Etats-Unis: Jeffrey Epstein, milliardaire pédocriminel, sévissait entre New York, Paris et la Floride

C’est en débarquant de son jet privé, opportunément baptisé « Lolita Express », que le milliardaire américain Jeffrey Epstein a été interpellé à New York le 6 juillet. Il revenait de Paris, où il possède un hôtel particulier dans le 16e arrondissement… qu’il ne devrait pas retrouver de sitôt. Le quinquagénaire à la chevelure argentée a en effet été inculpé de pédophilie et risque une très lourde peine de prison outre-Atlantique. Epstein est accusé d’avoir tissé une toile de dizaines de victimes entre 2002 et 2005, à New York et Palm Beach en Floride, tout près de la résidence du président Donald Trump de Mar-a-lago. Le modus operandi était bien rôdé : prêt à tout pour assouvir ses besoins sexuels d’un genre particulier, le natif de Brooklyn disposait d’une véritable armée de recruteuses, souvent à peine plus âgées que les cibles désignées, des collégiennes ou lycéennes âgées parfois de quatorze ans à peine, en général issues « de milieu défavorisé », « moins bien dotées économiquement », selon le procureur fédéral de Manhattan, Geoffrey Berman. [scald=26767938:sdl_editor_representation] Et les cibles se faisaient appâter en apprenant qu’Epstein pourrait lancer leur carrière d’artiste. A condition de se soumettre sexuellement à leur bourreau, qui les voulait nues avant de se livrer à des attouchements, puis des pénétrations, dans une salle de « massage » pourvue de bibelots, tableaux suggestifs et sex-toys à profusion. Réseau tentaculaire Approchée « en douceur » par une recruteuse en 2001, à deux pas de la résidence d’Epstein dans l’Upper East Side new-yorkais, Jennifer Araoz a confié à NBC son calvaire. Aujourd’hui âgée de 32 ans, elle fut violée à 15 ans par Epstein, après avoir en vain refusé ses avances. « J’étais terrifiée et je lui disais d’arrêter », précise-t-elle. « Il ne s’est pas arrêté. Il n’avait aucune intention de s’arrêter ». Une autre victime, Virginia Roberts, agressée en 1999, a bien tenté de quitter son tourmenteur, mais redoutait de se faire assassiner ou enlever. « J’ai toujours su qu’il en était capable si je ne lui obéissais pas », confesse-t-elle. « J’avais très peur ». Epstein consigne les données personnelles de ses « conquêtes » dans un petit carnet noir, qui contiendra plus de cent noms, et sert à « fournir » d’autres clients, célèbres et fortunés, qu’Epstein peut si nécessaire faire chanter. Ce réseau tentaculaire étendait-il ses ramifications jusqu’en France ? C’est ce qu’affirme le site Gawker, bien que le parquet de Paris n’ait pas ouvert d’enquête officiellement. [scald=26767937:sdl_editor_representation] L’actuel président des Etats-Unis fait-il partie de ce réseau ? « Un type génial », disait d’Epstein Donald Trump en 2002. « C’est quelqu’un avec qui on s’amuse bien. Il aime autant que moi les belles femmes. Plutôt dans la catégorie jeunes ». Cette pédocriminalité remonte loin en arrière. Ancien professeur de mathématiques dans un lycée privé new-yorkais, Epstein s’associe dans les années 1970 à une banque d’investissement. Puis il crée sa société financière dans les années 1980. Le riche trader, au physique souvent comparé à celui du designer Ralph Lauren, fréquente des chefs d’État, des banquiers, des personnes de la haute société tels que le prince Andrew. Soirée endiablée avec Trump... Epstein était dans le collimateur de la justice américaine depuis 2005. Cette année-là, il avait été poursuivi une première fois pour abus sexuels sur mineures. Quarante jeunes filles avaient alors été identifiées comme victimes du milliardaire. Mais, en 2008, ce dernier négocie un compromis avec le procureur fédéral de Floride Alexander Acosta, qui va lui sauver temporairement la mise. Pas de procès, et seulement 13 mois de prison, durant lesquels il est autorisé à travailler six jours sur sept. Le scandale éclate après le 6 juillet, tandis qu’Epstein croupit au Metropolitan Correctional Center (MCC), une prison fédérale du sud de Manhattan se dressant au bord de l’East River, tout près du pont de Brooklyn. Son « protecteur », Alexander Acosta, est devenu entre-temps ministre du Travail dans l’Administration Trump. Il démissionnera, contraint et forcé, tandis que Donald Trump, lui, nie avoir jamais vraiment fréquenté son voisin de Palm Beach, malgré ses déclarations de 2002 et des archives télévisuelles accablantes les présentant bras dessus bras dessous lors d’une soirée endiablée à Mar-a-lago en novembre 1992. Libération sous caution rejetée Jeffrey Epstein, de son côté, présente le 15 juillet une demande de libération sous caution de plus de 100 millions de dollars, assortie d’une assignation à résidence et du port d’un bracelet électronique. La requête est rejetée trois jours plus tard par le juge Richard Berman. Le procureur, explique Berman dans son avis, a « établi le danger (que présente l’accusé) pour les autres et la société », ainsi qu’un risque tangible de fuite à l’étranger pour échapper à une incarcération. Dans la nasse, le milliardaire a-t-il alors essayé de mettre fin à ses jours ? Le 24 juillet, il est retrouvé à moitié conscient dans sa cellule, présentant des marques de blessure au cou similaires à une tentative de pendaison. A moins qu’il ne s’agisse d’une agression. Même derrière les barreaux, les pédophiles ne sont pas populaires.

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