Philippe Gilbert: «Une décision impossible à comprendre»

Au sortir du bus de sa formation, au départ de Hal-Ingooigem dont il a pris la 3e place, il n’a pas caché sa frustration mâtinée d’incompréhension. Malgré un sourire de façade, Philippe Gilbert n’a pas mâché ses mots, clairement déçu par le choix de sa formation Deceuninck – Quick-Step qui a décidé de laisser le vainqueur de Paris-Roubaix à la maison durant le Tour. Une décision qui peine à trouver une explication logique. D’ailleurs, il l’assure, Gilbert la cherche toujours, cette explication qui, quoi qu’il en soit, va influencer la couleur du maillot qu’il portera, la ou les prochaines saisons. Philippe, vous attendiez-vous à cette non-sélection pour le Tour de France ? Non, pas du tout. C’est une grosse surprise et une grosse déception, surtout. J’avais évidemment envie d’être au départ du Tour, a fortiori avec le grand départ à Bruxelles. Ma chute et ma sortie prématurée sur fracture l’année dernière (NDLR : dans la descente du Portet d’Aspet, lors de la 16e étape) étaient aussi un supplément de motivation pour signer mon retour sur la Grande Boucle. Ma dixième… J’avais une grande envie d’y faire mon retour… C’est une surprise et une déception. Comprenez-vous cette décision ? Pour analyser une décision, il faut la comprendre et, moi, je ne la comprends pas… Mais les faits sont là, c’est comme ça. Le moment a été difficile quand j’ai reçu l’appel de Tom Steels, lundi, m’annonçant ma non-sélection. C’est mon entraîneur, ma personne de contact au sein de l’équipe. C’est logique qu’il m’ait annoncé la nouvelle mais j’ai senti qu’il était embarrassé. Cela dit, je reste professionnel. Il y a encore de belles échéances, dont le championnat du monde. Donc, voilà, je reste concentré sur ce qu’il reste ou ce qu’on me laisse… Comment l’équipe a-t-elle justifié son choix ? Honnêtement, des explications, il n’y en a pas eu. C’est une décision. Je n’arrive pas vraiment à la comprendre donc, encore moins à l’expliquer. Ce serait un choix sportif apparemment… Une décision impossible à comprendre. Mais bon, c’est comme ça. La question, c’est plutôt aux directeurs sportifs qu’il faut la poser. Justement, avez-vous parlé avec Patrick Lefevere depuis l’annonce ? Non. Vous lui en voulez ? Je n’en veux à personne. Comme je le disais, je suis d’un naturel positif. Mon ami Chris Froome a beaucoup plus de problèmes par exemple… Il faut voir la vie de manière positive. Dans une décision, il y a toujours une partie qui n’est pas d’accord. Ce qui n’empêche pas d’avancer et de continuer. Ça va me permettre de me préparer pour la suite des échéances comme j’en ai envie. De prendre des vacances, quelques jours sans vélo après le championnat de Belgique. Et d’exploiter la fraîcheur que ça va me donner pour la suite de la saison. Je n’ai plus de stress. Il faut que je réorganise un peu ma vie et mon calendrier. Avec un statut de premier réserviste au sein de votre équipe, vous pourriez tout de même être au départ… Mais je souhaite qu’il n’arrive aucun malheur à mes équipiers. Que je ne sois pas obligé d’aller au Tour en remplacement, en bouche-trou. Je serai le premier heureux si l’un d’entre eux gagne. Il ne faut pas penser que, à cause de cette décision, je suis aigri par rapport à eux. Je reste supporter de mes équipiers, la décision ne vient pas d’eux. Vous aviez déjà expérimenté pareille situation durant votre carrière ? De cette manière, jamais. Il y a eu des décisions d’un commun accord comme c’était, par exemple, le cas chez BMC concernant les classiques flandriennes. Mais c’était une décision commune. Ici, elle est unilatérale, et très surprenante. On va dire que c’est de l’expérience et que ça doit faire partie du sport… Avez-vous la sensation que votre situation, en fin de contrat chez Deceuninck – Quick-Step a pu jouer ? Je ne sais pas du tout. Il peut y avoir de multiples raisons et celle-là peut en être une. Mais, après, là, on part dans des suppositions, ce qui ne me ressemble pas. J’aime bien les faits, les choses claires. On verra. Du coup, êtes-vous inquiet pour la suite de votre carrière ? Inquiet, ça, absolument pas. Je peux vous l’assurer (sourire). S’il y a bien une chose qui est certaine, c’est que je serai professionnel dans les années à venir. Le principal pour moi, c’est ma passion pour ce sport et les défis qu’il me reste à accomplir. J’ai une grande envie d’y arriver et je vais m’en donner les moyens. Mais cette non-sélection va peser dans le choix du maillot que vous porterez la ou les prochaines saisons ? Oui, certainement, ça va jouer dans ma décision. C’est assez logique. Vous avez déjà des pistes pour la suite ? Des pistes, il y en a oui. Déjà ce (mardi) matin, à l’annonce de ma non-sélection, il y a plusieurs managers d’équipes qui m’ont appelé… Ils savent forcément bien qu’avec une décision de cet ordre, ce n’est pas une bonne nouvelle pour mon futur. Mais ce n’est pas le moment de parler de ça… Dans les jours à venir, je vais renvoyer tout ça à mon manager, c’est son boulot. Affaire à suivre… Je veux continuer au minimum deux ans. J’ai toujours choisi le sportif dans la carrière, j’ai réalisé des choix logiques, ce qui m’a permis de gagner les objectifs que je m’étais fixés. Avec l’encadrement qui me convenait, par rapport à mes ambitions. Et ça va continuer comme ça…

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