Charles Michel craint que Calais déborde en Belgique

La lettre a été envoyée il y a une quinzaine de jours, mais elle est sortie de l’ombre hier, après une question posée en commission parlementaire. Charles Michel a adressé un courrier à Manuel Valls, son homologue français, pour lui partager ses inquiétudes concernant la situation dans les camps de migrants de Calais et de Grande-Synthe (au sud de Dunkerque). Le Premier ministre belge est même allé plus loin : il a demandé à la France de prendre des mesures concernant ces deux camps. Les « jungles » de Calais et de Grande-Synthe sont, pour rappel, les deux terrains en bord de Manche où des milliers de migrants se sont installés, tant bien que mal, pour avoir un point de chute entre leurs différentes tentatives de départ vers le Royaume-Uni. [scald=612527:sdl_editor_representation] Manuel Valls n’a pas encore répondu, mais il sera à Bruxelles lundi, avec d’autres ministres français, pour une réunion bilatérale sur la menace terroriste. Charles Michel aura donc normalement sa réponse lundi, puisque le dossier « Calais » est à l’ordre du jour. « La contagion » a déjà commencé Si la situation à Calais et à Dunkerque préoccupe tellement Charles Michel, c’est parce que le risque existe que la crise migratoire déborde en Belgique. (Par crise migratoire, on ne parle pas ici des personnes qui ont demandé l’asile en France ou en Belgique, mais de celles qui comptent demander l’asile au Royaume-Uni et qui, en attendant d’avoir réussi la traversée de la Manche, sont en situation irrégulière sur le sol français ou belge.) Mais la « contagion » tant redoutée a déjà commencé… Avec la fermeture quasi hermétique de Calais, les migrants se sont en partie déplacés à Grande-Synthe, plus au nord et à côté du port de Dunkerque. Depuis peu, ils tentent aussi la traversée depuis certains ports belges – sans jusqu’à présent avoir planté de tentes en Belgique. « Les migrants partent de France et prennent les transports en commun jusqu’à La Panne. Ils prennent ensuite le tram jusque Zeebruges. Ils essayent alors de monter à l’arrière des camions, en se glissant sous les bâches. Lorsque cela ne marche pas, ils reprennent les transports en commun jusqu’à Furnes, où les camions sont garés le long de l’autoroute. Une boucle a été créée… », indiquait hier dans le Morgen Carl Decaluwé (CD&V), le gouverneur de la province de Flandre-Occidentale. [scald=612528:sdl_editor_representation] La police chargée de la surveillance du port de Zeebruges expliquait pour sa part à La Libre Belgique qu’en ce moment, elle arrête quotidiennement des migrants lors de contrôles d’identités. Depuis le mois de décembre, environ 700 migrants ont été arrêtés autour du port. Après avoir été arrêtés, ils sont obligés de s’enregistrer à l’Office des étrangers, ce qui leur laisse deux options : introduire une demande d’asile ou quitter le territoire belge. Le gouvernement fédéral appelé à l’aide Les bourgmestres de la côte sont bien conscients de cette « contagion ». Ils ont déjà demandé de l’aide au gouvernement fédéral : mi-janvier, ils ont adressé un courrier à Jan Jambon, ministre de l’Intérieur, et à Theo Francken, secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, pour demander des renforts policiers – qui arriveront le plus vite possible, signale-t-on au cabinet Jambon. La lettre de Charles Michel prouve maintenant que les bourgmestres du nord du pays ne sont plus les seuls à s’inquiéter de la situation. Une source proche du dossier explique qu’il y a effectivement des « répercussions très claires de Calais et Grande-Synthe sur notre territoire », et que la Belgique « ne va pas rester les bras ballants ». Cette source poursuit : « On sait que le gouvernement français laisse les choses en l’état à Calais. On accuse les conséquences de cette non-gestion. On demande donc à la France de gérer cette crise sur son territoire. Il n’y a pas d’ingérence ; on ne dit pas ce que la France doit faire. Il ne s’agit pas non plus de fermer la frontière. Et si la France demande de l’aide, peut-être qu’on l’aidera. » [scald=612529:sdl_editor_representation] La rencontre lundi entre les Premiers ministres français et belge permettra peut-être d’affiner ce dernier point. Jeudi, une autre discussion clef est prévue pour Charles Michel, sur le dossier « Calais » : il verra David Cameron à Londres. Le Premier ministre britannique est fermement opposé à l’ouverture des portes du Royaume-Uni aux milliers de migrants qui patientent à Calais, à Dunkerque, et peut-être bientôt à Zeebruges…

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