Etats-Unis: le premier défi télévisé des primaires démocrates

Soixante secondes pour faire ses preuves, trente de plus pour répondre à une éventuelle deuxième question : le temps sera précieux, mercredi et jeudi soir, pour les vingt candidats aux primaires démocrates lors des deux débats télévisés successifs opposant chacun une dizaine d’entre eux. Et la foire d’empoigne guette, résultante de l’encombrement du champ politique à gauche, où se multiplient les prétendants au grand duel final contre le président sortant Donald Trump, le 3 novembre 2020. [scald=26689917:sdl_editor_representation] Si l’ombre menaçante de Trump plane au-dessus du champ de bataille, l’heure est à la comparaison des programmes et à la « petite étincelle » qui projettera tel candidat ou candidate sous les feux des projecteurs, deux heures durant, entrecoupées de quatre interruptions commerciales. Depuis que la campagne en vue de l’élection présidentielle de 2020 a débuté à gauche, les ténors et outsiders de ce grand combat des chefs savent qu’il ne faudra pas rater cette entrée des arènes médiatiques, sur la scène de l’Adrienne Arsht Center of the Performing Arts à Miami, en Floride. Qu’une réplique cinglante, une expression mémorable, une repartie bien amenée, s’imprimeront plus durablement sur la rétine de millions d’électeurs potentiels, intrigués par cette pléiade de gladiateurs démocrates, anonymes pour certains, connus comme le loup blanc pour d’autres. Les dés semblent pipés Mais les dés semblent pipés d’avance : La chaîne NBC, organisatrice du spectacle avec son homologue hispanophone Telemundo et sa consœur MSNBC, a divisé le plateau des prétendants en deux par tirage au sort. Et les principaux ténors, Joe Biden, Bernie Sanders, Pete Buttigieg, Kamala Harris, croiseront le fer lors du second soir. Le premier devait voir s’affronter la « pasionaria anti Wall Street » Elisabeth Warren, face au Texan Beto O’Rourke et au sénateur du New Jersey Corry Booker, ces dix-là rassemblant à peine 21 % des intentions de vote, contre 66 % pour ceux du deuxième débat. [scald=26689918:sdl_editor_representation] Quatre démocrates aspirants ont été recalés par le Comité national (DNC), dont le représentant Seth Moulton et le gouverneur du Montana Steve Bullock. Ils avaient failli à rassembler au moins 1 % d’intentions de vote dans trois sondages consécutifs, et n’avaient su bénéficier de donations d’au moins 65.000 personnes. D’autres ont eu la chance d’échapper au couperet interne, mais ils jouent déjà leur dernière carte dans cette campagne où ils peinent à émerger : le maire de New York Bill de Blasio et l’ancien ministre d’Obama Julian Castro, « sûr et certain » de rafler la Floride, cet Etat-clé de Floride, dans dix-sept mois face à Trump, sur la foi de ses seules racines cubaines. Le roi est nu Si les débats floridiens peuvent redéfinir la course à gauche, ils ne changent rien, en revanche, à l’avance stratégique dont bénéficie le président sortant, comme tous ses prédécesseurs avant lui : en campagne pour sa réélection depuis le premier jour de son mandat, le 21 janvier 2017, Donald Trump a lancé une campagne ambitieuse et structurée, à la différence de celle montée en juin 2015 à la va-vite, et dans le plus grand amateurisme. [scald=26689916:sdl_editor_representation] Son équipe emmenée par Brad Parscale peut compter sur un inégalable trésor de guerre estimé à 400 millions de dollars. Mais le roi est nu : d’après plusieurs enquêtes d’opinion, ils seraient au moins 6 démocrates, à commencer par Joe Biden, à l’emporter face à Donald Trump en Floride, si l’élection avait lieu demain. En 2016, si la Floride avait « tenu », le magnat new-yorkais élu par la plus infime des marges ne l’aurait pas emporté face à Hillary Clinton. Cela, Trump le sait, et il regardera d’un œil expert les deux débats, bien qu’il vole en direction du Japon pour le sommet du G20 à bord de son Boeing Air Force One. Pour l’heure, il poursuit de ses foudres « le gaffeur » Joe Biden, « une âme perdue. qui ne sait pas où il en est et qui change d’opinion rapidement ». Ceux qui sortiront la tête de l’eau après cette grand-messe télévisée peuvent s’attendre à subir un traitement spécial de la part du sérial tweeteur en chef.

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