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«Il faut un Ambassadeur de l’Union européenne pour le climat»

Le président du Groupe du Parti populaire européen Manfred Weber propose que l’Union européenne se dote d’une personne dont la mission sera de convaincre ses partenaires étrangers de s’engager dans le combat contre le changement climatique

Temps de lecture: 4 min

L’Europe a été le principal architecte des accords de Paris sur le climat. Cependant, depuis ce moment historique, nombreux sont nos alliés à travers le monde à avoir renoncé à mener le combat contre le changement climatique – à commencer par les Etats-Unis.

Les scientifiques sont pourtant clairs : le réchauffement de la terre est l’urgence et le défi numéro 1 de notre époque. Les Européens ont également exprimé leurs inquiétudes en défilant par millions pour demander aux élus de réagir.

Pour cela, plus que des promesses, il faut des actions concrètes. Une approche exclusivement punitive d’interdictions et de taxes n’est certainement pas la solution. Nous croyons au contraire que c’est par l’éducation et l’innovation, bien plus que par la fixation d’objectifs abstraits, de quotas et de proscriptions diverses, que nous pourrons avancer.

L’ensemble des Européens

La transformation radicale de nos économies ne pourra fonctionner que si nous impliquons étroitement tous les citoyens, sans exception – pas seulement les privilégiés et les « bobos » des grandes villes. Chacun de nous a son rôle à jouer dans le changement des habitudes de consommation. Il est de notre devoir de sensibiliser l’ensemble des Européens, et de combiner protection de l’environnement, approche éducative et politique de soutien aux entreprises innovantes.

4 millions, c’est le nombre d’emplois que représente, aujourd’hui, le secteur de la lutte contre le changement climatique en Europe. Ce chiffre va sans nul doute continuer à augmenter au cours des prochaines années. Au lieu de jouer avec les peurs des gens et d’annoncer la fin du monde, saisissions les opportunités et le potentiel inouï, en termes de création de richesse et de prospérité, que peuvent représenter les bouleversements qui nous attendent !

Pour ce faire, nous devons utiliser la recherche de manière ciblée, investir dans les technologies d’avenir pour développer les innovations qui aideront l’Europe à faire sa transition vers un avenir plus durable. L’Union doit être en première ligne dans le domaine des transports pour développer des solutions d’e-mobilité et une nouvelle génération d’avions propres.

Un combat mondial

Mais tous ces efforts n’auront du sens que si nous faisons de la lutte contre le changement climatique un combat mondial.

Premièrement : conditionnons notre coopération avec le reste du monde, notamment en matière d’échanges commerciaux, au respect de nos objectifs dans la lutte contre le changement climatique.

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Deuxièmement : n’oublions pas que les émissions produites en Europe ne représentent que 9 % du total des émissions mondiales. Si la Chine, l’Inde et d’autres partenaires ne nous rejoignent pas, nos efforts ne représenteront qu’une goutte d’eau (bien propre) dans un océan pollué. La 25e Conférence de l’ONU sur le climat, qui se tient à Madrid en ce moment, le montre encore une fois très clairement : sur le climat, l’ambition européenne est l’exception, et non la règle.

Un mandat du Conseil européen

Je suis convaincu que pour remédier à cela, l’Union européenne doit se doter d’une personne dont la mission sera de convaincre nos partenaires à l’étranger. Je propose donc de nommer un Ambassadeur de l’Union européenne pour le changement climatique. Cette personne serait chargée des contacts avec les pays tiers et les grandes économies mondiales, pour les mobiliser, obtenir leur engagement à poursuivre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 et même remporter leur soutien sur des objectifs plus ambitieux.

De la même façon que l’Union européenne s’est dotée d’un négociateur en chef, responsable des négociations sur le Brexit, nous avons besoin d’une autorité européenne capable de conduire les efforts diplomatiques et de développer de nouveaux partenariats à travers le monde. Cet Ambassadeur pour le climat serait placé sous l’autorité directe de la présidente de la Commission européenne, il ou elle recevrait un mandat du Conseil européen et devrait rendre compte des avancées de ses discussions devant le Parlement européen, tout comme Michel Barnier l’a fait tout au long des négociations du Brexit. La mission d’alerter le monde sur la nécessité de lutter contre le changement climatique ne peut pas revenir à Greta Thunberg seule !

Je le répète, nous ne pourrons réussir dans ce combat que si nous unissons nos forces au niveau mondial. L’Europe est d’ores et déjà le fer de lance de la politique climatique, en termes de normes environnementales notamment. Mais nous pouvons faire bien plus si nous convainquons nos partenaires. Si les Européens ne relèvent pas le gant, qui d’autre le fera ? C’est à l’Europe d’assumer cette responsabilité et notre mode de vie européen nous donne les moyens de le faire.

Les intertitres sont de la rédaction

 

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