Ces 5 Belges ont participé à la CAN: voic leurs souvenirs

Jean Thissen (1994 - Gabon) : « Le premier à qualifier le Gabon » « 1994, cela commence à remonter mais je ne peux pas oublier cette CAN. L’organisation à l’époque n’était pas toujours aussi performante que maintenant mais en Tunisie, on n’a vraiment pas eu à se plaindre, avec de bons terrains et de bons hôtels. Le tournoi en lui-même s’est vite terminé. On est tombé dans un groupe très relevé avec l’Égypte et le Nigeria. On n’avait aucune chance et cela s’est confirmé (deux défaites, 4-0 et 3-0). Mais, là n’était pas l’essentiel. Le Gabon ne s’était jamais qualifié pour la CAN et on y est parvenu, avec dix joueurs locaux parmi les titulaires. J’avais de gros moyens à ma disposition et on a pu réaliser du bon travail. La réception présidentielle, avec 1.000 invités triés sur le volet, à laquelle on a eu droit lors de notre retour, est inoubliable. Cela me plairait de revivre une telle expérience, mais à 73 ans, je suis passé à autre chose. Et je garde la sensation d’avoir laissé une trace au Gabon, qui a atteint les quarts de finale lors de l’édition suivante et qui compte en ses rangs un attaquant de classe mondial avec Pierre-Emerick Aubameyang. Ce n’est pas normal qu’il ne soit pas qualifié cette saison. » Eric Gerets (2012 - Maroc) »: «Rien ne s’est passé comme prévu» « Je me souviens de la qualification pour cette CAN en 2012 puis de la fête au pays quand on a battu le Sénégal durant la préparation. On n’était encore nulle part, mais ce résultat probant avait rendu les supporters heureux et fait du Maroc le favori pour la victoire finale aux yeux de nombreux observateurs. Malheureusement pour nous, quand les choses sérieuses ont commencé, rien ne s’est pas passé comme prévu avec une élimination dès la phase de groupes (deux défaites d’entrée de jeu, puis une victoire pour sauver l’honneur lors de la dernière journée). Le résultat était très décevant mais je vous avoue que cela reste quand même un moment très spécial que je suis ravi d’avoir vécu. L’organisation (partagée entre le Gabon et la Guinée Équatoriale) était très bonne et l’ambiance unique tout au long de l’aventure. Si on veut comparer avec un Euro, beaucoup de choses sont différentes, mais ce n’est certainement pas moins intéressant. Je peux vous assurer que le niveau de jeu du football africain est bon. Pas tous, évidemment, mais on voit de très bons matches durant cette compétition. » Frédéric Renotte (2013 - Burkina Faso) : « On a reçu la Légion d’honneur » « Je retiens l’euphorie collective. Au début, d’abord. Un matin, j’ai organisé un jogging matinal, à 6 heures. Il faisait déjà clair et chaud. On a commencé à courir entre nous, on a été suivi par quelques gamins et on a terminé avec un millier de personnes qui nous accompagnaient. C’était fou. Pendant le tournoi, ensuite. On partait en Afrique du Sud dans l’espoir de prendre un ou deux points dans notre groupe et on se retrouve à jouer la finale, avec les proches qui suivaient les matches du Burkina Faso en Belgique grâce à la retransmission TV. Le groupe était prêt et a étonné tout le monde. De mon côté, je m’étais forcément occupé de la préparation physique dès janvier et février, au travers d’entraînements très durs. Paul Put et moi découvrions une autre culture mais il y a eu une grande empathie et la mayonnaise a vite pris. Tout s’est fait naturellement, il n’y a pas eu besoin de faire preuve d’autorité. À notre retour, enfin. À Ouagadougou, on a été accueilli par trois millions de personnes, imaginez-vous ! Et le lendemain, Paul Put et moi avons été décorés de la Légion d’honneur. Quelle chance de pouvoir vivre de telles émotions grâce au football. » Georges Leekens (2015 - Tunisie et 2017 - Algérie) : « Sans eau ni électricité à l’hôtel » « La CAN est très spéciale, magique. Je pourrais vous en parler pendant trois heures. Ce n’est pas une Coupe du monde, ce n’est pas un Euro, c’est une compétition à part où on découvre une autre mentalité, des joueurs qui sont heureux d’être là, qui vivent chaque instant à fond. Et il y a de la qualité, il ne faut pas l’oublier, avec la présence de très bons joueurs. Pour ma première expérience, en 2015 avec la Tunisie, on s’est qualifié rapidement, avant pas mal de grandes nations. On a ensuite réalisé un tournoi fantastique mais on a été éliminé dès les huitièmes de finale face à la Guinée Équatoriale, pays hôte, après la prolongation et sur un penalty imaginaire, qu’on a eu du mal à digérer. À cause de la menace du virus Ebola, le Maroc s’était retiré en dernière minute et on a eu droit à une organisation faite en vitesse. On s’est retrouvé sans eau ni électricité à l’hôtel et on a dû improviser. Mais au final, c’était fantastique. La deuxième expérience, c’était avec l’Algérie en 2017. On était considéré comme favori mais on n’avait pas la défense nous permettant d’être solide et l’aventure s’est vite terminée, dès les groupes. » Hugo Broos (2017 - Cameroun) : « On me remercie encore en rue » « Je suis toujours surpris quand je rencontre une personne d’origine africaine dans la rue et qu’elle me reconnaît et me dit ‘Oh, vous êtes l’ancien coach du Cameroun’. Je suis retourné une fois au pays depuis notre titre il y a deux ans et j’ai croisé des gens qui sont venus vers moi en me disant ‘Merci pour tout ce que tu as fait pour nous’. On voit que ce succès est resté dans la mémoire des Camerounais. C’était d’autant plus beau que c’était inattendu. Quand on est parti au Gabon, certains journaux locaux ont écrit ‘Que vont-ils faire à la CAN ?’. Et personne ne croyait en moi car je n’avais aucune expérience comme sélectionneur. Après la victoire aux tirs au but face au Sénégal en quarts de finale, on a commencé à y croire et on a réalisé un très grand exploit au final. Je repense encore à notre retour au Cameroun. Le trajet de 25 kilomètres entre l’aéroport et Yaoundé, le tour de la capitale qui fait 105 kilomètres, tout s’est fait dans des rues remplies de monde. C’est la plus belle expérience de ma carrière. Gagner une CAN, c’est comme gagner un Euro. Je n’avais jamais connu un tel tournoi, vécu de manière tellement intense. »

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