Armand Marchant: «La vitesse et l’adrénaline me manquaient»

7 janvier 2017. Armand Marchant, alors âgé de 19 ans, chute lourdement lors du slalom géant d’Adelboden (Suisse), une manche de la Coupe du monde. Un accident qui va marquer au fer rouge la suite de sa carrière… Son genou est fracassé, ses ligaments et son ménisque déchirés. Le calvaire commence ! Sept opérations et 22 mois de rééducation plus tard, le skieur originaire de Thimister-Clermont est de nouveau sur pied, opérationnel, prêt à reconquérir la montagne. « J’ai eu peur de ne plus jamais pouvoir skier de ma vie », évoque le principal intéressé, dont la voix ne trahit pas une certaine émotion. « J’ai passé tellement de temps dans mon fauteuil et à la salle de sport, durant ces deux dernières années, à me poser des questions, à me demander si tout ce travail allait servir à quelque chose. À un moment donné, j’ai même discuté avec des amis de ma future reconversion, de ce que j’allais bien pouvoir faire si je ne recevais pas le feu vert de mon chirurgien… J’ai eu des dizaines d’idées de challenge qui me sont passées à travers la tête, mais celui que je voulais absolument accomplir, c’était de revenir sur les pistes. » Pour le jeune Belge, la patience est mère de toutes les vertus. Il s’est accroché, n’a jamais rien lâché et a été récompensé. Au mois de décembre 2018, il est remonté pour la première fois sur des skis, ce qui lui a donné un énorme coup de fouet. « J’ai vraiment passé un cap mentalement. Sans cette blessure, je ne serais pas le même homme aujourd’hui. Si cette période a été très longue et pénible, elle m’a aussi permis d’évoluer. À présent, j’ai une autre vision de mon sport », indique Armand Marchant, bien conscient des efforts consentis. « Mon genou est complètement déformé. Mais à force de s’entraîner, son état s’est sensiblement amélioré et solidifié… Si je ressens encore parfois une petite gêne, je n’éprouve dorénavant plus de violente douleur. Il faut dire que je privilégie le travail qualitatif. Avant, je faisais peut-être dix descentes à l’entraînement, je n’en fais plus que quatre à l’allure course. Cela me permet de ménager mon genou d’une certaine façon… » « Je suis devenu un meilleur skieur » Le sourire sur le visage, l’insouciance de la jeunesse, la confiance en soi. Tout ce qu’Armand Marchant avait perdu ces dernières années, il l’a retrouvé de l’autre côté du globe. La tête à l’envers pour se remettre à l’endroit. Dans le bon sens de la marche. Parti durant un mois et demi en Océanie, il a repris goût à la compétition à l’occasion des « Winter Games New Zealand », une épreuve du circuit Coupe Australie-Nouvelle-Zélance (ANC). « Ces sensations de vitesse et d’adrénaline en descente me manquaient énormément », avouait Marchant, qui a bouclé sa première course le 12 août dernier après avoir dévalé les pentes du Coronet Peak. « Le départ était extrêmement chargé en émotions. C’était, en quelque sorte, la récompense d’un long chemin parcouru avec mon staff (NDLR : son entraîneur Raphaël Burtin et son préparateur physique Thibaut Schnitzler) et mes proches. » Confronté à plusieurs skieurs issus du gratin mondial, Marchant, du haut de ses 21 ans, n’a pas eu froid aux yeux et a réussi à décrocher plusieurs résultats très encourageants. Dont une victoire en Super-G et trois podiums en slalom. « J’ai reçu beaucoup de messages de félicitations, ainsi que des marques de respect de la part d’autres skieurs en voyant d’où je revenais. Cela fait vraiment du bien », révèle le jeune homme, les yeux encore emplis d’étoiles. Malgré des conditions climatiques peu évidentes qui ont forcé l’annulation de plusieurs courses en Australie, cette tournée « down under » épouse les courbes d’une franche réussite pour Armand Marchant. « J’avais tellement d’interrogations par rapport à mon genou, mais j’ai pu obtenir des éléments de réponse positifs. Il a très bien réagi aux chocs, même si je me suis pris un piquet à la fin du séjour (rires). Je suis très content d’avoir prouvé que le travail effectué allait s’avérer payant. C’est important car beaucoup de personnes ont cru et croient toujours en moi. Je pense pouvoir dire que je suis devenu un meilleur skieur qu’avant ma blessure. » « Je veux marquer des points en Coupe du monde » Revenu depuis quelques jours au sein du cercle familial, Armand Marchant s’apprête à attaquer la saison hivernale avec énormément d’ambitions. Sans toutefois en faire de trop. Son genou étant là pour le lui rappeler. Fier d’être de nouveau compétitif sur le circuit, il compte bien mettre à profit les bonnes dispositions entrevues en Océanie. « Cet hiver, je vais essayer de bien performer en slalom, en Super-G et en super-combiné. Cela va me permettre de travailler différents points afin d’améliorer ma technique de glisse. Je pense que, combiner les trois épreuves peut être hyper-productif pour la suite de ma carrière, même si j’ai davantage d’atomes crochus avec le slalom, qui est une discipline plus technique », admet celui qui a atteint la 55e place mondiale dans cette épreuve, la meilleure de sa carrière. S’il n’en est qu’au début de « sa deuxième carrière » – comme il aime le rappeler –, il n’entend pas relâcher la pression pour autant. « Je n’ai que 21 ans, mais je veux rattraper le temps perdu. Je suis encore jeune, mais j’ai déjà vécu une expérience de vie très délicate. Je souhaite pouvoir m’appuyer dessus pour reconstruire de nouvelles bases. Premièrement, je voulais revenir à mon niveau d’avant blessure, je pense avoir réussi. Maintenant, je veux reprendre goût à des épreuves de la Coupe du monde et surtout pouvoir y marquer des points. » Pour ce faire, le clan Marchant a concocté un programme aux petits oignons. « Je vais repartir pour un stage en indoor et un autre en Suisse. Puis je recommencerai véritablement la saison fin novembre. Il y aura la manche de Coupe du monde, à Levi, en Finlande (NDLR : 24 novembre). Et, ensuite, la première épreuve de la Coupe d’Europe, à Fünasdalen, en Suède. J’ai hâte d’y être », explique le jeune homme, pour qui les JO d’hiver 2022 en Chine doivent représenter une forme d’aboutissement personnel. « C’est forcément l’un de mes objectifs à terme. Disputer une telle compétition serait un rêve. Mais je ne voudrais pas aller en Chine juste pour recevoir la veste et dire que j’ai participé aux JO. Si j’y vais, c’est pour être à mon meilleur niveau et essayer d’y signer un beau résultat. »

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