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Appel des intellectuels à l’arrêt de l’offensive militaire turque contre les Kurdes de Syrie

Des intellectuels s’insurgent contre la perpétration d’un désastre humanitaire en Syrie où la Turquie a déclenché une offensive militaire contre des Kurdes qui ont combattu aux côtés des alliés européens (nous !) contre les djihadistes de Daesh.

Carte blanche - Temps de lecture: 4 min

Un désastre humanitaire est en train de se perpétrer, à l’encontre de centaines de milliers de civils, dans le nord-est de la Syrie, où la Turquie vient d’enclencher une offensive militaire, ce 9 octobre 2019, à l’encontre des Kurdes, sous prétexte que sa principale force armée, l’YPG, serait une organisation terroriste mettant en péril, par ses revendications d’indépendance, l’intégrité territoriale de l’Etat turc.

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Il ne nous appartient certes pas de nous immiscer dans le jeu parfois hasardeux de considérations d’ordre politique en cette turbulente, et surtout complexe, région du monde. Qu’il nous soit toutefois permis d’insister ici sur le fait que c’est pourtant cette milice, précisément, de l’YPG, composée tant de musulmans modérés que de chrétiens attachés aux principes de la démocratie, qui s’est courageusement battue, en première ligne, aux côtés des alliés européens (nous-mêmes !) afin de vaincre, en cette même région du monde, les djihadistes de Daesh, abominable matrice idéologique, bien plus que religieuse, d’un islam dévoyé, à travers l’obscurantiste instauration d’un pseudo-califat, vers un fascisme qui ne dit pas son nom.

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Ainsi, par-delà même l’expression de notre gratitude envers cette YPG, dont on sait qu’elle combat également aux côtés des forces démocratiques syriennes, elles-mêmes hostiles à l’autoritarisme du régime de Bachar el-Assad, nous demandons que le président turc, Recip Tayyip Erdogan, mette fin, le plus rapidement possible, à cette opération militaire, injuste et insensée, à l’encontre des Kurdes, lesquels, pour échapper à la mort, n’ont plus qu’à affronter les durs chemins d’un nouvel et douloureux exode de masse.

Davantage : si le président Recip Tayyip Erdogan ne devait pas mettre immédiatement fin à cette agression militaire, inacceptable invasion armée de surcroît, en terre kurdo-syrienne, nous demanderions alors, tant à l’Union Européenne (UE) qu’au Conseil de Sécurité de l’ONU, de prendre toutes les mesures nécessaires, sur le triple plan politique, juridique et économique, afin de faire revenir ce même président turc aux lumières de la raison.

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Il en va de l’avenir de nos démocraties en Europe, auxquelles les terroristes de Daesh pourraient à nouveau s’attaquer s’ils se trouvaient ainsi aider, directement ou indirectement, par cette erreur géostratégique, et a fortiori diplomatique, d’Erdogan. Et puis surtout, par-delà même toute autre préoccupation, c’est au noble nom des grandes valeurs de l’humanisme, sinon de l’humanité en soi, que nous appelons ici, solennellement, à l’arrêt immédiat de cette nouvelle guerre en cette région déjà suffisamment martyrisée du globe.

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Abandonner ces populations civiles kurdes à leur cruel et triste sort serait, de la part de notre monde dit civilisé, tolérant et démocratique, une forfaiture, une indigne trahison qui nous rendrait dès lors complices, par notre silence, de ce véritable crime.

Résistons à la barbarie : il en va, aussi, de notre honneur d’hommes et de femmes libres ! Le seul tribunal qui vaille, en ces tragiques événements, est celui de notre conscience !

(1) PREMIERS SIGNATAIRES : DANIEL SALVATORE SCHIFFER : philosophe, écrivain, éditorialiste. VERONIQUE BERGEN : philosophe, écrivain. HELENE BRAVIN : essayiste, consultante. ANDRE COMTE-SPONVILLE : philosophe. FRANCOIS DESSY : avocat, juriste. NADINE DEWIT : artiste-peintre. LUC FERRY : philosophe, ancien ministre français de l’éducation nationale. ELSA GODART : philosophe, psychanalyste. MAREK HALTER : écrivain. JEAN-FRANCOIS KAHN : écrivain, essayiste, éditorialiste. MARTINE KLEINBERG : Présidente du Comité pour une Paix Juste au Proche-Orient. DANIELE MORVAN : lexicographe, éditrice. MARYAM NAMAZIE : porte-parole du Conseil des ex-Musulmans de Grande-Bretagne et de l’association « One Law For All », dont le siège est à Londres. FABIEN OLLIER : directeur des éditions QS ? et de la revue Quel Sport ? JEAN-PIERRE ORBAN : écrivain. GILLES PERRAULT : écrivain. ROBERT REDEKER : philosophe. ALAIN REY : linguiste, lexicographe. ELISABETH ROUDINESCO : historienne de la psychanalyse. JACQUES SOJCHER : philosophe, écrivain. ANNIE SUGIER : Présidente de la Ligue du Droit international des Femmes, association fondée par Simone de Beauvoir. PIERRE-ANDRE TAGUIEFF : philosophe et historien des idées, directeur de recherches au CNRS. LAURENCE EMILY TIRTIAUX : artiste, écrivain. VALERIE TRIERWEILER : journaliste, écrivain. ALAIN VIRCONDELET : universitaire, écrivain. MICHEL WIEVIORKA : sociologue. JEAN-CLAUDE ZYLBERSTEIN : avocat, éditeur.

 

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2 Commentaires

  • Posté par Lange Daniel, vendredi 11 octobre 2019, 17:55

    Erdogan est un fasciste islamiste avec un verni plus "civilisé" que Daesch l'hypocrisie en plus et hélas notre lacheté face au fascisme islamiste est aussi grand là bas que ici. Ces kurdes sont morts en se battant contre Daesch, notre merci est épouvantable. Triste...

  • Posté par Christian BOULET, vendredi 11 octobre 2019, 16:58

    Malheureusement, le dictateur turc n'en a que faire des intellectuels... Il en compte peu parmi ses électeurs !

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