«Le défi du prochain gouvernement sera de réinvestir, de manière ciblée»

Pas facile de succéder à Reynders ? C’est un grand honneur pour moi de succéder à deux personnalités libérales : Louis Michel et Didier Reynders. C’est quelque chose de très fort, le défi est d’autant plus beau. Vous avez déclaré mardi qu’il fallait moins de militaires en rue, une demande des militaires. Pieter De Crem, l’ancien ministre de la Défense et actuel ministre de l’Intérieur, s’est déclaré « surpris »… Quand les attentats ont eu lieu, à Bruxelles, à Paris, on a déployé 1.800 militaires, avec un niveau 3 d’alerte. A ce moment-là, il fallait clairement venir en renfort de la police, pour sécuriser les lieux, les sites. Puis, progressivement, le nombre de militaires en rue a diminué, à 420 mobilisés actuellement. Cela reste beaucoup. Ce n’est pas dans la première mission de l’armée. L’armée est intervenue mais on est dans un trend de diminution. Le niveau de la menace est repassé à 2. Il reste des sites sensibles, d’où ma visite dans le quartier diamantaire à Anvers, ma visite à Doel, à Bruxelles la semaine dernière. Il ne s’agit pas de dire qu’on va cesser cette opération « Vigilant Guardian ». Mais cela fera partie logiquement d’une discussion pour le prochain gouvernement : voir comment on rééquilibre, par des engagements supplémentaires au sein de la police, pour permettre aux militaires de retrouver le rôle qui est réellement le leur. Mais on ne va pas réduire de moitié dans les trois semaines qui viennent… Non, pas du tout. Une évaluation est faite mois par mois. Mais on peut avoir une perspective. On peut quand même regarder un peu plus loin que l’immédiateté. Avoir 200 militaires mobilisés et mobilisables me semble un chiffre tout à fait acceptable. Il faut savoir que l’on a plus ou moins 1.000 militaires engagés dans des opérations à l’étranger pour 420 ici (dans les rues) : c’est énorme ! C’est un sujet qui doit être débattu. Je salue le travail effectué par les militaires au cours des années écoulées : ce n’était pas une mission initialement « dans leur carton ». Mais les citoyens ont besoin d’une clarification des rôles des uns et des autres. Cela participe à la cohésion d’une société. Un militaire est d’abord un militaire. Le réseau diplomatique a été mis à l’économie il y a quelques années. La situation est-elle stabilisée ou faudra-t-il poursuivre la « rationalisation » ? Le défi du prochain gouvernement sera de réinvestir, de manière ciblée, là où notre Etat en a vraiment besoin. Il faudra avoir la capacité de le faire parce que cela fait partie, justement, de la cohésion d’un Etat : la « Maison Belgique » a besoin de cela et il faudra envoyer des signaux. Des économies ont été faites et je fais partie des gens qui assument ce qui a été fait – c’est trop facile de réécrire l’Histoire. Mais il y a une nouvelle page qui s’ouvre. C’est l’élément clé pour donner un bel avenir à notre pays qui, pour moi, en a un. Si on veut rendre un avenir à notre pays, il faut que nos services publics soient bien, simplement, dans leur rôle, leurs missions. Pour le moment, malgré les difficultés qui étaient là pour tout le monde, le job a été fait. Maintenant, il faut envoyer des signaux. Ce sera une des clés de la réussite du prochain gouvernement. Il faudra avoir le budget… Il faudra pouvoir parler de tout. Un Etat qui se met en débat, qui se demande comment apporter de la plus-value à ses citoyens, de la plus-value aux personnes qui servent l’Etat : il faut avoir la capacité d’en parler. On sent qu’il y a cette aspiration des citoyens, qui sont fortement impliqués, qui s’engagent. Cette envie de dialogue, de débat, il faut la saisir, pour redonner un souffle à notre Etat. Qui a de belles perspectives devant lui. On a un bel Etat ! Il est vrai que j’ai vécu très positivement ma situation géographique sur la frontière linguistique. Je vis cela comme une richesse… Il faut parler… avec la N-VA, alors ? Je parle avec Patrick Dewael (NDLR : le président de la Chambre… Open VLD), qui est bourgmestre de Tongres. Et donc, quand il m’invite à Tongres, j’y vais, et quand je l’invite à Crisnée, il vient (rires).

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