Valérie Bonneton à l’Intime Festival: «Ce n’est que de la joie!»

Quand Benoît Poelvoorde a inauguré le premier Intime Festival à Namur, « sa » ville, en 2013, sans doute avait-il l’envie de le prolonger au-delà d’une seule édition, mais se doutait-il qu’on en serait six ans plus tard, à la septième ? Au septième chapitre, comme il dit joliment avec ses complices Chloé Colpé et Sylvie Baillul. Aujourd’hui, Benoît en a laissé la direction à Chloé Colpé mais il reste incroyablement présent pour conseiller, proposer, partager ses lectures et ses coups de cœur. [scald=26813039:sdl_editor_representation] Valérie Bonneton pour lire Aki Shimazaki ? C’est Poelvoorde qui le lui a demandé, sur le tournage de Venise n’est pas en Italie, où ils partageaient l’affiche. « On s’entend très très bien », confirme l’actrice française. « Il a pensé que ce livre me correspondait. Il sait que j’aime beaucoup la nature et ce livre se déroule dans une petite ferme bio. Le lien avec la nature est très fort dans ce roman, que je trouve très beau, qui m’a beaucoup touché. » L’Intime Festival ne propose pas que de la littérature. Il s’adresse aussi aux amoureux du dessin, de la musique, de la photographie, du théâtre. « La littérature n’est pas en vase clos », explique Chloé Colpé. « Elle s’inspire de et elle inspire toutes les formes artistiques. Il faut décloisonner. Tout en gardant l’envie de maintenir les grandes lectures en toute sobriété. Pas question de mélanger pour mélanger. » [scald=26813040:sdl_editor_representation] Voilà pourquoi il y a une exposition de Vincent Sardon, une rencontre avec l’architecte Rudy Ricciotto, de la BD avec un documentaire sur Yves Chaland, de la musique avec CharlElie Couture, du théâtre, etc. Mais, bien sûr, c’est la littérature qui est la plus mise en valeur. Avec Jackie Berroyer lisant Russel Banks, Johan Leysen lisant Jeroen Olyslaegers, Marianne Denicourt lisant Bérengère Cournut, Mathieu Amalric lisant Philippe Lançon, etc. Beaucoup d’écrivains seront sur scène : Jeroen Olyslaegers, Donal Ryan, Bérengère Cournut, Florence Aubenas, Lisa Harding, Charly Delwart (lire par ailleurs), Yamina Benhamed Daho, Patrick Corillon, Lieve Joris, Samy Langeraert, Simon et Capucine Johannin, etc. Valérie Bonneton lira donc Fuki-no-tô d’Aki Shimazaki. Cette écrivaine japonaise installée au Québec depuis de nombreuses années écrit en français des romans courts et denses, poétiques et intimes, audacieux. Le fuki-no-tô, c’est une plante dont on récolte les bourgeons délicats et savoureux pour les cuisiner, frits, en tempura. La jeune Atsuko exploite une ferme biologique dans la campagne nippone. Pour l’aider, son mari embauche une femme, la belle Fukiko. Une ancienne amie d’école. Des sentiments vont les lier. Et ce sont ses sentiments qu’Aki Shimazaki étudie. Un roman qui a beaucoup transporté la comédienne française Valérie Bonneton. Vous faites souvent des lectures publiques ? Non, je ne fais pas ça souvent mais j’aime lire, j’adore ça. Quand j’étais petite, je lisais à voix haute. C’est un exercice qui me plaît. Après le conservatoire, j’avais fait des lectures pour France Culture au Festival d’Avignon, j’avais lu Zelda Fitzgerald. On vous connaît surtout comme actrice dans des comédies populaires. Le roman d’Aki Shimazaki est loin de ça. Vous allez surprendre les spectateurs. Peut-être. Je ne sais pas. Moi je ne vois pas les choses comme ça. Je fais rire, en tout cas, c’est ce que les gens disent. Mais J’ai fait le conservatoire et j’ai toujours fait autre chose. Là en janvier, je ferai le film de Marthe Dugain, Eugénie Grandet, avec Olivier Gourmet, et ce n’est pas du tout une comédie. J’ai vraiment envie de faire des choses différentes. Ou alors il faut que ce soit une excellente comédie avec de bons partenaires comme Benoît, alors là oui. Ce n’est pas que je n’ai plus envie de faire rire, pas du tout, mais j’ai envie de faire des choses différentes. C’est un exercice difficile, la lecture en public ? Certainement, mais c’est comme jouer : c’est le plaisir. Si on prend du plaisir, on en donne tout de suite. Comment vous préparez-vous à cette lecture ? J’ai lu le livre, j’ai relu plusieurs fois le passage que je vais lire, et j’y pense, je pense aux personnages. C’est comme un travail d’interprétation, comme pour un film, c’est presque inconscient. Je pense à certains passages qui m’ont touchée, à la beauté. Et puis après, ça reste une lecture, si c’est trop travaillé, c’est dommage. On lit ou on interprète un texte ? Les deux. Mais il ne faut pas que ce soit trop préparé. C’est comme la musique, on connaît le morceau, et on est quand même surpris de ce qui se passe. Si je sais exactement comment je vais le lire, c’est très ennuyeux. C’est comme l’interprétation : si on sait exactement comment on va jouer, ce n’est pas intéressant du tout. Ce ne sera jamais très surprenant, jamais très vrai surtout. Moi j’ai besoin que ce soit vrai. Et de trembler moi-même de ce que je raconte et d’être surprise par le personnage. C’est délicat, c’est fragile. C’est comme les fuki-no-tô, des plantes rares et fragiles. Vous n’avez pas le trac tout de même ? Non, ce n’est que de la joie. Samedi 24 août 18 h 45, grande salle

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