Pourquoi le virus Zika menace la planète

1 C’est quoi ? Ce virus, quasiment inconnu il y a encore quelques mois, a été repéré pour la première fois en Ouganda en 1947. Le Zika tire son nom d’une forêt située au sud de Kampala, capitale du pays. Le premier cas humain a été rapporté en 1968. L’épidémie qui frappe actuellement l’Amérique du Sud est exceptionnelle. Au Brésil, elle se compte sans doute par dizaine de milliers de malades. On cite aujourd’hui le chiffre d’un demi-million. 4 personnes sur 5 touchées ne ressentant aucun symptôme, les évaluations actuelles sont considérées comme lourdement sous-estimées. Le virus ressemble à des flavivirus connus comme la dengue, le virus du Nil occidental, la fièvre jaune ou l’encéphalite japonaise B. D’après des chercheurs, c’est à cause des voyages intenses de la Coupe du Monde de football de l’été 2014 que ce virus a atteint le Brésil. Présent selon l’OMS dans 21 des 55 pays en Amérique latine, le virus a été confirmé depuis une semaine dans au moins six pays européens : Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Portugal, Danemark et Suisse. Ce sont tous des cas « importés » par des voyageurs. Les jeux olympiques de l’été prochain au Brésil sont un risque majeur. « Pour un tel virus, c’est une vraie aubaine pour se développer dans le monde entier », souligne un virologue. [scald=620305:sdl_editor_representation] 2 Comment peut-on le soigner ? Après une période d’incubation de douze jours, les patients souffrent de la tête et de douleurs articulaires, de fièvre, de frissons et un sentiment général de maladie. Des lésions cutanées et une conjonctivite sont des symptômes typiques. L’infection disparaît souvent d’elle-même ; de nombreux cas sont asymptomatiques. Il n’existe aucun remède spécifique, ni vaccin contre ce virus. Les seuls traitements consistent à réduire les douleurs par la prise d’antidouleurs. 3 Quel est le risque ? « Il y a eu quelques décès, mais ils sont extrêmement rares et sans doute chez des patients très affaiblis par d’autres pathologies. Le risque majeur semble être celui de la microcéphalie, qui peut apparaître chez certaines femmes enceintes. La taille du cerveau de leur enfant peut être plus ou moins gravement atteinte. Ce n’est pas encore une certitude scientifique, mais l’augmentation importante de ces cas simultanément à l’épidémie de Zika le rend très probable », explique le docteur Charlotte Martin, infectiologue au CHU St-Pierre à Bruxelles. 4 Comment est-il contagieux ? La maladie ne peut se transmettre d’humain à humain. C’est un type de moustique particulier qui peut seul transmettre le virus. En Amérique, c’est l’aedes aegypti qui le transmet. Son absence au Canada et au Chili, dont le climat lui est défavorable, est d’ailleurs la raison pour laquelle l’OMS estime que ce sont les deux seuls pays qui pourraient échapper à l’épidémie en cours, qui devrait gagner dans les semaines qui viennent tous les pays du continent américain. Problème : si l’aedes aegypti ne vit pas sous nos latitudes, son proche cousin, l’aedes albopictus, plus couramment appelé « moustique tigre » y vit bel et bien, notamment sur le pourtour méditerranéen. Et on le soupçonne de pouvoir porter le virus. « Il est par contre improbable que le virus s’installe chez un vecteur différent, comme d’autres moustiques qui vivent ordinairement chez nous. Et le moustique tigre est très rare chez nous, il n’est repéré que de manière exceptionnelle », explique le docteur Charlotte Martin. « Le virus est nettoyé par l’organisme de manière naturelle en quelques jours. Il est donc improbable que dans notre territoire, un moustique tigre pique un malade qui aurait rapporté le virus d’un voyage et aille piquer une autre personne. Par contre, c’est tout à fait possible dans les pays où le moustique tigre est établi, comme l’Italie ou le sud de la France. Le risque d’y être infecté par des moustiques qui auront piqué des malades qui auront visité le Brésil à l’occasion des Jeux olympiques de l’été prochain ou un autre pays infesté n’est pas nul ». 5 Doit-on éviter ces régions ? « Personnellement, je ne me rendrais pas dans ces régions si j’étais enceinte ou avec le projet de l’être. Ni en Amérique et au Brésil durant les jeux olympiques, ni dans les régions européennes où le risque de contamination via le moustique tigre est très réel », explique le docteur Charlotte Martin. Chez nous, le ministère des affaires étrangères conseille aux femmes enceintes de reporter leur voyage vers les pays d’Amérique latine et des Caraïbes touchés par le virus du Zika. « Si celui-ci ne peut être postposé, nous les invitons à prendre contact avec leur médecin et à prendre toutes les précautions nécessaires afin de se protéger des piqûres de moustiques », indique-t-il. 6 Comment peut-on se protéger ? « Impossible d’être contaminé par un contact avec un autre malade, ni par voie aérienne. Il faut une piqûre de moustique aedes comme vecteur. Il existe une très faible possibilité de contamination via le sperme, mais elle n’existe qu’à l’état d’hypothèse pour l’instant. Si on se rend dans les régions où le Zika circule, il faut se couvrir la peau avec des vêtements longs et utiliser des répulsifs contre les moustiques. Contrairement à la situation de la malaria, ces moustiques-ci piquent aussi le jour, on doit donc se protéger en permanence. Et aucune des mesures de précaution n’est efficace à cent pour cent », met en garde le docteur Charlotte Martin. 7 Surveille-t-on les Belges de retour de voyage ? Pour l’instant, aucune surveillance du virus dans notre pays n’est organisée. Le risque de contamination sous nos latitudes ne le justifie pas du tout. « Seul le futur nous dira si le moustique tigre peut s’adapter notablement dans nos territoires. Le phénomène du réchauffement climatique et la multiplication des échanges représentent évidemment une augmentation du risque. Mais c’est prématuré de le décréter aujourd’hui. » Par contre, les voyageurs qui reviennent de ces contrées et qui ressentent des symptômes compatibles doivent en parler avec leur médecin. Surtout les femmes enceintes. « Il n’existe pas encore en Belgique de test spécifique. Nous utilisons un test adapté pour la dengue et le chikungunya, car ces virus présentent des réactions croisées. Si la personne est positive à ce test, le risque qu’elle soit également infectée par le Zika est important et cela implique une surveillance plus intense de son fœtus, davantage d’échographies, etc ». Jusqu’à décider un avortement thérapeutique ? « Cela dépend évidemment de l’importance du déficit neurologique constaté et évidemment des conceptions des parents. Il est important de souligner que le risque de malformation ne semble établi que durant le passage du virus dans le sang et qu’il ne se poursuit pas après guérison. Personnellement, je conseille de laisser passer 4 à 6 semaines entre le moment de la fin de l’infection et le fait de ne plus prendre de précautions si l’on désire faire un bébé ».

Votre compte

Pourquoi le virus Zika menace la planète

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

0 Commentaire

Aussi en Sciences et santé

Pfizer assure que son vaccin est efficace pour les moins de 5 ans

Entretien Frances Arnold, de chauffeuse de taxi à Prix Nobel de chimie

Espace: une découverte majeure est remise en question

Il y a bien un trou noir au centre de notre galaxie

Transplantation: des bulles d’oxygène pour préserver les greffons rénaux

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Variole du singe: un virus plus complexe que celui du covid

Affaire Kinder: le patron de Ferrero France présente ses excuses

«Piqûres sauvages» lors d’un festival: le parquet du Limbourg ouvre une enquête

Andy Fletcher, membre fondateur de Depeche Mode, est décédé

Dossier Sans Vincent Kompany, Anderlecht fait face à un énorme chantier

«Glorification, masculinisme, culture de la violence…»: ce qui se joue derrière les fusillades scolaires

“Le gouvernement a grandement besoin de l’expertise des personnes en situation de handicap”

Les technopédagogues diplômés, une espèce rare et recherchée

« Tout le monde peut être technicien en fibre optique »

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel