Manu Louis, le Stromae underground

L’histoire est aussi loufoque que certaines de ses chansons. Manu Louis, ces deux dernières années, s’est produit plus de deux cents fois sur scène, en clubs comme en festivals, dans le monde entier, tel un Stromae underground. Contrairement à Paulo, ce ne sont pas les clips qui l’ont ainsi propulsé au-devant de la scène électro (même s’il en a réalisé de forts jolis à Valence, où il vit une partie de l’année pour des raisons sentimentales), mais bien ses chansons et son réseau. [scald=27141362:sdl_editor_representation] Comme Paulo, par contre, il a aussi deux albums à son actif : son premier album, Kermesse Machine, paraissait en novembre 2016 et le second, Cream Parade est sorti en mai dernier. [scald=27141363:sdl_editor_representation] Cette conquête victorieuse, c’est de Berlin que le chanteur et musicien liégeois de 37 ans l’a menée : « J’y vis depuis un an, nous a-t-il confié. C’est une question de réseau qui ne passe pas par le mainstream. Au début j’allais à l’aventure à Prague ou en Espagne, où j’ai fait des rencontres… Et puis Berlin est devenu un vrai laboratoire brechtien où beaucoup de troubadours jouent. Il y a plein de petits lieux pour ça, une réelle tradition d’outsiders, de gays, etc. Avec un laptop, comme Stromae au début, il est facile de se déplacer… » [scald=27141364:sdl_editor_representation] Après avoir inspiré des Bowie, Lou Reed, Iggy Pop et surtout Brian Eno dont les questionnements sur le rôle de l’art ont beaucoup impressionné Manu, Berlin continue de jouer ce rôle d’incubateur artistique. C’est là que le sorcier des synthés qu’est Manu Louis concocte ses chansons dont le tiers, sur son dernier disque, est chanté en français : « Le français impose quelque chose de plus narratif. J’ai bien aimé la façon dont Christine & the Queens a repris Véronique Sanson. La langue française n’est pas un frein, elle intéresse et interpelle les gens dans le monde entier. Je ne suis pas un fou de technologie mais je m’en sers pour des raisons pratiques. J’ai envie de travailler avec ma propre réalité. Mais dans mes textes, j’exprime mon inquiétude face à ces nouvelles technologies. On se demande jusqu’où ça va aller, avec notamment l’intelligence artificielle. Quand je parle d’internet, je m’intéresse surtout à l’être humain. Il est pratiquement impossible de parler de projets de Google sans que le disque ne soit terrifiant. La technologie est donc pour moi un terreau créatif comme une source d’angoisse. Je ne suis pas un geek fou de matériel, je me sépare facilement de mes vieilles machines. Je compose et jouer sur ordinateur car je suis un troubadour. C’est plus facile aussi pour communiquer. » Un cocktail explosif La musique de Manu Louis est un cocktail explosif, un fourre-tout complètement éclaté et déjanté mêlant chanson française, pop, électropunk, eurodance, expérimentations sonores, jazz et musique classique. Formé au Conservatoire de Liège où il a été initié à la musique expérimentale par Garrett List, Manu Louis a vogué dans les eaux jazz comme rock, avec son groupe Funk Sinatra qu’il a porté de 2002 à 2011 : « Avec une guitare Stratocaster, j’avais des problèmes harmoniques. Je me suis mis à chercher entre tonalités et musique atonale, entre Chostakovitch et Kurt Weill. Et l’électro m’a permis de trouver le son avant la note. J’ai tout recommencé d’une page blanche, vierge. Je crée des sons sans savoir où je vais, je me surprends moi-même. Le sax, joué par Greg Tirtiaux sur l’album, est pour moi le fragment lyrique du XXe siècle. Il y a aussi la voix d’Heidi Heidelberg, une chanteuse anglaise vivant à Berlin. Au FrancoFaune, j’aurai de nombreux invités comme le trompettiste Bart Maris (NDLR : de Jaune Toujours, qui a aussi travaillé avec Stromae). J’ai de nombreux projets en cours qui mêlent musique expérimentale, slam, poésie et électro. Un disque de remix, de nombreux DJ sets aussi. J’aime jouer avec l’énergie que me renvoient mille personnes dans une salle… » Le site de l’artiste. Le 11 octobre 2019 à la Vallée (Molenbeek). [scald=27141361:sdl_editor_representation]

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