Conseil de l’Europe: l’Ukraine tempête après la réintégration de la Russie

Cinq ans après le début de la guerre du Donbass, qui se poursuit encore à l’heure actuelle, et une semaine après que la justice néerlandaise a décidé de juger en 2020 les responsables russes présumés du tir de missile ayant coûté la vie aux 298 passagers du vol MH17 en 2014, les délégués de 47 parlements nationaux à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (ACPE) ont voté lundi soir pour le retour de la Russie au sein de l’institution, alors que sa participation aux travaux de l’assemblée avait été suspendue suite à l’annexion de la Crimée, jugée illégale par la communauté internationale. [scald=26686696:sdl_editor_representation] Après neuf heures de débats, 118 délégués ont voté pour la réintégration russe. La décision a provoqué la colère des parlementaires ukrainiens, qui mardi ont décidé de se retirer de la session estivale de l’ACPE, après le dépôt d’une dernière motion dénonçant l’arrivée à Strasbourg de députés russes sous sanctions. « Nous avons l’impression que la décision a été prise avant la discussion », déplore Olena Sotnyk, députée ukrainienne à l’ACPE. « Les délégués se rendent compte que la vérité est de notre côté, mais personne n’écoute les arguments ukrainiens et il y a une décision politique de remettre la Russie dans le jeu. » Gifle diplomatique Malgré l’opération de charme qu’il a lancée à Paris et à Berlin lors de ses premières visites bilatérales les 17 et 18 juillet, le nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky encaisse sa première gifle diplomatique et fait l’apprentissage de la realpolitik. « Je suis déçu de la décision de l’ACPE, j’ai personnellement discuté de cette question avec le président français et la chancelière fédérale allemande », a déclaré mardi le jeune président ukrainien. J’ai essayé de convaincre M. Macron et Mme Merkel que le retour de la délégation russe à l’ACPE n’était possible que lorsque la Russie aurait satisfait aux exigences fondamentales de l’Assemblée. » [scald=26686695:sdl_editor_representation] En Ukraine, les réactions ont été très virulentes mardi, entre colère et découragement, alors que le vecteur pro-européen est globalement porté par une majorité partie de la classe politique et des électeurs. « C’est une catastrophe », estime l’éditorialiste Maksym Eristavi. « C’est pas pour me la ramener, mais lors du débat crucial à l’APCE, les députés citaient l’avertissement à l’Europe que j’avais écrit en édito pour Die Welt, c’est dire s’il n’existait rien de puissant et d’attrayant à relayer de la part du président ukrainien », commente-t-il, à l’unisson d’une partie importante de l’opinion. La parole et les actes « On est prêts à se battre avec la Russie qui nous fait la guerre, mais c’est très difficile de se battre avec les Européens qui ne veulent pas respecter leurs propres règles et standards, c’est ça le problème », considère Olena Sotnyk. « Il faut qu’on ait une position stricte vis-à-vis de l’Allemagne et de la France : c’est très étrange quand ils nous tiennent des discours sur l’annexion, l’occupation et le maintien des sanctions, et ensuite ils font le contraire de ce qu’ils disent dans les instances, au risque de détruire l’organisation et le système de valeurs et de protection des droits de l’Homme en Europe. Ce n’est pas qu’une question purement ukrainienne. » [scald=26686697:sdl_editor_representation] Mercredi, l’assemblée devra élire son nouveau secrétaire et une délégation parlementaire russe devrait pointer le bout de son nez en Alsace. Olena Sotnyk, jeune députée centriste montante, juriste réputée à Kiev, pourrait être appelée à jouer un rôle de premier rang dans la prochaine coalition gouvernementale à Kiev, mais elle appelle vertement un Zelensky inexpérimenté à durcir son jeu. « La réaction du président ne nous apporte aucune aide, or sa position est cruciale », dit-elle, « désormais faut produire des messages clairs. »

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