Sa succession: «Mehdi à la présidence? Encore faut-il qu’il le veuille!»

Les liens qui ont fini par se tisser avec Mehdi Bayat et Bart Verhaeghe, les deux hommes qui vous ont porté jusqu’au fauteuil présidentiel, ce fut en quelque sorte la chance de votre vie ? La chance de la Fédération, plus que la mienne. En ce qui me concerne, ça m’a juste permis d’aller jusqu’au bout de ma démarche. Vous savez ce que je pense du champagne, des petits fours et des discours. Le protocole m’a royalement emmerdé, je peux le dire maintenant, et en ces termes. Mais le cérémonial faisait partie de ma tâche et je m’en suis acquitté du mieux de ce que j’ai pu. De leur côté, on peut critiquer Verhaeghe et Bayat tant qu’on veut, mais ils ont apporté énormément de choses chacun à leur niveau. Bart est un bulldozer qui a défriché le terrain et délimité les grands projets : on lui a souvent intenté un mauvais procès pour son caractère alors que c’est juste un soupe-au-lait qu’il faut laisser retomber avant de réaborder le lendemain pour lui faire admettre votre point de vue. On l’a souvent diabolisé à tort alors que son bilan plaide pour lui. Mehdi, lui, est plus fin. C’est un formidable médiateur. Je n’ai jamais réussi à imposer la réduction des primes des Diables, de même que Bart. Mehdi y est parvenu avec son sens de la conciliation même si je peux lui reprocher sa trop grande gentillesse, voire une certaine naïveté, par moments. Vous êtes en pleine campagne électorale, là. Encore faut-il que Mehdi se présente. Vous le lui avez soufflé dans l’oreille, selon nos informations. C’est exact, oui. Et je vais vous l’avouer : un peu par égoïsme. J’aurais aimé que Bart Verhaeghe ne quitte pas le giron de la Fédération… … il est parti avant qu’un putsch des parlementaires flamands ne l’écarte de la vice-présidence. C’est ce qui se dit, en effet, et sans doute un scénario plausible. Mais permettez-moi de poursuivre. La candidature de Mehdi, pour autant qu’il la confirme d’ici samedi midi ce qui est loin d’être sûr, assurerait la continuité de mon action de gestionnaire. Et donc, oui, ça me parle. Le fait que son frère soit inquiété dans le cadre du Footbelgate ne vous dérange pas ? Je dissocie à la fois les frères et ce qui est reproché à Mogi Bayat, qui n’a rien à voir avec du match-fixing ou de la corruption d’arbitre. Les instances du foot n’ont aucun droit de regard sur la situation fiscale personnelle de quelqu’un qui gravite dans le milieu du football. C’est à l’État qu’il doit rendre des comptes, pas à la Fédération. Ou alors il faut changer de règlement. Quant à la relation Mehdi-Mogi, j’en réfère à des situations comparables en politique : un élu n’est pas responsable des actes d’un proche. Il n’est amené à faire un pas de côté que s’il est lui-même inquiété par la justice. Si des perquisitions avaient eu lieu au Mambourg, votre regard aurait-il été différent sur la candidature éventuelle de Mehdi Bayat ? La question ne se pose pas puisque ni Charleroi ni Mehdi au nom de ses liens familiaux avec son frère n’ont été mis sur la sellette une seule seconde. Son apparentement linguistique francophone doit aussi vous plaire, non ? D’abord, je suis loin d’être un wallingant comme certains de vos confrères néerlandophones ont peut-être été tentés de m’en faire le procès. Mais je constate comme vous que la voix des Francophones a tendance à se perdre dans les arcanes de la Fédération. On ne peut pas aller plus loin en termes de déséquilibre linguistique, à tous les niveaux de pouvoir, j’ai toujours été clair sur le sujet. Je m’étonne d’ailleurs de la candidature de Gilbert Timmermans : un homme qui n’a eu de cesse de prôner la scission définitive de la Fédération et qui aujourd’hui postule à en diriger l’instance faîtière. Aidez-moi à comprendre, s’il vous plaît… Un premier président issu du sérail professionnel ne doit pas inquiéter la base de la pyramide ? Non. Ce sont des combats d’arrière-garde, tout ça. Dans la réforme du championnat ou celle des divisions, mais aussi dans la redistribution des droits TV, les professionnels et Mehdi Bayat en premier, ont démontré qu’ils avaient compris toute l’utilité du foot amateur. La Pro League est bien chez elle et la Fédération l’est tout autant de son côté. La fonction présidentielle ne sera précisément plus que protocolaire, ce qui me fait dire que si les professionnels étaient mal intentionnés, ils pourraient peser sur le Conseil d’administration pour arriver à leurs fins. Cela aurait pu être le cas depuis longtemps et cela n’est jamais arrivé. Je ne renie pas mes racines du foot amateur en disant cela, mais il faut aussi arrêter de diaboliser les pros.

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