mêmes conséquences. Du coup, on comprend beaucoup mieux l'absence de décollage économique structurel de la Russie actuelle et la frustration née de la comparaison avec la "grandeur" perçue de l'URSS de la "meilleure époque", ainsi que le "à quoi bon?". Le handicap est en effet d'ordre culturel. La parenthèse libérale, au début des années 90, a été galvaudée. Elle a surtout été bien trop courte, notamment pour rompre avec la culture des (mauvaises) habitudes acquises au cours des 70 années de régime soviétique. On en viendrait d'ailleurs presque à avoir pitié de Poutine, dont on sent viscéralement que les jours à la tête de la Russie sont comptés depuis sa dérive autoritaire, pour exactement les mêmes raisons que celles qui ont conduit à la chute du communisme. La perpétuation de la "verticale du mensonge". Et ce même s'il devait lui prendre soudainement de se distancier miraculeusement de l'héritage soviétique pour enfin repartir sur des bases "modernes" solides, avec notamment une société démocratique et responsable, et un État de droit non soumis aux "oukases". À cet égard, la comparaison favorable à l'Ukraine tient la route. Sinon, on est bien aujourd'hui dans un tout autre monde, celui de l'excès d'information et celui de la désinformation par les fake news, où on n'arrive plus à distinguer la vérité. La dimension environnementale est aussi une donnée qui n'est pas comprise par Poutine et ses semblables, malgré ses traits idéologiques caractéristiques et sa vocation au totalitarisme qui sont communs. Mais les similitudes s'arrêtent là. Et la catastrophe de Tchernobyl n'a rien à voir avec l'accident de Fukushima. Déjà par son emprise territoriale et par le seul décompte du nombre de tués dus à la radioactivité. Tchernobyl est une catastrophe hors-norme à tous points de vue, une catastrophe nucléaire due à l'incompétence et à la bêtise humaines. Fukushima est avant tout un tremblement de terre et un tsunami sur lesquels vient se greffer un accident nucléaire. Les deux événements sont salutaires, notamment à cause des différences dans leur origine et dans leurs conséquences. Fukushima permet d'avancer, d'aller de l'avant. Tchernobyl, par contre, pose encore aujourd'hui des questions toujours d'actualité quant à la gouvernance appropriée. Enfin, les considérations relatives à la pérennité de l'espèce humaine en liaison avec le réchauffement climatique et l'environnement sont pertinentes, mais elles omettent encore une fois le principal: il faut mettre tous les moyens à protéger et à adapter les populations à la nouvelle donne climatique, càd à s'acclimater. Il y a en effet un décalage évident entre l'effet à terme éventuel de toute intervention humaine sur le climat (gare aux apprenti-sorciers!) et les conséquences ici et maintenant du réchauffement climatique. Ca, ce n'est pas de l'idéologie, c'est une question de survie ...
Autrice... Bobo land au soir
"... Tchernobyl , la série la mieux notée de tous les temps qui contrarie les russes…" C'était le but du jeu. Si nous voulons un jour nous approprier les immenses territoires de la Russie, qui ne l'oublions pas, fait le double de la superficie des Etats-Unis pour la moitié de la population américaine, nous ne devons laisser passer aucune occasion de détruire l'image des russes auprès de la population mondiale.
Eh bien, il n’y a pas photo ! Entre le titre, qui déchire les oreilles, « autrice de Tchernobyl » et le contenu qui écrit un « auteure de Tchernobyl » caressant à l’oreille, il ne faut pas longtemps pour dénoncer la pratique absurde du Soir d’écrire systématiquement le barbarisme « autrice ».