Bruxelles: les syndicats au forcing sur le statut des agents locaux

Une rentrée sur des charbons ardents. Voilà ce qu’ont annoncé en chœur les trois formations syndicales réunies ce lundi en front commun pour exprimer leur ras-le-bol sur un dossier qui patine depuis plus d’un an : l’amélioration sensible des conditions de travail des agents des pouvoirs locaux qui officient dans les 19 communes et CPAS de la Région bruxelloise. Ce dont il s’agit ici, c’est de la poursuite d’un dossier amorcé au cours de l’année écoulée, avec la rédaction puis la transmission d’un mémorandum sur le sujet à l’intention du ministre-président, sur la base de travaux réalisés au sein du comité C, plateforme de négociation entre les autorités publiques et les syndicats. En priorité, les représentants des travailleurs y réclament une revalorisation barémique pour tous les travailleurs des pouvoirs locaux bruxellois, qui serait calquée sur les niveaux de rémunération dans l’administration régionale – où les barèmes ont été revus à la hausse au cours de la législature précédente –, ou au moins sur les échelles en vigueur au nord et au sud du pays. [scald=26870562:sdl_editor_representation] Dans ce cadre, ils demandent notamment à ce que l’ensemble des agents de niveau E (soit le niveau le plus faible) soient supprimés, ou plutôt revalorisés en niveau D. En effet, le niveau E a déjà disparu au niveau régional, mais pas local. Résultat : « Etre balayeur avec un statut communal ou régional, c’est donc faire le même métier mais avec un barème tout à fait différent », dénonce le front commun. Des inégalités qui pèsent d’autant plus lourd qu’à l’échelle bruxelloise, les agents de niveau E représentent la plus large catégorie de travailleurs communaux (28 % du nombre total d’agents des pouvoirs locaux). Cela signifie aussi que revaloriser l’emploi public au niveau local aura un impact budgétaire non négligeable. Sachant que les échelles barémiques régionales sont actuellement 13,93 % supérieures aux locales, le coût d’un alignement s’élèverait à 178,45 millions d’euros, selon les calculs réalisés au sein du comité C. Dans un contexte budgétaire peu favorable, voilà qui vient poser un sérieux défi à la Région, mais également aux communes. Car « ce n’est pas que l’étage régional qui financera ces mesures, mais aussi les communes qui devront mettre la main à la poche », préconise Benoît Lambotte, secrétaire régional CSC. Un trou dans l’accord Néanmoins, les syndicats estiment avoir de bonnes raisons d’y croire. Notamment parce qu’ils disent avoir reçu des engagements fermes de la part de Rudi Vervoort, ministre-président (PS), juste avant les élections de mai dernier, à la condition que ce dernier parvienne à former une « majorité progressiste ». La déception syndicale n’en aura été que plus grande à la lecture de la nouvelle déclaration de politique régionale remise en juillet dernier. « La seule chose qui y est évoquée, c’est la création d’un second pilier de pension pour les agents contractuels », déplore Benoît Lambotte, de la CSC. Le passage en revue du texte en question lui donne effectivement raison, si l’on exclut une petite ligne sur la volonté d’accélérer la statutarisation des agents contractuels. Et ce vide dans l’accord de gouvernement passe d’autant plus mal que la « valorisation du statut des bourgmestres, échevins et présidents de CPAS », elle, s’y trouve bel et bien, comme le relève Carine Rosteleur, secrétaire régionale CGSP. [scald=26870563:sdl_editor_representation] Avis de grève En réaction, les syndicats expliquent avoir déjà entrepris deux actions concrètes, avec l’envoi durant l’été de courriers au ministre-président mais aussi aux 19 bourgmestres dans l’objectif de voir le dossier remis au-devant de la scène. Reste que l’interlocuteur principal, à l’échelon régional, ce n’est désormais plus Rudi Vervoort. Ce dernier a en effet transmis sa tutelle sur les pouvoirs locaux à Bernard Clerfayt (Défi) en juillet dernier. Un changement d’interlocuteur de bon augure ? Pas vraiment, selon la CGSP. « Il faut savoir que lorsqu’on a fait le tour des communes l’an dernier pour sensibiliser les bourgmestres, la seule qui ne nous a pas permis de prendre la parole dans le cadre d’une interpellation au conseil communal, c’est Schaerbeek », tance Carine Rosteleur, annonçant que le dialogue sera sans doute compliqué. Revendications « légitimes » Voilà donc le nouveau ministre en fonction accueilli chaudement. Reconnaissant les revendications des syndicats comme « légitimes », le bourgmestre empêché de Schaerbeek se dit néanmoins prêt à s’emparer du dossier dans un avenir proche. « Je vais demander une note à Bruxelles Pouvoirs locaux en vue de remettre le sujet sur la table du gouvernement », glisse-t-il, tout en laissant entendre qu’il ne faut sans doute pas s’attendre à un geste unilatéral de la part de la Région. « Comme vous le savez, la situation budgétaire régionale n’est pas moins tendue que celle des communes. » Et Bernard Clerfayt de souligner que sous la législature précédente, des moyens supplémentaires ont d’ailleurs été accordés aux communes en vue de revaloriser les agents de niveau C et D. Soit une augmentation de 6 millions en 2019, et une autre de 7 millions prévue en 2020. Quoi qu’il en soit, le front commun prévoit d’ores et déjà d’augmenter la pression au cours des prochaines semaines. Dans un premier temps, des appels à mener des arrêts de travail ponctuels de deux heures seront lancés en vue de « remobiliser les forces ». Une manifestation devant l’hémicycle régional est également au programme de la rentrée parlementaire. Mais les syndicats n’excluent pas non plus de recourir à au moins une journée de grève si la machine tarde à se remettre en marche.

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