Cecilia Malmström au parlement de Wallonie ce vendredi

Pour la première fois ce vendredi, le parlement de Wallonie procédera à l’audition d’un commissaire européen. Cecilia Malmström, en charge du commerce, viendra exposer aux élus régionaux l’état des négociations entre l’Europe et les Etats-Unis autour du futur Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, connu sous l’acronyme TTIP. Elle sera aussi soumise aux questions sur ce sujet des députés wallons. L’événement marquera l’histoire du parlement. « Cette audition confirme la place que notre institution occupe aujourd’hui, en tant que parlement national, sur la scène européenne et internationale, se réjouit André Antoine (CDH), le président de l’assemblée. Depuis le début de la législature, le parlement de Wallonie témoigne d’un intérêt accru pour le suivi des questions européennes et en particulier ces importantes négociations. L’approche est neuve : les députés se penchent sur les dossiers en amont plutôt que de subir les choses. Nous mettons le pied dans la porte en organisant un vrai débat. » Preuve de ce nouvel engouement : la commission parlementaire chargée des questions européennes, qui sera le théâtre de cette audition, en est à 23 réunions depuis le début de la législature, soit un an et demi. Entre 2009 et 2014, cette même instance ne s’était réunie qu’à cinq reprises. Lignes rouges A Namur ce vendredi, Cecilia Malmström trouvera à qui répondre. « Nous allons nous livrer à une véritable opération transparence à l’égard de la commission, explique André Antoine. Comme toutes les assemblées législatives, les députés wallons seront amenés en dernier ressort à se prononcer sur ce traité. Ils ont beaucoup de questions à poser à la commission. Mais ils pourront aussi l’informer des lignes rouges qui guideront le parlement de Wallonie dans son examen des traités qui lui seront soumis. » Pour se forger une conviction, les députés ont multiplié les auditions, 25 au total : mandataires européens, négociateurs, juristes… La Wallonie a pris les devants en la matière : « Cet important travail fut d’ailleurs largement précurseur, souligne André Antoine. En effet, si les accords de libre échange, dont principalement le TTIP, ont depuis lors été examinés dans les autres assemblées du pays, c’est en toute modestie notre parlement qui a initié le mouvement. » Les principales préoccupations, à Namur comme ailleurs, sont bien connues : les arbitrages privés pour régler les litiges commerciaux, l’abaissement possible des normes européennes sociales et environnementales, l’impact sur la capacité réglementaire de l’Union européenne ou encore les risques de marchandisation pour les services publics. Faire barrage ? En mai 2015, le parlement a voté une motion réclamant la suspension des négociations entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Le MR n’a pas suivi le mouvement majoritaire, en estimant qu’il faut faire confiance aux négociateurs européens et juger l’accord sur pièces au terme des négociations. A la tribune de l’assemblée, Paul Magnette (PS), le ministre-président wallon, a résumé il y a quelques mois le sentiment de la majorité PS-CDH à l’égard du TTIP : « Dans l’état actuel des négociations, la Wallonie n’approuverait pas ce traité ! » « Notre parlement n’est pas contre les Etats-Unis, ni contre le principe du TTIP, mais il est défavorable au TTIP tel qu’il est actuellement négocié », décode le président de l’assemblée qui accueillera Cecilia Malmström ce matin. La « petite » Wallonie qui ferait barrage à un accord commercial entre deux géants planétaires ? La discussion de ce vendredi avec la représentante de la commission européenne vaudra la peine d’être vécue.

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