«Gouverner n’a pas été un frein pour ces partis contrairement à ce que l’on pense»

Anaïs Voy-Gillis estime que ces partis, de la Ligue au FPÖ autrichien en passant même par le Vlaams Belang, ne souffrent pas de l’exercice du pouvoir, contrairement à ce que l’on pense traditionnellement. Salvini et Johnson ont-ils commis les mêmes erreurs ? La situation n’est pas du tout la même. Dans un cas, il s’agit d’un coup politique dans l’espoir de gouverner seul ; dans l’autre, d’une tentative d’accélérer le processus du Brexit avec une sortie sans accord. Matteo Salvini a décidé de mettre fin à la coalition avec la Ligue en raison de désaccords avec le M5S, des bons résultats de la Ligue aux élections européennes et sûrement aussi parce qu’il a sous estimé la capacité du M5S et du PD à s’entendre. Boris Johnson est un fervent opposant de l’UE depuis des années (Cf. la biographie qu’il a écrit sur Churchill). Il est partisan d’une sortie de l’UE sans accord, donc il a voulu forcer ce choix en bloquant la capacité d’action du Parlement, même si cela revenait à entraver l’expression de la démocratie. Outre Sträche tombé à cause d’un scandale en Autriche, est-ce que l’exercice du pouvoir à un niveau fédéral a été bénéfique à des partis comme la Ligue italienne et le FPÖ en Autriche ? Le FPÖ n’a pas perdu de voix à cause de son exercice du pouvoir mais à cause des révélations sur la Russie. Il y a une crainte du pouvoir russe chez de nombreux citoyens et cela est perçu comme une entente avec une puissance étrangère. Mais c’est ce point qui est questionné, pas le travail fait dans le cadre de la coalition. La Ligue et Matteo Salvini sont appréciés par les Italiens, notamment parce que Matteo Salvini a donné le sentiment qu’il tenait ses engagements électoraux. Et pour la N-VA ? Le style Francken a été largement comparé à celui d’un Trump par exemple. L’exercice du pouvoir n’a pas été un frein pour ces partis contrairement à ce que l’on pense traditionnellement. La N-VA est arrivée en tête des élections européennes. Le deuxième parti était également un parti d’extrême droite puisqu’il s’agissait du Vlaams Belang. Existe-t-il des points communs, en matière de style de gouvernance, entre tous ces leaders populistes de droite et d’extrême droite : Salvini, Johnson, Francken, Strache ? Bien entendu il y a des convergences dans le style : outrancier dans les propos, volonté de limiter les échelons entre le peuple et son représentant, rejet des migrants et du multiculturalisme… Le FPÖ a été plus discret car son partenaire de coalition était beaucoup plus solide et ferme face à lui que ne l’est le M5S face à la Ligue.

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