Dans les rues de Coxyde, les 300 demandeurs d’asile sont invisibles

Centre Fedasil de Coxyde. Malgré les remous provoqués par la prétendue agression d’une jeune fille de la commune par un demandeur d’asile, à la piscine, le calme règne parmi les 300 résidents. « Ils sont vraiment charmants, relate un agent de sécurité à l’entrée. Certains sortent parfois faire un tour en ville, d’autres ne bougent pas. Ils sont tous très calmes et ne posent pas le moindre problème. » [scald=611178:sdl_editor_representation] Derrière le comptoir de sa station-essence voisine de l’aile de la caserne qui accueille les demandeurs d’asile, Rita ne dit rien d’autre. « Ils viennent souvent chez moi pour faire de petits achats : des cigarettes, des chips, des barres chocolatées ou des softs. Des choses dont ils ne disposent pas là-bas. Des petits plaisirs. On s’échange quelques mots en anglais, en français ou avec les mains. C’est parfois le plus simple. Ce sont uniquement des hommes de 30-40 ans. Il n’y a ni femmes ni enfants. Jamais ils ne m’ont posé le moindre problème. » L’attitude du bourgmestre qui a voulu, en vain, interdire l’accès de la piscine aux réfugiés après la fausse agression ? « Je pense qu’il se montre sévère parce qu’il a peur que la population attrape peur. Il veut montrer qu’il nous protège. » Mais de quoi ? Dans les rues très calme du centre de Coxyde, à quelques centaines de mètres du centre Fedasil, pas un demandeur d’asile. « On ne les voit jamais, confirme le boucher. Quand ils se rendent à la plage, ils passent mais sans s’arrêter. » Avant d’ajouter lourdement : « De toute façon, ils ne viendront pas chez moi puisque je vends du porc… » [scald=611088:sdl_editor_representation] Sur le pas de sa porte, la mise en plis grise bien en place, Mariette témoigne d’un peu plus de compassion. « Ces gens ont besoin d’être aidés. Je les vois parfois lorsqu’ils viennent prendre le bus devant chez moi. Certains disent bonjour, d’autres pas. Non pas qu’ils soient impolis mais on sent qu’ils sont timides ou gênés. Je ne comprends pas que le ministre en charge de l’Asile, Théo Francken, ait quand même voulu placer le prétendu agresseur de la piscine dans un centre fermé pour l’expulser alors que le procureur a pu établir qu’il n’avait rien fait. » Des photos prises à la piscine « Je pense que Francken a voulu calmer Coxyde, commente sur la digue Marcel, un pensionné né dans la commune. Il a voulu que cet homme serve d’exemple mais sans jamais avoir l’intention de l’expulser. Mais il y est allé trop fort. Il existe d’autres méthodes pour aider ces gens à s’intégrer. Ils ne connaissent pas nos us et coutumes. Je fréquente la piscine et je vois comment ils agissent. Ils ne savent pas nager et viennent au bord de l’eau avec leurs GSM pour faire des photos. Ça met mal à l’aise, ça ne se fait pas. Et comme ils sont souvent en groupe, ça crée un malaise. Le problème, c’est qu’ils ne sont jamais accompagnés d’un maître-nageur. Ils ne savent donc pas comment se comporter. Il suffirait pourtant de leur expliquer… » [scald=611177:sdl_editor_representation] Ce que n’est pas forcément prête à faire Maggy, originaire de Charleroi et vivant à Coxyde depuis 20 ans. « Je les vois souvent en groupe quand je vais faire mes courses au Lidl, dit-elle. A leur attitude, on voit qu’ils essaient de chaparder de la marchandise. Ça crée un sentiment d’insécurité. Néanmoins, je crois que tout ça est dû à la peur de l’autre, au fait qu’on ne connaisse pas leur culture. Pour ça, je trouve le bourgmestre très sectaire. » Au fil des heures passées à Coxyde, près du Lidl ou ailleurs, toujours pas un demandeur d’asile à l’horizon. « Quand j’ai appris par la presse qu’un centre avait été ouvert pour en accueillir, j’ai commencé à les chercher dans les rues, commente Emmanuel. Mais je n’en ai toujours pas vu… »

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