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Comment UCB a perdu 1 milliard de dollars

Kremers Urban ne vaut plus qu’un milliard de dollars. UCB continue de privilégier la vente de Kremers Urban à une accumulation de dettes. Le groupe biopharmaceutique dévoilera des résultats cruciaux au cours des prochaines semaines.

Temps de lecture: 3 min

Août 2014, l’agence Reuters révèle qu’UCB cherche un repreneur pour Kremers Urban, sa filiale américaine spécialisée dans les génériques de spécialités, dont des biosimilaires (copies de traitements biotechnologiques). Le segment de marché est prometteur au vu du nombre de médicaments perdant la protection de leur brevet, mais n’est pas stratégique pour le groupe belge, qui se concentre sur les traitements innovants des troubles graves du système immunitaire et du système nerveux central. En novembre, UCB trouve ainsi un accord avec Advent et Avista Capital Partners pour leur céder Kremers Urban pour 1,5 milliard de dollars, un prix jugé décevant par les marchés alors que les rumeurs évoquaient jusqu’à 2 milliards de dollars. Coup de théâtre en décembre, les acquéreurs potentiels se ravisent à la suite d’une demande de la FDA américaine d’une étude de bioéquivalence supplémentaire pour une copie du Concerta, utilisé pour le traitement du trouble de déficit de l’attention et générant une part substantielle des revenus de Kremers Urban.

Très rentable et soldé

UCB confirme toutefois « poursuivre le processus de cession » de sa filiale acquise via Schwarz Pharma en 2006, bien que le prix évolue à la baisse. Selon l’agence Bloomberg, plusieurs candidats auraient participé à un premier tour de table, mais les offres plafonneraient autour du milliard de dollars. Les acquéreurs potentiels les plus insistants seraient notamment Cipla et Lupin, deux groupes indiens ambitieux, à l’image de Sun Pharmaceuticals, devenu numéro 5 mondial des génériques, ou de Dr Reddy’s, qui a acquis un portefeuille de marques d’UCB pour 118 millions de dollars.

Au vu de la chute des prix, la poursuite de la cession de Kremers Urban peut apparaître illogique. L’activité contribue largement aux résultats, Jan De Kerpel ayant évalué qu’elle livre une marge bénéficiaire de 43 %, près du double de l’ensemble du groupe. Globalement, UCB avait réduit ses prévisions d’excédent brut d’exploitation (EBE) de 150 millions, ou 20 % du total du groupe, à la suite de l’annonce de la vente de Kremers Urban.

Une cession au prix de 1 milliard de dollars représenterait une valorisation de moins de 6 fois son EBE, alors que le segment des génériques aux États-Unis affiche un ratio de 14 fois et que Pfizer avait même déboursé 21 fois l’EBE pour mettre la main sur Hospira en début d’année.

Nécessité financière

UCB se voit toutefois contraint de vendre afin de financer ses importantes dépenses en R&D, ayant représenté 28 % de son chiffre d’affaires l’année dernière, soit le double de Sanofi notamment. Les flux de trésorerie récurrents dégagés par son activité ne suffisent pas à financer ses investissements, et encore moins ses dividendes. Le groupe biopharmaceutique privilégie ainsi des cessions afin d’éviter de voir son endettement prendre des proportions importantes, sa dette nette atteignant 1,6 milliard fin 2014. Soit plus du double de son EBE, alors qu’UCB vise un rapport de 1 à moyen terme.

Évidemment, le groupe biopharmaceutique espère recueillir les fruits de ses investissements en R&D. Il pourra ainsi compter sur la poursuite de la croissance du trio de médicaments récents Cimzia – Vimpat – Neupro, va introduire une demande de commercialisation d’un nouvel antiépileptique et compte surtout sur l’epratuzumab. Un traitement expérimental du lupus dont UCB dévoilera les résultats du dernier volet des études cliniques au cours des prochaines semaines. Les analystes de Petercam évoquent un potentiel de ventes important (plus d’un milliard) mais également un risque à l’avenant, les déceptions s’étant avérées historiquement nombreuses dans le domaine du lupus.

 

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