Un poète pour gérer l’Académie royale de Belgique

On a beau porter le titre de secrétaire perpétuel, on n’est quand même pas tout à fait éternel. Jacques De Decker, qui le porte depuis 2002, confiera le 31 décembre le sceptre de sa charge à Yves Namur qui, lui, siège à l’Académie depuis 2002 aussi. M. De Decker n’en restera pas moins dans le palais de l’Académie, rue Ducale à Bruxelles : il va se charger des manifestations du centième anniversaire de « son » Aca, en 2020. [scald=27006333:sdl_editor_representation] « C’est une transmission classique », précise Jacques De Decker, écrivain, dramaturge, journaliste, qui fut chef du service Culture du Soir, « et pas tout à fait. Comme l’Académie a été créée le 19 août 1920 par arrêté royal d’Albert Ier sur proposition du ministre des Sciences et des Arts Jules Destrée, et comme je suis né moi-même le 19 août, 25 ans plus tard, j’ai vu que je devais m’occuper du centenaire de l’institution. Mais comme je pouvais difficilement tout réaliser en même temps, j’ai demandé d’anticiper sur ma succession. Je devais partir fin 2020, je partirai fin 2019 pour m’occuper des cent ans en 2020. » « Jacques restera en effet pour s’occuper du centenaire de cette institution qui a tenu sa première séance en février 1921, ajoute Yves Namur. Il va de plus m’initier au travail de secrétaire perpétuel et me seconder. » Yves Namur, 67 ans, a été élu samedi dernier secrétaire perpétuel à l’unanimité des membres de l’Académie, et ils étaient 24 sur 28, ce qui en dit long sur le soutien qu’il a obtenu. Il fut, avec Georges Simenon, le seul académicien à avoir été élu, au siège de Georges Sion, avant ses 50 ans. Il est aujourd’hui un des plus anciens de la confrérie, avec Pierre Mertens, Jacques Crickillon et Jacques De Decker lui-même. Changement ? « Je ne croyais pas que ce serait déjà maintenant », poursuit-il. « Mais devant les propositions des amis, j’ai été candidat. Pour moi, ce n’est pas un honneur : c’est une charge, un service que je compte rendre. » Des velléités de changement ? « Je suis partisan d’une transparence absolue. Et je voudrais aussi développer la collégialité, délégué des tâches particulières à des cellules, rendre plus efficace un service de communication. Mais il est encore trop tôt pour parler de tout ça. Je suis en tout cas à l’écoute de mes confrères. » Yves Namur est médecin et poète. Un poète dont l’œuvre se compte en dizaines d’ouvrages, parmi lesquels des anthologies et lectures de la poésie française de Belgique. La Maison de la poésie dit de lui : « Yves Namur poursuit une belle démarche spirituelle en quête de sens : pour en donner à la vie ou, tout simplement, jouir d’eux et donner à partager cette jouissance. » Un poète à la tête de l’Académie ? « Je ne suis pas le premier, rétorque Yves Namur : Marcel Thiry fut aussi secrétaire perpétuel, mais il est vrai qu’il a touché à d’autres formes que la poésie, moi je ne suis qu’un poète pur et dur. Et je m’intéresse particulièrement à la marginalité, aux fous littéraires. Je suis un acolyte d’André Blavier, de Jean-Pierre Verheggen, de Cécile et André Miguel. Ce sont mes familles. » « Je suis ravi qu’Yves Namur me succède, conclut Jacques De Decker. D’abord je suis serein depuis ce vote. Ensuite c’est formidable que ce soit un poète. Ça situe bien la littérature française de Belgique. Chez nous, la poésie occupe une densité hors du commun, avec des gens comme William Cliff, Jacques Crickillon, Yves Namur et d’autres. »

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