«Twyxx», un spectacle dans le coup(le)

Le titre de leur nouveau spectacle, Twyxx , a beau évoquer deux barres chocolatées amoureusement enlacées dans leur emballage, Mercedes Dassy et Tom Adjibi éparpillent d’emblée quelques miettes en croquant au centre du biscuit, laissant couler le caramel de la discorde. Quand on leur demande si la pièce traite en somme de la difficulté d’être en couple, l’un hoche la tête d’un air hésitant tandis que l’autre le houspille : « Comment peux-tu dire que c’est difficile d’être en couple ? C’est trop péjoratif ! » Finalement, les deux se mettent très vite d’accord : « C’est surtout difficile quand il y a de l’amour, tempère Mercedes Dassy. Si on ne s’aime pas, on se barre, et c’est fini. Quand il y a de l’amour, c’est plus compliqué, intense. » [scald=26975896:sdl_editor_representation] D’un côté, Tom Adjibi a marqué récemment les esprits en interprétant Ihsane Jarfi dans La Reprise de Milo Rau, reconstituant le meurtre homophobe du jeune homme dans la région de Liège en 2012. De l’autre, Mercedes Dassy a fait tout autant impression avec son solo de danse i-Clit , explorant les liens entre féminisme et culture pop. [scald=26975898:sdl_editor_representation] Aujourd’hui, les deux artistes, en couple dans la vie, associent leurs univers – le théâtre et la danse – dans un même spectacle, Twyxx . Ils y auscultent leur propre expérience, celle de deux êtres qui se cherchent, se trouvent, s’aiment, se testent, se déchirent, tentent de dominer l’autre, se réconcilient. Surtout, ils observent la précarité de leur relation dans une société du zapping et de la stimulation permanente des désirs. « Aujourd’hui, on peut avoir tout, tout de suite , souligne Tom Adjibi. Sur Internet, on peut consommer des partenaires comme on consomme de la bouffe. Forcément, ça imprègne les relations. Par les réseaux sociaux, les e-mails, les applications, on est sur-stimulés en permanence. Comment se pose la question du rapport au désir et de l’endurance du couple dans cette société-là ? » Faire fi des résistances Attention, pas question de faire une ode aux relations durables, ajoute sa compagne. « On n’est surtout pas là pour dire qu’il faut rester ensemble coûte que coûte ! » Non, l’idée est plutôt d’étudier le couple dans notre société de masse, où le bonheur est formaté, où la compétition est reine, où les notions de masculinité et de féminité, d’homme dominant et de femme dominée, sont en pleins bouleversements. « Au début, on ne voulait pas parler de tout cela, on voulait juste travailler ensemble » , se souvient Mercedes Dassy. C’est en 2013 que tous les deux se sont rencontrés, à une fête d’amis. Elle, danseuse et chorégraphe belge, a fait une formation à la Sead (Salzburg Experimental Academy of Dance). Lui, comédien français, a fait ses études à l’Insas à Bruxelles. « Notre relation a commencé en 2015 », se souvient Tom Adjibi. Au début de leur projet en commun, ils sentent une résistance. « Etre tous les deux porteurs de projet mais aussi metteurs en scène et interprètes de la pièce, c’est compliqué parce que toutes les décisions doivent être prises ensemble , observe Mercedes Dassy. Quand on n’est pas d’accord, et que la vie et la scène se mélangent, c’est difficile. » Sentant que le travail de création menace leur couple, ils font une pause, le temps de mener à bien des projets chacun de leur côté. « Après avoir eu ces expériences, on a plus confiance en soi et en l’autre. Tout ce cheminement a alimenté le processus sans qu’on le sache. Ça a servi de catalyseur de matière. » Ne restait plus qu’à fondre leur personnalité en une seule et même pièce. Comme un Twix se compose finalement de plusieurs couches. Du 17 au 25 septembre au Théâtre de Namur, du 2 au 6 juin au Théâtre Les Tanneurs (Bruxelles).

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