Tour de France: Lefevere assume le choix d’avoir écarté Gilbert
Le patron de l’équipe Deceuninck refuse toutefois d’expliquer l’événement par rapport au fait que son coureur aurait signé dans une autre formation.

Hors contexte, à Zaventem, sous le soleil charmant d’un magasin de grande distribution qui sponsorise son équipe, Patrick Lefevere pensait que nous étions « en colère » à la suite de la non-sélection du vainqueur de Paris-Roubaix au Tour de France. Dans l’intimité d’une conversation qui ne se situait pas en mode interview, le Flandrien a enfin apporté sa vision des choses. Après avoir constaté que, sur le plan populaire, son choix n’a pas été apprécié, c’est le moins que l’on puisse écrire.
« Un manager d’équipe n’est pas là pour être populaire, je fonctionne ainsi depuis plus de 30 ans et ceci n’a strictement aucun rapport avec le coureur Philippe Gilbert dont je n’ai jamais cessé de vanter les qualités, le mérite, le palmarès. Et ce n’est pas Patrick Lefevere qui a décidé tout seul. Nous avons un comité de directeurs sportifs, un staff technique. C’était douloureux. J’assume tout, au titre de patron de l’équipe, je regrette que cela soit mal perçu, mais, dans un noyau comme le nôtre, on peut convenir aussi que d’autres pourraient être déçus. Comme Jungels, comme De Clercq par exemple. »
D’autres qui ne sont pas Gilbert, qui ne possèdent pas (encore) une histoire avec le vélo et avec leur pays. Qui ne sont pas intimes d’Eddy Merckx. « Je ne suis pas insensible à ces arguments, mais j’ai des responsabilités par rapport à des choix, à des sponsors. J’ai toujours fonctionné ainsi, je le répète. Vous avez raison : je n’ai jamais proposé un contrat de deux ans à un coureur de plus de 35 ans et je continuerai à ne pas le faire. Mais je n’ai jamais refusé un accord “un an plus un an avec option”, vous voyez ce que je veux dire ? »
L’Ardennais s’était directement adressé à Lefevere, en 2016, au moment de conclure un accord, sans passer par un manager. « Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et je suis le premier à le regretter sans rejeter la faute sur Philippe. Son agent, qui est le même que celui d’Alaphilippe entre parenthèses, a posé des conditions que je ne peux accepter, c’est très simple. Mon budget n’a pas augmenté. »
Entre les lignes, lisons ceci : Deceuninck a cassé sa tirelire pour prolonger Alaphilippe, précisément, et ne retiendra pas Viviani (en partance pour Cofidis) et Gilbert, du coup cité chez Lotto. L’équipe belge a aussi investi sur Evenepoel et lorgne sur Sam Bennett, le sprinter de Bora pour remplacer Viviani.
Ne balance-t-on pas trop facilement les… vieux ? « Alors, balancez-moi aussi, je ne demande parfois que cela ! », sourit Lefevere. Qui avait suggéré dans nos colonnes, fin janvier, que l’Ardennais s’investisse dans la reprise de l’équipe. « C’était une idée, par une obligation. Je comprends ce que vous me dites dans les deux langues : Philippe a encore envie de courir deux ans. Moi, je ne peux proposer qu’un an de contrat. »
Lefevere refuse de confondre cette négociation avec sa sélection au Tour qui « n’est pas seulement la sienne ». Les positions semblent figées. Et irrémédiables ? « J’entends comme vous les rumeurs, d’un contrat signé dans une autre équipe mais, encore une fois, cela n’aurait jamais influencé notre choix par rapport à l’équipe du Tour. » La preuve par Viviani en partance, donc, pour Cofidis, la preuve, dans le passé par Kittel, qui avait donné son accord pour Katusha. « Je rappelle surtout que la saison n’est pas terminée et que nous avons encore d’autres courses à gagner, avec Deceuninck et donc avec Philippe Gilbert. »
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