David Goffin: «J’ai envie de briller ici à Wimbledon»

Le nº1 belge est comme un enfant qui vient de recevoir l’énorme glace à la pistache promise après l’effort. Le sourire est banane au tournoi des fraises… Et il ne disparaît pas au moment d’évoquer la montagne Djokovic à Wimbledon, cinq semaines après avoir dû affronter l’Everest Nadal à Roland-Garros ou dix jours après avoir défié la légende Federer à Halle ! Quand il respire la forme, comme aujourd’hui, David Goffin aime partir au défi contre les tout meilleurs, dans les plus grands tournois, car ça veut aussi dire qu’il est en train d’écrire sa belle histoire… David, rassurez-nous malgré votre joli succès, vous avez dû appeler le médecin en plein milieu du 2e set, rien d’inquiétant ? Non, rien de grave… J’avais juste des crampes à l’estomac. Les causes ? Un peu de tout : les gels au glucose, les boissons énergétiques ou de récupération, le stress, l’accumulation des matches : ce n’est pas un bon mélange. Heureusement, c’est un peu passé avec le médicament. J’avais dur durant ce set… Mais bon, je me suis dit : il faut y aller, il n’y a pas 36 solutions ! Je me suis accroché en me concentrant sur mes jeux de service et ça a vraiment commencé à payer dès le début du 3e set où je sauve deux balles de break importantes. Jusque-là, Verdasco était vraiment très bien dans son match. Je n’arrivais pas trop à le retourner. Il servait bien, beaucoup d’aces, il variait bien et jouait très bien du fond. Mais bon, je me suis accroché et je me suis dit, tant pis, s’il faut aller au tie-break dans chaque manche, et même à 12-12 dans le 5e, on verra. Et finalement, à ce petit jeu-là, le match a un peu changé d’âme avec ce break à 4-3 dans le 3e set que je vais chercher alors qu’il mène 40-0… Là, j’ai vraiment senti que ça tournait. En m’accrochant, j’ai réussi à le faire sortir du match, en fait. Une fois que c’était 2 sets à 1 en ma faveur, j’ai senti qu’il commençait à rater dans l’échange, à moins bien bouger, à faire plus de fautes, à servir un peu moins bien. J’ai donc eu plus d’occasions et je suis parvenu à me détacher définitivement… C’était plus une bataille mentale aujourd’hui qu’autre chose. On vous voit particulièrement réjoui d’atteindre ce quart de finale, à Wimbledon. Je n’en faisais pas une obsession, mais je l’ai toujours dit, s’il y a un tournoi où j’ai envie de briller, c’est ici ! C’est mon tournoi préféré. J’ai souvent eu de bonnes sensations, ici, de bons matches. Je me suis toujours dit, qu’un jour, si ça se mettait bien, je pouvais vraiment faire quelque chose à Wimbledon avec le niveau de jeu que je peux avoir sur gazon, la manière dont je bouge, etc. Je sentais que c’était tout à fait possible d’une fois aller en quart. Et là, je suis content d’y accéder. Surtout maintenant, en ayant enchaîné sur de bonnes victoires et avec la confiance que j’ai pour le moment. Le gazon serait-il, finalement, votre meilleure surface de jeu ? Quand je joue bien, toutes les surfaces me conviennent ! Mais c’est certain que lorsque je suis bien dans mes frappes, que je bouge bien, avec aussi mon service est plus efficace sur cette surface, que je retourne bien, que je suis solide et offensif… le gazon se prête bien à mon jeu. On l’a vu à Halle, on le voit ici : que ce soit un gros serveur, un joueur du fond, etc, tout me convient (il rit) ! Pour le moment, pour le moment… Car, ce mercredi, c’est un sacré défi qui vous attend face à Djokovic… Je l’ai battu à Monte-Carlo, en 2016, mais c’était en deux sets gagnants, sur terre battue, et c’était très dur… C’était aussi une période où lui était en train de revenir, ce n’était donc pas le Djokovic de maintenant. Je pense que lorsqu’il au top de sa forme, il constitue un énorme défi ici à Wimbledon, même pour Roger Federer ! Ici, on est en Grand Chelem et les membres du Big Four, ils sont très durs à battre dans ces grands événements. Faut vraiment se préparer à s’accrocher, à jouer longtemps. C’est ce que je vais faire. Je vais essayer de tenir, de faire quelque chose de bien. De faire un grand match car il n’y a que ça à faire, si on veut battre Djokovic, à Wimbledon, sans doute sur le Central. D’ici-là, je vais bien me reposer, récupérer, me préparer et puis essayer de tout lâcher pour aller chercher l’exploit ! Justement, comme s’y prendre face au nº1 mondial et tenant du titre ? On s’entraîne parfois à Monaco. On se fait bien jouer tous les deux, ce sont de très longs échanges, ça joue très bien mais souvent tous les points importants tournent en sa faveur car il joue tout un peu plus précis, un peu plus long, un peu plus agressif. Ce sont des détails, mais ils font la différence. Et pour faire tourner les choses en ma faveur, il faut que ce soit moi le plus agressif, le plus opportuniste. Il n’y aura pas beaucoup d’opportunités mais il faut que je les prenne. Surtout ne rien lâcher. Et dès le début, car si on le laisse démarrer et qu’on n’est pas d’emblée à fond dedans, on peut vite se retrouver à 3-0, 4-1 etc. Comme on peut le voir presqu’à tous ses matches, ici… [scald=26721205:sdl_editor_representation] Le risque contre des joueurs pareils, n’est-ce justement pas de vouloir en faire trop et de sortir de sa propre filière ? Si… Novak met tellement de pression qu’on en perd parfois un peu de lucidité. On se qu’il faut prendre les choses en mains, mais c’est très dur, car iI joue tellement vite et tellement long, que attaquer de là, c’est presque du suicide. Il faut essayer de bien construire les points, bien servir, être agressif sur le retour, être présent sur sa 2e balle, y aller sur la moindre opportunité et sur la bonne balle. Et surtout jouer juste et agressif. C’est tout un équilibre à trouver. Nadal à Roland-Garros, Federer à Halle et Djokovic à Wimbledon : quel mois pour vous ! (Il sourit). C’est bien. C’est bon signe, cela veut dire qu’à chaque fois je vais loin dans les tournois. Ça me convient ! Physiquement, vous avez encore de la réserve ? On verra. Là, c’est sûr, je suis un peu fatigué mais ça va… Je suis bien mentalement et c’est le principal. Je pense que si c’est encore le cas mercredi, que je suis bien dans mon match, j’arriverai à avoir l’énergie nécessaire pour essayer de faire un grand match. Sur un grand court, sans doute le mythique Central de Wimbledon. J’y ai déjà joué une fois, en 2014. J’y avais défié Murray au premier tour. On avait inauguré le Central cette année-là puisqu’il était le tenant du titre. Le court était magnifique, le gazon était parfait, même si assez glissant puisqu’on était les premiers à le fouler. Là, il sera bien plus amoché mais je préfère le voir comme ça, ça veut dire qu’on est plus loin dans le tournoi… Apparemment, il a plus ou moins la même vitesse que les autres courts, donc tant mieux. Je me rappelle en tout cas de sensations très agréables, d’une chouette acoustique aussi. Je me réjouis déjà !

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