Amour et haine à Dubaï: le feuilleton de l’émir abandonné

Toi, traîtresse ! J’ai compris ton petit jeu. Fini les mensonges. Il n’y a plus de place pour toi à mes côtés. Va t’en faire ce à quoi tu consacres tant de temps. Que cet adieu soit définitif. Je n’en ai plus que faire de ton sort. » Depuis quelques jours, les vers que cet amoureux blessé a adressés à l’objet de son amour affolent les réseaux sociaux arabes. Non pour leur beauté toute particulière, ni parce qu’ils révèlent des sentiments inédits, mais plutôt en raison de l’identité de leur auteur. Cette déclaration d’amour et de haine enflammée aurait été écrite par un des hommes les plus influents de la région, le cheikh Mohammed bin Rashid al-Maktoum, guide du plus puissant des Emirats arabes unis, celui de Dubaï, qu’il a transformé en une Mecque du tourisme et du sport international. Et la cible de toute cette haine serait tout aussi influente : une de ses femmes, la sixième pour être précis, la princesse Haya bint al-Hussein, fille du défunt roi Hussein de Jordanie et demi-sœur de l’actuel souverain hachémite. Rien de moins qu’une des femmes les plus populaires du monde arabe. Le poème diffusé sur Instagram par un des plus proches confidents de l’émir n’est que le dernier épisode de la « musalsalat » (un terme qu’on pourrait traduire par feuilleton en français) qui passionne le monde arabe depuis plusieurs semaines. La fuite de la belle et riche princesse, désireuse d’échapper à son mari qui, loin d’être beau, n’en est pas moins puissant et ultra-riche. Plus encore que les gratte-ciel de Dubaï, ce sont les quartiers riches de Londres qui sont témoins de ce drame : le Guardian a rapporté que le cheikh avait intenté une action contre sa femme au Royaume-Uni, probablement pour la garde de leurs deux enfants, âgés de 11 et 7 ans, qui ont disparu avec elle mais qui, selon les lois en vigueur dans la plupart des pays arabes, devraient rester avec leur père en cas de divorce. Et c’est justement de Londres qu’étaient parties les premières rumeurs il y a quelques semaines : l’absence d’Haya aux côtés de son mari lors du traditionnel rendez-vous équestre d’Ascot n’avait échappé à personne. Dès le début, c’est leur passion commune pour les chevaux qui les avait réunis : lui, fondateur et propriétaire de l’écurie Godolphin, et elle, ancienne championne olympique et présidente de la Fédération mondiale des sports équestres pendant plusieurs années. Ils ne manquaient jamais une occasion de faire une apparition au milieu des chapeaux colorés et des têtes couronnées des courses les plus prestigieuses de ce monde. « Mon père est un homme dur » Si l’on en croit la presse britannique, la princesse n’est pas loin du lieu des courses : même si sa propriété de 85 millions d’euros, située dans la zone de Kensington, est fermée et que ça fait un moment qu’on ne l’a plus vue aux côtés des souverains britanniques dont elle serait une amie proche, elle se trouverait bien en Grande-Bretagne, dans une localité protégée pour échapper à la fureur que son mari a maintenant mise en vers. Il faudra probablement attendre la fin du mois pour savoir quand reprendra le procès que ce dernier a intenté contre sa femme. En attendant, la presse du monde entier s’intéresse à cette affaire : non seulement en raison de la notoriété et du glamour qui ont accompagné le couple pendant des années, avec une femme jordanienne qui a fait de l’ombre à toutes les anciennes épouses du cheikh et n’hésitait pas à se faire photographier en jean et T-shirt. Mais également parce que cette affaire rappelle celle vécue par l’un des 23 enfants d’al-Maktoum, la princesse Latifa, qui après avoir tenté de quitter Dubaï l’année dernière, avait été arrêtée et ramenée de force au pays. « Mon père est un homme dur et il n’en a que faire ni de moi ni de personne », tel était le message que Latifa avait voulu délivrer dans une vidéo enregistrée avant sa fuite. Quelques mois plus tard, voulant lever tout doute sur le sort de Latifa, la famille royale de Dubaï avait diffusé une photo sur laquelle on pouvait voir l’ancienne commissaire des Nations unies aux Droits de l’homme Mary Robinson rendre visite à la princesse. A ses côtés, Haya, dans le rôle de la parfaite maîtresse de maison. La femme qui, en prenant la fuite, jette aujourd’hui une nouvelle ombre sur l’image séduisante que Dubaï souhaite vendre au monde.

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