Autriche: des élections législatives «comme si de rien n’était»

Malgré une campagne électorale autrichienne « rythmée » par une nouvelle série de scandales, le parti conservateur de Sebastian Kurz reste en mesure de remporter les élections. Avec 15 points d’avance sur ses concurrents, l’ancien chancelier devrait retrouver son poste après la chute de son premier gouvernement en mai dernier. [scald=27085141:sdl_editor_representation] C’est la première fois en Autriche qu’un candidat se détache aussi clairement dans la course à la chancellerie, prenant une large avance sur les sociaux-démocrates (SPÖ) et l’extrême droite (FPÖ) qui se disputent actuellement la deuxième place (20 à 23 %). Popularité renforcée Contrairement aux attentes, Sebastian Kurz n’a pas souffert de « l’affaire Ibiza » qui avait impliqué son allié, le vice-chancelier et ancien président du parti d’extrême droite (FPÖ). Sa coalition avait chuté en mai 2019 suite à la publication par la presse allemande d’une vidéo tournée à Ibiza et révélant les intentions d’Heinz-Christian Strache de mettre la presse autrichienne au pas et de financer ses campagnes avec des fonds occultes venus de Russie. [scald=27085140:sdl_editor_representation] Au contraire, Sebastian Kurz a profité de la crise. La popularité de ce jeune homme de 33 ans, « l’enfant prodige » de la classe politique autrichienne, a été sortie renforcée par la corruption de l’extrême droite. Son parti est crédité d’une belle avance dans les sondages, entre 33 % et 35 % d’intentions de vote, en hausse de plus de deux points par rapport aux législatives de 2017. La question qui taraude les Autrichiens est de savoir s’il renouera une alliance avec l’extrême droite pour mener une politique répressive et anti-migrants comme en 2017. Sebastian Kurz a refusé de se fixer pendant la campagne. Malgré le scandale, l’extrême droite reste forte. Elle a perdu des voix avec « l’affaire Ibiza » mais elle a réussi à se stabiliser autour des 20 % d’intentions de vote. Aux élections européennes, le FPÖ avait déjà limité les dégâts en ne perdant que 2,5 points à 17,2 % des voix. Enquête judiciaire Après le départ d’Heinz-Christian Strache, le parti a élu un nouveau chef, Norbert Hofer. L’ancien ministre des Transports de Kurz est très populaire. C’est lui avait perdu de justesse l’élection présidentielle de 2016, comme candidat contre l’écologiste Alexander Van der Bellen. Le FPÖ a même réussi à retourner la situation en se présentant en victime de l’affaire et en accusant Sebastian Kurz d’être à l’origine de la crise. L’ancien chancelier ne semble donc pas en mesure d’accepter une nouvelle alliance avec son ancien allié qui, par ailleurs, continue d’être éclaboussé par les affaires. A quelques jours du scrutin, une enquête judiciaire a été ouverte contre Heinz-Christian Strache et deux de ses collaborateurs, accusés d’avoir utilisé les fonds du parti à des fins privées. Sebastian Kurz a par ailleurs exclu le retour de Herbert Kickl, son ancien ministre de l’Intérieur et l’idéologue du FPÖ, très populaire dans le parti. [scald=27085142:sdl_editor_representation] Pourtant, les politologues estiment qu’une coalition avec le FPÖ est la plus probable à l’issue de ce scrutin fédéral. Les programmes des deux partis sont en effet très compatibles en matière de politique économique, sociale et surtout migratoire. Pendant cette campagne, Kurz s’est efforcé de n’exclure aucune option – y compris un gouvernement minoritaire – pour négocier avec tous les partis après le scrutin. Une « grande coalition » reste imaginale malgré un nouveau désastre électoral annoncé au Parti social-démocrate. Le SPÖ risque d’enregistrer dimanche son plus mauvais score de son histoire depuis la fin de la guerre. Ce serait aussi la solution du pire pour Sebastian Kurz qui veut éviter cette constellation impopulaire en Autriche. Sans oublier que le SPÖ a été à l’origine de sa chute après la mention de censure déposée au Parlement. « Entre la peste, le choléra et Ebola » La faiblesse des sociaux-démocrates profite aux écologistes crédités de 13 % des voix alors qu’ils n’avaient même pas réussi à passer la barre minimum des 4 % en 2017 pour entrer au Parlement. Une alliance avec les Verts est devenue une option sérieuse, le thème du réchauffement climatique ayant dominé la campagne, loin devant l’immigration. Mais Sebastian Kurz devra leur faire des concessions importantes sur le droit d’asile et des dépenses sociales. [scald=27085139:sdl_editor_representation] Si les voix des Verts ne suffisaient pas, le nouveau parti libéral Neos (crédités de 8 %) pourrait venir en renfort pour la formation d’un gouvernement. Une telle alliance à trois serait alors une première en Autriche et renverrait l’extrême droite sur les bancs de l’opposition. Pour Sebastian Kurz, la formation du prochain gouvernement sera donc la tâche la plus délicate. « Il aura le choix entre la peste, le choléra et Ebola », ironise le politologue autrichien Thomas Hofer pour résumer le défi qui se posera à lui dès lundi. L’ancien chancelier veut d’abord gagner les élections. Et choisir ensuite ses alliés.

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