Un militaire volontaire sur quatre abandonne l’armée

Ce dimanche, si vous choisissez d’assister à la parade militaire à Bruxelles, vos yeux ne seront pas écarquillés devant un homme-volant sur son « flyboard » ; Une animation, le 14 juillet dernier à Paris, qui avait fait le tour du monde. L’Armée belge ne devrait pas bénéficier d’une telle couverture médiatique. Elle compte pourtant sur le défilé militaire pour briller, alors qu’elle est confrontée à un défi de plus en plus pressant : renouveler ses rangs. [scald=26750454:sdl_editor_representation] C’est que 41 % des militaires prendront leur pension d’ici 2024. Ce qui oblige l’État à recruter massivement sur ces prochaines années : environ 2.000 engagements chaque année. « En 2019, nous comptons recruter 2.035 militaires dans le cadre actif. C’est également notre objectif pour 2020. De plus, tout comme en 2019, nous aurons 420 postes vacants pour la Réserve », explique la Défense. Au 1er janvier dernier, le taux d’occupation des fonctions militaires atteignait un plus bas historique, à 76,19 %. L’uniforme kaki ne ferait-il plus rêver ? Métiers en pénuries « Nous recherchons une centaine de profils différents », poursuit un porte-parole de la Défense. « Il s’agit bien sûr des fonctions de combat classiques (fantassins, paracommandos, pilotes de chasse, matelots, etc.) mais nous avons également besoin de techniciens, de personnel logistique, du personnel dans le secteur médical… » Voilà un premier écueil ! « Il s’agit de métiers en pénurie, donc difficiles à recruter. Ce sont les mêmes à la Défense que pour le secteur civil. » [scald=26750452:sdl_editor_representation] Au moment de présenter la parade militaire, mercredi dernier, au cours d’une démonstration ouverte à la presse, le sujet de la pénurie de main-d’œuvre était sur toutes les lèvres. « Tant pour la police que l’armée, l’un des principaux objectifs de cette fête est de se présenter au public, notamment pour favoriser le recrutement de policiers et de militaires », ont souligné les ministres de l’Intérieur et de la Défense, Pieter De Crem et Didier Reynders. « L’objectif est de faire de cette Fête nationale un grand événement populaire permettant à l’ensemble des citoyens de participer à un moment festif au cœur de la capitale », ont expliqué les organisateurs lors de cette conférence de presse au Cinquantenaire. Comme chaque année, l’armée sera présente à Bruxelles pour représenter toutes ses composantes. Et séduire. La cible : des jeunes femmes et hommes motivés et, si possible, qualifiés. [scald=26750453:sdl_editor_representation] L’Armée attire moins Un beau défilé du 21-Juillet ne suffira pas, à lui seul, à résoudre l’équation de l’armée. L’embauche de 2.000 personnes par an paraît déjà complexe – en tenant compte de la concurrence du secteur privé et du marché de l’emploi presque saturé en Flandre. L’équation devient carrément impossible lorsqu’on observe le désamour des jeunes pour l’uniforme. Seuls 2.300 jeunes étaient candidats à une carrière sous les drapeaux en 2017. Ils étaient encore plus de 5.000 au début de la décennie. Pire, tous les jeunes engagés ne vont pas au bout de leur formation. Des centaines de jeunes abandonnent chaque année. « Le taux d’abandon global en 2018 était de 16,1 % », révèle David Vandroogenbroeck du service presse de la Défense. Avec de fortes disparités selon le profil des soldats. Si le taux d’abandon reste contenu sous la barre d’une personne sur 10 pour les candidats officiers (8,1 %) et sous-officiers (9,3 %), il explose à 27,7 % pour les volontaires. Les matelots et soldats sont donc près de 3/10 à lâcher la carrière militaire pendant la formation de base. Inquiétant pour l’avenir. Les raisons de ces abandons précoces sont diverses : « Ils peuvent avoir trouvé un autre emploi ; La Défense ne correspond pas à leurs attentes ; ou bien la distance entre le domicile et le lieu d’instruction ou de travail est rédhibitoire », liste David Vandroogenbroeck. Plus simplement, c’est la Défense qui peut décider de mettre un terme à l’aventure, « suite à des insuffisances sur le plan professionnel, caractériel, physique ou médical en cours de formation ». Enfin certaines « recrues ont des difficultés d’adaptation au milieu militaire : discipline, obéissance à l’autorité, conditions climatiques difficiles, manque de confort, éloignement avec la famille ou le conjoint », avance le porte-parole de l’Armée. 2,4 milliards réclamés Conscient du défi du recrutement (entre autres défis) le chef de l’armée belge, le général Marc Compernol, a réclamé 2,4 milliards d’euros supplémentaires au cours de l’actuelle législature, dans une interview accordée à l’agence Belga ce vendredi. « Je réalise qu’il s’agit de beaucoup d’argent mais c’est un héritage du passé », a-t-il souligné. « S’il n’y a pas de hausse du budget, cela aura un impact sur l’output de la Défense, principalement en termes de participation aux opérations à l’étranger », a averti le général. Le plus haut gradé de notre armée souhaite donc aller plus loin. Avec une idée : construire « à terme, des nouvelles casernes » dans des zones où de la main-d’œuvre est disponible – pour favoriser le recrutement régional – et/ou la collaboration avec des écoles ou l’industrie ce qui pourrait déboucher des opérations « gagnant-gagnant ». En deux mots : engagez-vous ! L’armée (va) recrute(r).

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