Les partis changent de président, le fédéral en pâtit

Il y a eu le CDH (en janvier) puis Ecolo (septembre) et il y aura la N-VA (en novembre 2020). Ces trois-là exceptés, tous les partis susceptibles de participer à une future coalition fédérale sont engagés dans une élection présidentielle interne. Les plus proches concernent le PS (18 et 19 octobre) et Groen (19 octobre). Suivront le SP.A (9 novembre), le MR (premier tour le 12 novembre), Défi (1er décembre), le CD&V (6 décembre) et l’Open VLD (mars 2020). [scald=27155619:sdl_editor_representation] Pendant ce temps, le duo de préformateurs s’échine à trouver des convergences entre des familles politiques qui, pour la plupart, ont reculé lors du dernier scrutin. Et, pour certaines, où la compétition interne promet d’être disputée. Au point d’influencer la donne fédérale, déjà compliquée à souhait ? 1 Une première « Je ne me souviens pas d’une période où autant de partis ont organisé leur élection en même temps et durant des négociations », confie Dave Sinardet (VUB). « En général, on observe que les élections pour la présidence des partis interviennent au lendemain des élections, soit parce que c’est programmé comme tel, soit parce que cela intervient après une défaite électorale », rappelle Pascal Delwit (ULB). « Mais cette fois, c’est sans doute le changement le plus important que l’on ait jamais eu. » Ce timing exceptionnel vient également de l’agenda électoral resserré : entre les scrutins d’octobre 2018 et 2019, la fenêtre de tir pour programmer un changement de direction était très étroite. Seul le CDH s’y est engouffré. « Certains partis ont postposé l’élection pour avoir un président stable », confirme le politologue anversois. 2 Une méconnaissance mutuelle « On risque d’avoir des gens qui ne se connaissent pas », reconnaît Pascal Delwit. Un risque que minimise Dave Sinardet, en signalant que Paul Magnette est associé depuis le début aux contacts fédéraux et que les principaux partis sont représentés par des ministres sortants ou à venir : Koen Geens (CD&V), Alexander De Croo et Gwendoline Rutten (Open VLD), Sophie Wilmès (MR). « Pour l’instant, les gens autour de la table se connaissent assez bien mais quand les nouveaux présidents arriveront, cela pourrait changer un peu. » « Il y a une forme d’instabilité dans le fait de ne pas connaître les codes des interlocuteurs et leur personnalité », reconnaît le politologue bruxellois. « Mais il ne faut pas surestimer cet impact. » Et cela même si le SP.A se choisissait Conner Rousseau (26 ans), nouveau député flamand, pour succéder à John Crombez. [scald=27155620:sdl_editor_representation] 3 Des repositionnements « Tous ces partis ont perdu les élections et connaissent actuellement une crise d’identité qui concerne leur leadership et la ligne qu’ils suivent », constate Dave Sinardet. « Le CD&V, le SP.A et le PS ont enregistré le plus mauvais score de leur histoire », confirme Pascal Delwit. « Ces partis connaissent donc une certaine inquiétude, voire un questionnement existentiel. » « Au CD&V, on ne sait pas très bien qui est le patron », commente Dave Sinardet. « Mais si Hendrik Bogaert ou Pieter De Crem venait à accéder à la présidence, il pourrait donner un coup de barre à droite. » Une lecture que ne partage pas Pascal Delwit, pour qui ces deux candidats ne dérogent guère à la ligne suivie jusqu’ici par Wouter Beke. De même, les profils fort différents qui postulent à la succession de Charles Michel ne devraient pas modifier le positionnement du MR en négociations. « Et peut-être Paul Magnette pourra-t-il se montrer plus pragmatique une fois son élection entérinée », suppose encore l’analyste de la VUB. « Il y a des personnalités différentes et elles vont probablement imprimer des tonalités particulières », admet son homologue de l’ULB. « Mais il ne devrait pas y avoir de différences fondamentales. Cela ne changera pas le positionnement quant au fait de gouverner avec (CD&V et Open VLD) ou sans (PS) la N-VA. » 4 Un impact limité pour l’instant « Au CD&V, il sera difficile pour Koen Geens de conclure un accord de gouvernement juste avant une élection interne », souligne Dave Sinardet. « Sinon, le nouveau président devra juste acter cet accord. Et avant la désignation de celui-ci, il sera difficile d’engager le parti sur une certaine voie. Surtout si c’est celle d’un gouvernement sans la N-VA. » « L’influence sur les négociations sera relative », prédit Pascal Delwit. « Ce serait une erreur de perspective de croire que les positions changent parce que les personnes changent. Le cadre de réflexion reste le résultat des élections, et il n’offre que deux alternatives possibles. A ce stade, le principal impact est que l’on fait du surplace depuis le 26 mai. Par contre, si on devait retourner aux urnes, le fait que certains partis déjà au plus bas reculent encore pourrait entraîner une recomposition rapide du paysage politique, tant du côté francophone que néerlandophone. »

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