En donnant l’assaut contre les forces kurdes, Erdogan ouvre un nouveau front dans le chaos syrien

Recep Tayyip Erdogan avait prévenu ces derniers jours que ses soldats pouvaient frapper « n’importe quelle nuit » les forces kurdes en Syrie. C’est finalement en pleine lumière, vers 16 heures heure locale, que des avions de combat ont commencé à pilonner Ras al-Aïn, région du nord-est de la Syrie contrôlée par les Unités de protection du peuple (YPG). Les raids ont frappé la région sur une profondeur de près de 30 kilomètres en territoire syrien. [scald=27142749:sdl_editor_representation] Peu après, des tirs d’obus visaient Tal Abyad, 120 kilomètres plus à l’ouest. La riposte kurde n’a pas tardé. Les médias locaux ont rapporté la chute d’au moins six roquettes sur Nusaybin et d’obus de mortier sur Ceylanpinar, deux villes turques situées à la frontière, sans faire de victimes. Après le retrait, en début de semaine, des troupes américaines déployées dans la zone, aucun obstacle n’entravait plus cette offensive prévue de longue date. En donnant l’assaut, le président turc ouvre un nouveau front dans le chaos syrien, dont personne ne peut, à cette heure, prévoir les implications pour l’avenir de la Syrie, des forces kurdes, de la Turquie, et peut-être de Recep Tayyip Erdogan lui-même. [scald=27142748:sdl_editor_representation] Dans l’après-midi de mercredi, on a aussi vu l’armée turque retirer des blocs du mur de béton érigé ces dernières années à la frontière turco-syrienne. Prélude à l’entrée en Syrie, dans un second temps, de chars et donc de soldats turcs. [scald=27142830:sdl_editor_representation] Des supplétifs de l’opposition syrienne Toutefois, comme lors de ses deux précédentes incursions en Syrie, l’armée turque n’agit pas seule. Elle s’appuie, au sol, sur des supplétifs issus de l’opposition syrienne, formés et armés par ses soins. La presse locale avance le chiffre, invérifiable, de 14.000 hommes prêts à franchir la frontière dans le cadre de cette intervention baptisée « Source de paix ». Une référence, avancent certains, au nom turc de Kobané (« source arabe »), cette ville arrachée par les YPG à Daesh en 2014, avec l’appui américain. Recep Tayyip Erdogan y voit l’un des objectifs ultérieurs de cette offensive qu’il veut massive – à en croire les cartes qu’il agitait récemment à la tribune de l’ONU. Une zone de sécurité Le président turc considère en effet cette opération comme le point de départ de l’établissement d’une zone dite « de sécurité » dans le Nord syrien. Selon ses plans, cette sorte de zone tampon s’étendrait sur rien de moins que 480 kilomètres de long et trente kilomètres de large. Double avantage du projet : éloigner de la frontière les combattants kurdes et réinstaller une partie des trois millions et demi de Syriens réfugiés en Turquie. « On nous parle d’y construire des villages, des maisons avec des jardins… Est-ce faisable ? En théorie… s’il y a l’argent, la volonté politique et un plan concret », explique, dubitatif, le politologue Emre Kürsat Kaya, du centre de recherches Edam à Istanbul. [scald=27142747:sdl_editor_representation] En l’occurrence, beaucoup d’argent (plusieurs milliards de dollars) et une volonté politique internationale qui, à l’évidence, fait défaut. En août, les Etats-Unis avaient empêché in extremis une offensive turque contre les YPG en proposant de créer avec elle cette « zone de sécurité ». Mais Ankara n’a eu de cesse depuis de dénoncer des retards, avant de décider d’agir unilatéralement. « On a tendance à oublier à quel point le gouvernement turc veut cette zone de sécurité, observe Emre Kaya. C’est un objectif énoncé depuis plusieurs années, et les Américains semblent avoir sous-estimé la détermination des Turcs à ce sujet. Il y a ce sentiment, côté turc, que les Américains ont choisi leurs alliés préférés à l’est de l’Euphrate : les Kurdes. » Il n’y a pas que les Américains. Le président Erdogan a parfaitement conscience que ses plans militaires réunissent contre lui, à des degrés divers d’inquiétude attentiste ou d’opposition franche, l’Union européenne, la Russie ou encore l’Iran. Recep Tayyip Erdogan fait le pari qu’aucune puissance n’osera se mettre en travers de son chemin. Cela suggère aussi qu’il pourrait, in fine, être contraint de revoir ses ambitions à la baisse et se contenter finalement d’une opération limitée, en lieu et place de la large incursion lancée ce mercredi avec tambours et trompettes. [scald=27142750:sdl_editor_representation] Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), ont affirmé mercredi soir avoir « repoussé » l’offensive turque sur la frontière nord de la Syrie, peu après qu’Ankara eut annoncé avoir lancé la phase terrestre de son opération contre les forces kurdes. [scald=27142852:sdl_editor_representation]

Votre compte

En donnant l’assaut contre les forces kurdes, Erdogan ouvre un nouveau front dans le chaos syrien

Découvrez la suite, 1€ pour 1 mois (sans engagement)

Avec cette offre, profitez de :

Le fil info

1 Commentaire

Aussi en Proche-Orient

Israël: Yair Lapid sort renforcé de la confrontation avec le Jihad islamique

Malgré l’entrée en vigueur d’une trêve, Israël a mené des raids à Gaza

A Gaza, Israël mène une offensive limitée contre le djihad islamique

Violences à Gaza: Israël a accepté une trêve proposée par l’Egypte

Frappes à Gaza: le bilan passe à 31 morts dont six enfants

Allez au-delà de l'actualité

À la Une

Le béluga, récemment extrait de la Seine, est mort lors de son transport vers la Normandie

Variole du singe: une femme contaminée par le virus, une première en Belgique

Sécheresse: comment consommons-nous l’eau au quotidien? (infographies)

Météo: la barre des 30 degrés devrait être franchie ce mercredi, voici les prévisions des prochains jours

Grand format Alarmes: les centrales veulent partager vos images avec la police

Prix du carburant: du changement positif à la pompe ce jeudi pour les automobilistes

Combiner travail et études : voici vos droits et obligations

Voiture de société et grandes vacances : tout ce qu’il faut savoir

Quand la robotisation crée des emplois

Les sections du site

Les services

Groupe Rossel