WorldSkills: le métier d’imprimeur face à la digitalisation

Au WorldSkills, le mondial des métiers manuels, techniques et technologiques qui se déroule actuellement à Kazan en Russie, certains métiers traditionnels en compétition font l’objet de profondes évolutions. C’est le cas de l’imprimerie, Clément Dernoncourt représente notre pays dans cette discipline. Dans la catégorie imprimerie au WorldSkills, les compétiteurs évoluent sur des machines qui se situent bien loin de l’image de la presse mécanique aux caractères mobiles et métalliques inventée par Gutenberg. L’heure est maintenant à la digitalisation presque totale du métier, un aspect qui a donné du fil à retordre à notre représentant dans cette catégorie, Clément Dernoncourt. « Je n’ai pas l’habitude de travailler avec le logiciel qui est utilisé ici sur les machines. Je me suis familiarisé avec ce logiciel il y a à peine un mois, en regardant des vidéos. Toutes les épreuves sur les presses numériques représentent donc un vrai défi pour moi. Ajouté au stress, au niveau qui est demandé et au temps dont on dispose pour tout effectuer, le début de la compétition a été un peu compliqué pour moi », confie le Belgo-Français frontalier, originaire de Wattrelos, dans le nord de la France. Faire preuve de minutie Un début de compétition en demi-teinte qui n’a cependant pas découragé le jeune homme de 21 ans, d’autant que nombreux de ses concurrents ont, eux aussi, collectionnés les déceptions. Clément s’est lui ressaisit, en partie grâce aux nombreuses autres qualités qu’il possède. « J’ai étudié l’imprimerie à l’Institut Saint-Luc à Tournai où j’ai eu l’occasion de me former sur des anciennes machines avec des caractères en plomb. C’est un métier complexe, très technique. Ça m’a permis de développer une certaine minutie qui est un atout majeur dans cette compétition », estime Clément. Le représentant de la Wallonie picarde excelle également dans les épreuves de presse à quatre ou deux couleurs ainsi qu’en colorimétrie. Un savoir-faire qu’il s’est efforcé de perfectionner pendant tout l’été avant de se lancer dans la compétition à Kazan. « J’ai quitté la maison pendant deux mois pour me préparer au mieux. J’ai suivi deux semaines de formation au Cepegra (le centre de formation du Forem) à Gosselies. J’y ai principalement travaillé tout ce qui concerne la teinte, le mélange de couleurs mais aussi la maintenance puisqu’un imprimeur doit aussi être capable de solutionner les pannes sur les machines. Je suis ensuite parti en Allemagne, où j’ai pu rencontrer tous mes concurrents, avant d’effectuer un mois de formation avec mon coach Julien Darmont au sein de l’imprimerie de la province de Namur pour perfectionner ma technique en quadrichromie », développe le compétiteur belge. Un ancien compétiteur en guise d’expert Le soutien de son expert lui est précieux puisque Julien Darmont n’est autre qu’un ancien compétiteur. « Je comprends Clément mieux que quelqu’un qui n’a pas été en compétition, c’est une vraie force », affirme l’imprimeur qui avait représenté la Belgique à São Polo en 2015. Clément a 16 épreuves à effectuer en quatre jours et ne peut disposer que de 20 minutes tous les matins pour faire le point avec son expert. « Ce n’est vraiment pas évident, ça nous laisse très peu de temps pour passer en revue ce qu’il doit faire, à quoi il doit faire attention. Mais il est très consciencieux et concentré. Il assimile tout très vite, je n’ai pas besoin de lui répéter deux fois. C’est une de ses grandes forces », assure Julien Darmont. Clément et les 15 autres compétiteurs belges vivent ce lundi leur dernier jour de compétition à Kazan. Et si tous rêvent de décrocher une médaille, c’est avant tout la fierté du chemin parcouru vers cette excellence qu’ils peuvent garder en mémoire.

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