Hillary Clinton a toujours la cote!

Qui affrontera Donald Trump lors de l’élection présidentielle du 3 novembre 2020 ? Si l’on en croit les instituts de sondages, l’investiture démocrate ne devrait pas échapper à Joe Biden ou à Elizabeth Warren. L’ancien vice-président de Barack Obama continue à faire la course en tête, avec 31 % d’intentions de vote ; la sénatrice du Massachusetts se rapproche à 25 % et l’écart se creuse avec Bernie Sanders (14 %). Mais si l’on pose la même question aux parieurs britanniques, aucun de ces trois noms n’arrive en tête. Leur favori ? Tenez-vous bien : Hillary Clinton ! [scald=27078824:sdl_editor_representation] En mars dernier, la candidate malheureuse de la présidentielle 2016 a pourtant annoncé qu’elle ne repartirait pas une troisième fois en campagne – elle avait en effet déjà échoué lors des primaires démocrates 2012, face à Barack Obama. Alors ? Nostalgie ? Manque de visibilité des prétendants actuels ? « Pour être honnête, nous sommes perplexes », a avoué le responsable des paris politiques au sein de la société Ladbrokes, cité dans le magazine Newsweek. « J’ai bien entendu certaines spéculations sur ce qui pourrait arriver si Biden devait abandonner la course pour une raison quelconque… mais cela ne me convainc pas vraiment. » Un seul « lucky loser » Quand bien même Hillary Clinton reviendrait-elle sur sa décision, ce genre de come-back est rarissime dans l’histoire politique américaine. Si l’on peut survivre à un échec aux primaires de son parti – Kennedy, Reagan ou Bush père en sont l’exemple –, une défaite lors de l’élection présidentielle est habituellement synonyme de mort politique. Certains ont pourtant relevé le défi. Ainsi, John Dewey, gouverneur républicain de l’Etat de New York de 1943 à 1955. En 1944, il fut battu par le président sortant, Franklin Delano Roosevelt. Quatre ans plus tard, après avoir conservé la confiance de son parti, il échoua à nouveau, à la surprise générale, face au successeur de FDL, mort dans l’intervalle : le peu charismatique Harry Truman. [scald=27078826:sdl_editor_representation] À cette occasion, à défaut d’entrer dans l’Histoire, Dewey entra bien malgré lui dans le Grand bêtisier de la presse, après que le Chicago Daily Tribune eut prématurément titré la nuit du vote : « Dewey Defeats Truman » (« Dewey a battu Truman »)… En vérité, on ne compte à ce jour qu’un seul « lucky loser » : le républicain Richard Nixon, vaincu par John F. Kennedy en 1960 mais élu à la Maison Blanche huit ans plus tard, face à Hubert Humphrey. Une défaite au goût amer La défaite de Richard Nixon contre JFK comporte des similitudes avec celle enregistrée, 56 ans plus tard, par Hillary Clinton face à Donald Trump. On s’en souvient, le 8 novembre 2016, l’ancienne secrétaire d’État remporta le vote populaire, avec près de 3 millions de voix d’avance sur Trump, mais perdit l’élection au décompte des grands électeurs. Le 8 novembre 1960, Kennedy ne devança Nixon que de 118.574 voix (sur 69 millions de votants, soit 0,17 % !), mais ce dernier empocha la majorité des États (26 contre 23). Pour la première fois, un candidat dans cette position perdait l’élection générale – comme Trump, Kennedy avait tout simplement remporté les États clefs. Mais surtout, comme il y a trois ans, de lourds soupçons de fraudes ont pesé sur cette première élection des sixties. Pas d’intervention d’une puissance étrangère à l’époque, mais un financement de la campagne de Kennedy par la pègre et, surtout, des « bourrages d’urnes » dans certains comtés indécis de l’Illinois, dont les vingt-sept grands électeurs (en 60) firent basculer le scrutin. Bref, comme Hillary Clinton aujourd’hui, Richard Nixon avait quelques raisons d’être amer. Et pour sa part, revanchard. Les observateurs politiques ne lui donnaient cependant pas l’ombre d’une chance de revenir dans le coup. Et moins que jamais après le 8 novembre 1962, quand, n’y tenant plus, il tenta de devenir gouverneur de Californie et essuya une nouvelle défaite électorale. Lui-même annonça sa retraite dans la foulée, et entra dans un grand cabinet d’avocats new-yorkais. Une victoire à la Pyrrhus Il se produisit alors la plus spectaculaire résurrection de l’histoire politique américaine. Grâce aux conseils avisés d’un certain John Mitchell, un de ses nouveaux collègues juristes, vierge en politique – futur procureur général des États-Unis… et condamné dans l’affaire du Watergate –, Richard Nixon réussit à gommer l’image du « sale type de droite » qui lui collait aux basques depuis l’époque où il était vice-président de Dwight Eisenhower. Et à convaincre l’opinion qu’un « Nouveau Nixon » était né. Les circonstances l’aidèrent. L’Amérique était secouée par de violentes émeutes raciales et des manifestations quotidiennes contre la guerre du Vietnam. Les démocrates s’entre-déchiraient entre centristes fidèles au président Lyndon Johnson et « libéraux », menés par Robert Kennedy. Le retrait du premier puis l’assassinat du second contribuèrent à profiler Richard Nixon comme une sorte de pôle de stabilité au milieu du chaos. Le 5 novembre 1968, il triompha de Humphrey, l’ex-vice-président de Johnson, pour 500.000 voix à peine, tout en devant d’emblée composer avec les deux chambres du Congrès hostiles – une première depuis Zachary Taylor, en 1848. Mais le revenant avait remporté son pari insensé ! Malheureusement pour lui, dans les livres d’Histoire, ce fait d’armes, aussi unique demeure-t-il, a été éclipsé par une autre « première » : sa démission, le 8 août 1974, alors qu’il était embourbé dans le scandale du Watergate et sous la menace d’une procédure d’impeachment aux perspectives de plus en plus défavorables. [scald=27078825:sdl_editor_representation] Tiens, à propos : au printemps 74, un des premiers actes politiques de Hillary Clinton, en qualité de jeune juriste démocrate (27 ans à l’époque), fut d’enquêter sur Nixon au sein du Comité de la magistrature de la Chambre des représentants, chargé d’instruire le dossier de la future mise en accusation du président…

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