«Toujours debout», Renaud rassure

Renaud revient. Comme Polnareff. Si l’Amiral l’a devancé avec le faiblard «L’homme en rouge», on ne sait toujours pas lequel des deux publiera en premier son nouvel album. Tous les deux parlent du printemps. Polnareff a une petite longueur d’avance puisque les dates de tournée sont déjà connues. Pour la Belgique, à ce jour, ce ne sera que les Francofolies de Spa. Renaud aussi annonce une tournée en 2016. Ce qui nous fait plaisir même si la qualité de « Toujours debout » ne suffit pas à effacer le dernier (mauvais) souvenir laissé par l’artiste sur une scène belge (aux Francofolies de Spa de 2007). [scald=610498:sdl_editor_representation] On verra si la voix retrouvée sur « Toujours debout » tiendra le temps de deux heures de concert. Avec cette chanson révélée dans la nuit de lundi à mardi, Renaud, cette fois, s’adresse à tous ses fans inquiets et les rassure d’emblée avec une voix autrement plus convaincante que dans « Ta batterie », la chanson offerte l’an dernier à Grand Corps Malade, où il s’adressait – la gorge complètement encombrée d’un râle moribond – à son fils Malone. Ici, la voix est claire, elle efface toutes ces années de silence et les quelques bribes d’interview radiophoniques guère rassurantes. Renaud a donc retrouvé sa voix, mais aussi sa hargne : « Ils m’ont cru disparu, on me croit oublié. Dites à ces trous du cul qu’j’continue d’chanter (…) Je fais plus de télés, j’ai même pas internet, arrêtez de parler aux radios, aux gazettes. » Renaud sort ses griffes pour éreinter ses habituels détracteurs, mais tient surtout à rassurer : « J’suis retapé, remis sur pied, droit sur mes guibolles, ressuscité. Ils m’ont cru disparu, on me croit oublié. Dites à ces trous du cul, qu’j’continue d’chanter. (…) Que celui qui n’a jamais titubé me jette la première bière. » C’est du pur Renaud dans le texte. Et c’est bien pour ça – et sa personnalité – qu’on l’aime, plus que pour ses qualités de chanteur. C’est vrai que c’est un véritable miracle qui a été réalisé ces derniers mois au studio I.C.P. d’Ixelles. On ne sait pas ce qu’il en restera en live, dans quelle mesure les sorciers du studio ont réussi à « embellir » la voix du Séchan. Ce dernier, en tout cas, fait un gros effort pour revenir. Il a arrêté de boire à l’automne dernier, il fume moins, il a soigné son gosier abîmé par la cigarette et l’alcool. Sa dernière apparition «chantée», place de la République, suite aux attentats de novembre, était pourtant loin d’être concluante. On peut donc parler de miracle, que ce soit de la nature ou de la technologie de studio. On verra ça sur scène. Épaulé, notamment, par son gendre Renan Luce, qui s’est chargé d’une partie des musiques (Renaud n’en a écrit aucune !), le chanteur à la chetron sauvage renoue avec son style sur une musique volontaire, presque joyeuse. «Trop content de vous retrouver, je veux continuer nom de nom, continuer à écrire et à chanter. Chanter pour tous les sauvageons», poursuit celui qui, en toute modestie (hum), estime que l’album est un chef-d’œuvre, son meilleur depuis Mistral gagnant. (1985). On sait aussi qu’une chanson du nouvel album rendra hommage à ses amis de Charlie Hebdo. Si on ne tient pas compte de Molly Malone et ses ballades irlandaises en 2009, cela fait juste dix ans que Renaud, qui aura 64 ans en mai prochain, n’a plus publié un disque entièrement composé de nouvelles chansons (Rouge sang). L’alcool n’en est pas la seule raison, mais bien davantage la dépression contre laquelle il se bat depuis très longtemps, et le manque d’inspiration (l’un allant avec l’autre). Il n’est pas le seul parmi les grands (n’est-ce pas mister Goldman !) à souffrir de ce mal : le manque d’idées, le manque d’énergie, d’envie d’avoir envie. Le public, qui le réclame à cor et à cri, sa bande de collègues (deux albums qui ont cartonné), ses amis Grand Corps Malade et Renan Luce et enfin l’actualité ont momentanément chassé les nuages et redonné goût à la vie à l’artiste très fragile. On attendra l’album pour juger. Mais si l’attente est si importante, le bonheur des fans si palpable, c’est aussi et surtout parce que sa grande gueule rebelle et provoc nous a manqué. On va enfin pouvoir entendre autre chose que Kendji Girac ou M-Pokora. Bref, Renaud va bien, Renaud a la niaque, Renaud a retrouvé sa verve et sa voix. Que de bonnes nouvelles en somme ! Son paradis perdu Le journaliste français Erwan L’Eléouet (par ailleurs rédac chef de l’émission « Un jour, un destin » sur France 2) n’a pas attendu le retour de Renaud pour publier, l’an dernier, une nouvelle bio du chanteur. Ce livre n’est pas le premier – et sans doute pas le dernier – qui remonte le temps pour essayer de comprendre l’animal. Il ne nous apprend donc rien quand il dresse le portrait d’un homme marqué dès l’enfance par des blessures et surtout une profonde timidité qui en feront toute sa vie un être fragile. Les premières années des cafés-concerts, ses amitiés avec Coluche et Desproges, sa passion pour la voile, son succès, ses coups de gueule, son soutien à Mitterrand, ses amours et enfin sa plongée dans la dépression… On retrouve tout cela avec plaisir. Seule réelle nouveauté : le témoignage inédit de David, le frère jumeau de Renaud, autrement plus délicat que Thierry, l’autre frère qui n’en rate pas une pour énerver le chanteur, et les confidences de Dominique, l’ex-femme de Renaud, la mère de Lolita. Même s’il est bienveillant, le livre aura le don d’ennuyer Renaud, qui a horreur qu’on parle en son nom et n’a donc pas participé à cet ouvrage. [scald=610497:sdl_editor_representation]

Votre compte

«Toujours debout», Renaud rassure

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Musiques

«Personne ne veut la fermeture du Fuse»

Après le ventre, Feed the Culture soigne la tête des artistes

The Killers et Florence and the Machine rejoignent l’affiche du Pukkelpop

Damso annonce la fin… avant la suite

Pourquoi les femmes sont sous-représentées dans le paysage musical

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Le nucléaire n’en finit plus de jouer les prolongations en Belgique

D1A: Anderlecht décroche une précieuse victoire sur la pelouse d'Ostende

Qatargate: Niccolo Figa-Talamanca est libéré par le juge Claise

Guerre en Ukraine: Zelensky presse les Européens d’agir plus vite, plus fort

Un ballon espion chinois survole les Etats-Unis, le scandale diplomatique gonfle

Attaque au couteau à Schuman: la détention préventive du suspect est prolongée

30 années au service d’une passion : le métier d’infirmière

Des soins intensifs polyvalents et à la pointe des technologies

L’indemnité vélo pour tous les travailleurs belges dès le mois de mai

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel