Les patrons seraient davantage aux petits soins pour leurs employés

En novembre dernier, les chiffres de l’INAMI mettaient en avant cette réalité préoccupante : le nombre des congés de maladie à long terme a doublé en 10 ans, en raison du stress et de mauvaises conditions de travail. Ce problème, les employeurs ont voulu le comprendre et y remédier, assure le Syndicat neutre pour indépendants (SNI). Dans une enquête qu’il vient de publier, celui-ci fait ressortir les diverses mesures prises par les patrons pour diminuer le malaise de certains employés. Les chiffres du SNI, basés sur 568 répondants, montrent que 94 % des PME (d’environ 30 à 40 salariés) mettent à disposition des sièges adaptés et ergonomiques pour prévenir les maux de dos, à la demande des employés. 17 % offrent des fruits et 8 % donnent la possibilité de pratiquer du sport, avant ou après le boulot et même pendant les pauses, par exemple en installant des tables de ping-pong dans les locaux. Des entreprises organisent également des activités sportives collectives, telles que du cyclisme ou de la course à pied. Autre initiative bénéfique pour la santé : fournir des vélos d’entreprises, ce que pratiquent 4 % de PME, contre 1 % il y a 2 ans. Question de santé et, surtout, d’économie « Les vélos deviennent de plus en plus populaires. En général, les PME recrutent près de chez eux. Certaines privilégient alors le vélo plutôt que la voiture d’entreprise », explique Sven Nouten, porte-parole du SNI. Il s’agirait donc d’une préoccupation non seulement de santé mais aussi d’économie. Des philanthropes, les patrons ? Pas si vite… Meilleure est la forme d’un employé, meilleure est sa productivité. Autre bénéfice : moins de congé de maladie, dans un contexte où les entreprises travaillent avec des équipes resserrées et recourent moins au remplacement. « Vu le coût des salaires, nous ne pouvons pas réduire les horaires. Alors, nous améliorons les conditions de travail, même si ça ne résout pas tout », commente Sven Nouten. Manquement au niveau du droit du travail Reste à voir si ces petites mesures s’avèrent réellement efficaces et suffisantes. « A priori, le concept est vraiment positif, estime Tony Demonté, secrétaire général adjoint de la CNE. Mais il est clair que des fruits et des tables de ping-pong ne peuvent pas remplacer des dispositions légales, particulièrement les heures complémentaires non rémunérées. Certaines de ces entreprises pratiquent un management sympathique, que l’on peut qualifier de “paternalisme moderne”. Mais, en échange, les attentes envers les employés sont démultipliées. C’est la preuve d’un manquement au niveau du droit du travail. La solution n’appartient pas au SNI. C’est un problème sociétal, qui doit être pris en considération par nos politiques ». Par ailleurs, le syndicat chrétien, qui met en doute la représentativité de l’enquête du Syndicat neutre pour indépendants, dénonce « le cynisme du SNI, visible dans ses explications concernant l’intérêt à long terme de ces mesures pour les PME. Il est clair que ce n’est pas des employeurs que vient le bien-être de l’employé mais bien de la présence de représentation syndicale au sein de l’entreprise ». On le voit : en matière de bien-être au travail, il y a encore du chemin à parcourir pour que les visions patronales et syndicales se rejoignent…

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