Ebola: ce qu’il faut améliorer pour enfin venir à bout de l’épidémie

Pratiquement un an après le déclenchement de l’épidémie d’Ebola dans l’est du Congo, la maladie continue à se propager, avec 10 à 15 nouveaux cas par jour, dont celui détecté à Goma. Selon le ministère congolais de la Santé, il y a déjà eu 1.655 décès tandis que 694 malades ont été guéris. Que faut-il améliorer pour enfin venir à bout de cette épidémie ? 1 La sécurité « Cette épidémie est la première dans une zone de conflit, ce qui a des conséquences en matière d’efforts pour l’éradiquer », explique David Miliband, président de l’International Rescue Committee, (IRC) une ONG active dans la zone touchée. « Il ne s’agit pas seulement d’une urgence sanitaire, mais d’une urgence humanitaire. Et il y a de nouveaux dangers : des centres de santé ont été incendiés, et il y a eu cette année 174 attaques contre du personnel travaillant sur Ebola, soupçonnés d’être liés au gouvernement central. Il faut donc négocier avec les politiciens, les leaders de communauté et la cinquantaine de groupes armés opérant dans la zone ». [scald=26742322:sdl_editor_representation] « D’une zone à l’autre, la situation sécuritaire est différente », nuance Laurence Sailly, coordinatrice urgence chez MSF Belgique tout juste rentrée du Congo. « Au début de l’épidémie, il n’y avait pas de conflit à Butembo, mais c’était quand même compliqué de limiter l’épidémie. Pour se protéger, certains acteurs ont décidé d’utiliser des escortes armées : chez MSF, nous y sommes opposés. Se déplacer avec des militaires, avoir des policiers devant les centres de santé, cela donne à la population l’impression que le système est coercitif ». [scald=26740889:sdl_editor_representation] 2 La confiance « Dans cette crise, 68 % des décès ont eu lieu dans les communautés et pas dans les centres de santé, signe que les personnes malades ne font pas confiance au personnel médical. Pour la construire, il faut instaurer un vrai dialogue, et non se contenter d’avoir du personnel international disant aux membres des communautés locales ce qu’ils doivent faire », confirme David Miliband. « Pour réussir la sensibilisation, reprend Laurence Sailly, il faut travailler au niveau des familles, comprendre leurs émotions comme lorsqu’il faut placer le corps du défunt dans un sac au lieu de l’enterrer selon les traditions ». Et les politiciens qui tentent d’utiliser l’épidémie à leur profit feraient mieux de s’abstenir : l’annulation des élections présidentielles dans la région pour cause d’Ebola en décembre dernier avait exacerbé les diverses théories du complot : Ebola serait une maladie inventée, elle serait propagée par les humanitaires pour faire de l’argent, etc. Difficile d’inverser la tendance. 3 Couper la contagion Ebola se propage par contact direct entre les fluides d’une personne infectée (sang, sueur, vomi…) et les muqueuses de quelqu’un d’autre. Il faut donc éviter de toucher un malade puis de se frotter l’œil ou de se lécher le doigt. « Le personnel médical en contact direct avec les malades est protégé par une combinaison complète, précise Laurence Sailly. Comme le reste du personnel, notamment administratif, j’ai pour consigne de ne toucher personne, de conserver une distance de sécurité d’1,5 mètre. Pour mettre fin à l’épidémie, à Goma comme ailleurs, ce qui compte, c’est la surveillance. Dès qu’un cas est déclaré, il faut identifier ses contacts, et les contacts de ces contacts, les suivre, les vacciner. C’est là que cela coince : dans certaines zones, on avait réussi à contenir l’épidémie, et puis la maladie a resurgi plusieurs mois plus tard d’on ne sait où, ce qui est très dangereux. Il faut améliorer surveillance et suivi, et peut-être faudrait-il vacciner à une plus large échelle, mais il n’y a actuellement pas assez de vaccins disponibles ». 4 La prise de décision L’ONU a désigné David Gressly comme coordinateur pour l’urgence Ebola, mais il y a visiblement encore des efforts à faire. Il faut mieux coordonner la réponse tout en laissant les ONG travailler de façon souple, rapide et efficace. Pas simple. Quant à l’Organisation Mondiale de la Santé, critiquée lors de l’épidémie en Afrique de l’ouest, elle est plus impliquée mais il y aurait une confusion des genres entre ses fonctions de financement et ses propres activités opérationnelles.

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