Marc Coudron au «Soir»: «Le manque de combativité des Red Panthers m’a agacé»

Très déçu par la défaite et surtout par la manière, Marc Coudron ne remet en aucun cas en question tout ce qui a été mis en place autour des Red Panthers et des générations futures du hockey féminin. Marc Coudron, que vous inspire l’élimination des Red Panthers après leur défaite contre l’Espagne ? Une grande déception et une certaine forme d’agacement car elles n’ont tout simplement pas joué ! Bravo à l’Espagne pour sa prestation et sa victoire, mais ne pas se ménager une seule occasion contre une équipe pareille dépasse l’entendement. On ne jouait tout de même pas contre les Pays-Bas ou l’Argentine, que je sache. D’ailleurs, je le répète, on ne jouait pas, tout simplement : on a eu droit à un festival de mauvaises passes, d’approximations, de contrôles ratés, et surtout de jeu individuel plutôt que collectif. A un moment, j’avais l’impression que les Espagnoles étaient à 15 et les Belges à 5 sur le terrain ! Et au quatrième quart-temps, elles ont oublié que le hockey était un sport collectif. Ça manquait d’engagement aussi ? C’est sans doute ce qui m’a le plus déçu. Car perdre ou moins bien jouer, cela fait partie du sport. Mais il faut alors compense par une belle combativité. Et là, je n’ai rien vu. Même à trois minutes de la fin, je voyais des filles aller chercher la balle en marchant vite alors que j’aurais voulu les voir s’arracher pour aller chercher ces balles. Ça, c’est inacceptable ! Vous semblez très remonté… Mais je pense pouvoir l’être car je suis et je resterai le premier défenseur du hockey féminin. Et à ce titre, je pense avoir le droit de m’exprimer aussi quand les choses ne vont pas. Les filles sont-elles les seules à blâmer ? Que dire du staff ? Il n’a visiblement pas trouvé les bons mots à la mi-temps, par exemple. Je pense que les filles seront les premières à reconnaître que ce sont elles qui étaient absentes sur le terrain. Comme je l’ai dit, quand on respecte le hockey féminin comme je le respecte, il faut aussi pouvoir reconnaître quand ça va moins bien. Mais il ne faut pas pour autant tout remettre en question sur un seul match. Voilà la qualification pour les JO retardée… On savait les chances de se qualifier ici très ténues. Cette défaite ne remet donc rien de fondamental en question. La seule chose que l’on sait, c’est qu’on jouera une équipe compliquée, proche du niveau des Red Panthers, et que ce sera une énorme bataille. Celles-ci devront montrer qu’elles ont leur place aux Jeux. Et je suis toujours fermement convaincu qu’elles ont leur place aux Jeux. Même en devant désormais jouer loin d’ici ? Je dirais plutôt que si je dois me référer au match de mercredi, ce sera peut-être un avantage de jouer à l’extérieur (rires). Plus sérieusement, souvenons-nous d’ailleurs qu’en Nouvelle-Zélande ou en Australie, par exemple, elles ont souvent très bien joué. Reste d’abord à finir ce tournoi-ci. Exactement ! Et je les vois sortir la tête haute, avec deux victoires et un maintien dans le groupe A. Et dans deux mois, on jouera cette qualification olympique, comme prévu en fait. L’éventualité d’un échec existe tout de même. Celui-ci pourrait-il remettre en question le projet féminin ? En aucun cas. Nos filles progressent, on l’a vu à la Pro League en particulier, où elles ont raté de très peu l’occasion de rejoindre le top 4. Il ne faut pas tout jeter parce qu’elles ont eu un mauvais match. Les jeunes qui ont rejoint l’équipe sont à la hauteur et, comme chez les garçons, les générations futures sont également très prometteuses. L’avenir du hockey féminin est assuré. Et aussi prometteur que celui des Red Lions ? Souvenez-vous : ceux-ci non plus n’ont pas connu une progression linéaire vers les sommets qu’ils occupent désormais. Avant d’être champions du monde, ils ont aussi connu des non-qualifications (Coupes du monde 2006 et 2010) ou des contre-temps, comme les 5e places au Mondial 2014 et à l’Euro 2015. Un an plus tard, ils étaient vice-champions olympiques, puis vice-champions du monde, sans compter leurs parcours à l’Euro qu’ils espèrent enfin ponctuer d’un titre cette année. Je ne dis pas que les filles vont suivre la même trajectoire tout de suite, mais tout est en place pour qu’elles puissent y arriver un jour. Nous n’avons jamais construit sur du sable, et jamais autour d’une seule équipe. Ne craignez-vous pas de voir certains sponsors s’impatienter ? Non. Notre sport grandit (50.000 affiliés) et continue à véhiculer de magnifiques valeurs, comme notre récente campagne de pub sur le hockey féminin l’a démontré. Cette campagne a donné une formidable image de ce sport, mais surtout des femmes, car je pense que ce message dépassait précisément les simples valeurs sportives. Il reste donc pour nous très important de continuer à investir et à développer le hockey féminin.

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