Simon Gougnard au «Soir»: «En dehors du monde du hockey, les Red Lions ne sont pas des stars»

Les Red Lions viennent d’être sacrés champions d’Europe de hockey, un an après leur titre mondial et trois après leur médaille d’argent olympique. Marc Coudron, président de la Fédération belge de hockey, et Simon Gougnard, joueur de l’équipe belge, évoquent notamment les valeurs du hockey et le quotidien des hockeyeurs. [scald=26833140:sdl_editor_representation] Simon, que vous ont rapporté tous ces titres ? S.G. Aucun bonus, si ce n’est celui mis en œuvre par un sponsor qui avait parié sur notre succès à la Coupe du monde, mais que nous n’avons pas encore touché. Il devrait s’élever à 5.000 euros brut par joueur. Sinon, en club, chacun négocie son contrat, tandis qu’en équipe nationale, nous avons un barème qui nous fait gagner entre 1.200 et 2.000 euros par mois. Je pense vraiment que la motivation des joueurs n’est pas l’argent. Nous parvenons quand même à subvenir à nos besoins grâce au hockey. Nous pouvons vivre de notre passion, et c’est bien là l’essentiel. On joue vraiment pour le plaisir. Décrivez-nous une semaine type ? S.G. Jusqu’à récemment, mes semaines étaient rythmées par mes études. Je suis maintenant diplômé, et j’ai un contrat avec Deloitte qui m’offre beaucoup de liberté et me permet de remplir des missions ponctuelles quand j’en ai le temps. Aussi, ma vie tourne autour du hockey. En période de compétition internationale, on va s’entraîner du lundi au jeudi avec les Red Lions, puis le vendredi avec son club, avant de jouer le dimanche le match de championnat. Et en dehors de ces périodes, on s’entraîne un peu plus en club. A côté de cela, nous avons également un programme physique individuel. Cela va encore s’intensifier en vue de Tokyo. Ce sera un luxe ! Marc, le hockey va-t-il pouvoir continuer comme ça, sans céder aux folies des grandeurs, s’il continue pourtant à se développer ? M.C. Je pense qu’on commet l’erreur de comparer ce que gagnent nos joueurs avec ce qui se passe dans le foot, et encore, pas à tous les niveaux du foot, car à côté des « happy few » qui gagnent des fortunes, il y a des milliers de footballeurs qui ne gagnent pas plus que ça. Pour le reste, beaucoup d’autres sportifs sont au même régime que nos hockeyeurs. Demandez à Nina Derwael ou à des judokas. Comme le dit Simon, ce qui les motive avant tout, c’est de jouer entre top joueurs. Ça doit juste être jouissif de se retrouver entre tous ces gars qui ont un tel niveau. Et je comprends donc leur bonheur. Dans le monde du hockey, ces joueurs sont des stars ? S.G. Oui, dans le monde du hockey, c’est exact. En dehors, pas vraiment, pas encore. On prend un peu plus de popularité. Mais c’est bien, car comme ça, on garde les pieds sur terre. Cette popularité augmente aussi grâce au fait que ce tournoi a été retransmis sur la télé publique. Nous en avons profité pour faire quelques vidéos didactiques sur le hockey. Le but était aussi de toucher des personnes qui ne connaissaient rien à ce sport. Et puis le scénario de notre match contre l’Allemagne et notre victoire en finale ont offert de belles émotions au public. Simon, que diriez-vous à enfant qui a envie de faire du hockey ? S.G. Je lui dirais ce que l’on démontre actuellement : quand on veut on peut. A mes débuts, on ne parlait même pas de JO. Et c’est en travaillant qu’on y est arrivés. Il faut continuer à bosser, et même mener des études parallèlement à du sport de haut niveau, c’est quelque chose de parfaitement compatible, à condition de le vouloir et de faire les sacrifices pour y arriver. Quelles sont les valeurs du hockey ? M.C. Ce sont des valeurs partagées par beaucoup de sports. Le respect, le fair-play, la tolérance, la convivialité. Des valeurs que les joueurs dégagent sur le terrain. Et la compétition là-dedans ? S.G. L’esprit de compétition est bien là ! Marc le disait, le premier mot qui me vient à l’esprit c’est respect. Cela se voit dans les clubs, avec l’équipe nationale. On ne va pas commencer à crier sur un arbitre dans un club où personne ne le fait. C’est un beau sport avec le respect avant tout. Au niveau personnel, vous venez de changer de club : l’effet Red Lions ? S.G. C’est clair que les Red Lions sont fort sollicités. Personnellement, je voulais relever un nouveau défi. J’ai signé pour trois ans. On ne se fait pas acheter comme au football. Avez-vous un agent ? S.G. Non, je n’ai pas d’agent au contraire de certains autres en équipe nationale qui commencent à en avoir. Mais les transferts se passent de manière très saine.

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