«La vie scolaire» en classe tous risques

Ces derniers temps, à propos de l’enseignement en France, on a notamment pu lire nombre d’articles traitant de la discipline dans les classes et du manque de formation des profs à cet égard. A l’heure où les deux réalisateurs ont entamé l’écriture d’une série, voilà La vie scolaire rattrapée par l’actu ! Mais leur point de départ était ailleurs… Mehdi Idir On s’est vraiment inspirés de nos années collège, parce qu’on les a aimées. L’éducation, la jeunesse, ça nous intéresse, et cette période du collège est une période charnière entre l’adolescence et le début de l’âge adulte. C’est là où tout se joue, on trouvait ça intéressant. Et surtout, on avait énormément d’anecdotes qui se sont retrouvées dans le film. Après, on a eu cette idée d’entrer dans un collège via l’histoire d’une CPE (NDLR : Conseillère principale d’éducation), parce qu’elle se trouve un peu entre les profs, les élèves, les parents d’élèves, et ça permettait de développer pas mal de personnages. La CPE a pour tâche « d’individualiser le rapport entre l’élève et l’école », et au début du film, on se dit qu’elle va juste se faire manger toute crue. Fabien Marsaud C’est un métier intéressant justement parce qu’il individualise, il humanise le contact. Le CPE a peut-être plus de temps qu’un prof pour essayer de comprendre l’élève, de par son parcours, sa famille, son environnement social… C’est ce côté social qu’on trouvait super-intéressant, et il y a quelque chose de très social dans ce film. Vous avez autant dirigé des comédiens confirmés que de purs amateurs. FM Pour certains rôles adultes, comme le surveillant pour Alban Ivanov, on a écrit sur mesure. On avait envie de faire jouer nos potes, ou ceux qui étaient dans notre premier film. Pour Zita (NDLR : Zita Henrot, la CPE), ça a été une évidence lors du casting. Le gros enjeu, c’était les élèves : aucun n’avait la moindre expérience de théâtre ou de cinéma. On a ouvert une antenne de la Maison de la Jeunesse et de la Culture, où on a eu de plus en plus de monde. Evidemment, on a pris énormément de jeunes du quartier, de la cité en face, tous les figurants sont du collège… On avait envie de faire vivre le collège, le quartier. Dans une suite hypothétique, Yanis travaille finalement dans le cinéma ? MI Il est réalisateur, peut-être, oui… Mais on n’a pas trop pensé à ça, on aime bien ce truc de fin un peu entre les deux, que certains pourraient trouver triste et d’autres plein d’espoir. Son petit sourire, c’est plutôt positif ? FM En même temps, il se retrouve en Segpa (NDLR : Section d’enseignement général et professionnel adapté), la classe des inadaptés scolaires, alors que visiblement, il a plein de capacités. On pourrait se dire que c’est un énorme gâchis. Un avis sur ces « classes pour inadaptés » ? FM Heureusement qu’elles existent, parce que certains doivent y être. Ce n’est pas une critique : ils ne sont pas plus bêtes que d’autres, mais le système scolaire ne leur convient pas. Ce qu’explique le prof de math dans le film. Ils ont des capacités mais il faut une autre méthodologie, une autre approche pour les exploiter. Le problème, c’est peut-être ces autres classes, comme la 3e SOP, la « Sans Option » : elles ne sont pas censées être des classes « poubelles », elles sont pleinement dans le système classique, mais on y regroupe tous ceux qui ont des difficultés, et qui en avaient déjà au stade précédent. C’est ce que soulève Yanis au Conseil de discipline : ces classes-là ne devraient peut-être pas exister, le système scolaire devrait absolument essayer à chaque fois, à chaque 6e, 5e, 4e, de rendre les classes « mixtes », avec des fers de lance et des gens ayant plus de difficultés, plutôt que regrouper ainsi tous les « fous ». Vous vous demandiez aussi à quoi pouvait bien servir tout ce qu’on vous enseignait ? FM Je pense qu’il n’y a pas un élève à peu près bien fait dans sa tête qui ne se pose pas la question. Quand tu as 13, 14 ans, résoudre des fractions ou des équations, c’est un peu compliqué d’imaginer que ça peut te servir dans la vie.

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