Bernard Yerlès: «C’est le côté tourmenté de Cyrano qui m’intéresse»

Sur le tournage d’ Alexandra Ehle , série télévisée diffusée sur France 3, où il joue aux côtés de Julie Depardieu, Bernard Yerlès a eu tout le loisir de discuter avec la comédienne française de son illustre père, Gérard Depardieu, et de son inoubliable interprétation de Cyrano de Bergerac dans le film de Jean-Paul Rappeneau, sorti en 1990. Car aujourd’hui, c’est au tour du comédien belge de se glisser dans la peau de l’intrépide mousquetaire gascon, qui manie l’épée avec la même virtuosité que les mots. Comment faire sien un personnage déjà tant de fois interprété ? C’est une pièce que je lis depuis longtemps. Ce que j’aime le plus, personnellement, c’est le côté romantique, amoureux, sacrificiel, plus que le panache, le côté grandiloquent, libertaire, libre-penseur. Avec l’interprétation de Depardieu, on a découvert que c’était aussi un rôle très intérieur. Ce côté tourmenté de Cyrano, c’est ce qui m’intéresse dans le personnage. Bien sûr, il ne faut pas négliger non plus son côté amateur de belles-lettres. Cette langue est tellement belle que, de toute façon, la pièce est plus forte que les acteurs qui la jouent. On ne peut qu’y aller modestement, en sachant qu’il y a toujours un public nouveau qui la découvre. Quid de ce côté intime à Villers-la-Ville, où il faut tellement projeter sa voix que certains comédiens associent presque cela à un concert rock ? C’est la première fois que je joue à Villers. On est sur le terrain depuis une semaine. Je trouve mes marques et j’ai en effet compris qu’il y avait une projection nécessaire, mais ça va. Je pense que ça va donner une ampleur encore supérieure. On fait des essais pour travailler la dimension plus intérieure avec des reprises de micro. La technique permet aujourd’hui de garder une dimension théâtrale, d’être dans une autre énergie que tout le temps dans la projection et la grandiloquence. Dans les passages plus délicats comme le balcon ou la scène du couvent, il y aura peut-être un peu de reprise de micro pour permettre d’entendre au mieux le texte. Et puis, c’est une pièce cosmique : Cyrano parle beaucoup de décrocher la lune et nous voilà directement sous le ciel et les étoiles de Villers-la-Ville ! Vous porterez l’inévitable prothèse de nez ? C’est nécessaire d’avoir cet appendice énorme. On a fait plusieurs essais et on voulait un nez qui soit crédible. Non pas le nez perchoir de Belmondo mais plutôt le nez patate de Depardieu. Peut-être qu’à Villers, il sera plus grand qu’au Théâtre du Parc et ailleurs où nous jouerons en tournée. La distance, à Villers, oblige à donner une dimension plus grande pour que les gens le perçoivent de loin. On est dans les essais. Je vais jouer avec un grand nez et puis on ajustera peut-être. C’est un work in progress, ce nez ! Travailler entre la France et la Belgique, est-ce confortable ? Au départ, je suis parti en résidence à Grenoble avec la bande du Varia, en 1989 ou 1990. Et les choses se sont enchaînées. J’ai rencontré Mesguich à Paris, mais aussi Chéreau. On m’a vu dans deux ou trois castings et les contrats se sont enquillés. Aujourd’hui, j’ai le statut de comédien en France mais ma maison est à Auderghem, mes enfants sont à Bruxelles. D’ailleurs, je reviens régulièrement faire des projets à Bruxelles. J’aime ce qui se fait ici. Il y a beaucoup de talents. Etre dans les deux pays permet une certaine liberté parce qu’en France, on vous met vite des étiquettes. Du 16/7 au 10/7 à l’abbaye de Villers-la-Ville. www.cyranodebergerac.be. Du 12/9 au 20/10 au Théâtre royal du Parc, Bruxelles. Du 5 au 10/11 à l’Aula Magna, Louvain-la-Neuve. Du 4 au 6/12 à Wolubilis, Bruxelles. Du 27/12 au 4/1 au Théâtre de Liège.

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