Eddy Michel: «Il s’agit d’un plan mis à exécution»

Les parties civiles et le parquet général se sont exprimés, ce lundi aux assises de Liège, sur la culpabilité d’Eddy Michel, un professeur d’éducation physique liégeois de 39 ans poursuivi pour l’assassinat de ses deux fils, Jules (6) et Timothé (4). Les avocats des parents d’Eddy Michel, qui se sont constitués parties civiles pour avoir notamment un accès au dossier, ne se sont pas exprimés sur la préméditation. Mais pour les autres, il ne fait aucun doute que l’accusé a bien eu le temps de réfléchir à son projet criminel et que contrairement à ce qu’il prétend, les faits du 30 septembre 2017 sont un double assassinat. Les parties civiles ont retracé le portrait de l’accusé tel qu’il a été dressé par des proches et les experts psys : Madeleine et leurs deux enfants, c’était « à lui ». Dès après le départ de celle-ci, qui avait quitté la maison familiale en février 2017, ce narcissique avait émis auprès d’au moins cinq connaissances l’envie de les tuer tous les quatre, elle, lui et leurs deux enfants. Mais le 24 septembre, après avoir reçu de sa part des dizaines de messages insistants, Madeleine avait fini par craquer et lui dire qu’elle avait entretenu des relations avec un homme, deux mois plus tôt. Ce jour-là, Eddy Michel avait rédigé un texte en trois points, dans un cahier : « Mettre fin aux souffrances des enfants » (il avait écrit « les tuer », puis a barré), écrire à ses proches pour leur expliquer que c’est de la faute de Madeleine, et diffuser sur Facebook un message rempli d’insultes à l’encontre de cette dernière. Pour Me Gabriel, avocate de la maman des enfants, il s’agit là « d’un plan qu’il a mis à exécution ». [scald=27054579:sdl_editor_representation] Fabienne Bernard, à l’accusation, a évoqué elle aussi cette date du 24 septembre comme celle du basculement : dès cette date, il est plutôt question de partir avec les enfants et de laisser Madeleine « bien tranquille toute seule, dans ta petite vie misérable », lui avait-il écrit dans une lettre laissée en évidence, découverte après les faits. Le 25, il envoie encore un message à Madeleine, relatif à sa vie sexuelle, et il s’inscrit sur Facebook ; la nuit du 25 au 26, elle devient « Mad la p.te » dans son répertoire, au lieu de « Mad ». Le 28, il lui répond par des propos très orduriers alors qu’elle l’interroge au sujet des enfants. Le 29, il recommence à parler de « p.te » devant ses collègues. « Son état d’esprit reste le même, depuis le 24 », a insisté Fabienne Bernard. Le 30 au matin, il lance une pierre sur la voiture de Madeleine, puis il téléphone à ses parents, d’une voix calme, a confirmé sa propre mère, en leur disant de ne pas venir. « Il fait fuir la maman des enfants, et il renvoie ses parents », a souligné l’accusation. Il lui faut ensuite prendre les quatre couteaux, la cisaille et la meuleuse, puis déposer les outils à côté de « Timo », pour brancher la meuleuse et lui entailler le cou. « Le destin lui donne encore une chance de renoncer, car la meuleuse d’angle se coince dans les vêtements de l’enfant. Timothé est encore vivant, et qu’est-ce qu’il fait ? Il prend le couteau, soulève le T-shirt, porte quatre coups de couteau dans le cœur. » De là, il dit « Vite, Jules », ainsi qu’il l’a lui-même expliqué. « Rien que de se dire “Vite, Jules”, on est déjà en train de réfléchir, il a encore le temps de laisser Jules en vie », a commenté l’accusation. « Et pourtant, il a fait du cou du petit garçon une plaie béante, il a fait de son torse une charpie, on voyait les côtes et le cœur. » La défense plaidera sur la culpabilité ce mardi.

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