Ressources naturelles: pourquoi l’humanité vit à crédit

« L’ air que nous respirons, l’eau que nous buvons et les sols qui nous nourrissent font partie d’un écosystème mondial délicat, que l’activité humaine met de plus en plus à dure épreuve. » Cette phrase, prononcée par Ban Ki-moon en avril dernier à l’occasion de la Journée de la terre nourricière n’a jamais été autant d’actualité. En d’autres termes : l’humanité pèse lourd, et ça ne va pas en s’arrangeant. Le 13 août 2015, le couperet tombe via l’ONG Global Footprint Network : le « jour du dépassement est arrivé ». La Terre a désormais besoin d’une année et demie pour régénérer les ressources naturelles que nous consommons en un an. Cela fait quarante ans que la demande de ressources naturelles dépasse la capacité de la Terre à les reconstituer. Mais les perspectives démographiques actuelles combinées à l’absence d’action suffisante entraînent un effet boule de neige qui s’applique à cette dette environnementale. L’occasion de réfléchir à la relation que nous entretenons avec la planète qui subvient à nos besoins. 1. Le « jour du dépassement », c’est quoi ? Le « jour du dépassement » ou « overshoot day » en anglais correspond au jour où notre empreinte écologique (consommation de ressources et rejets de polluants), dépasse la capacité de régénération de la Terre. En 2015, l’humanité atteint ce jour le 13 août. L’occasion pour l’ONG Global Footprint Network de souligner qu’il survient de plus en plus tôt, signe d’une consommation de plus en plus décalée par rapport aux ressources disponibles. [scald=708240:sdl_editor_representation] À titre d’exemple, en 1970, le « jour du dépassement » n’était survenu que le 23 décembre. Mais depuis, sa date n’a cessé de régresser : 3 novembre en 1980, 13 octobre en 1990, 4 octobre en 2000, 3 septembre en 2005, 28 août en 2010. En 2015, « il aura fallu moins de huit mois à l’humanité pour consommer toutes les ressources naturelles renouvelables que la Terre peut produire en un an », déplore Global Footprint Network, « une indication claire que le processus d’épuisement des ressources naturelles s’accélère ». « Cela illustre le rythme incroyable et non durable du développement mondial », soulignait alors Pierre Cannet, responsable énergie/climat au WWF France. Selon l’ONG, il faudrait 1,6 planète pour subvenir aux besoins actuels de l’humanité. [scald=708193:sdl_editor_representation] La vidéo sur mobile En 2030, si les émissions mondiales de gaz carbonique (CO2) ne diminuent pas, la population mondiale aura englouti son « budget écologique » dès le 28 juin. En revanche, « si nous réduisons nos émissions de CO2 de 30 % » par rapport à leur niveau actuel, le « jour du dépassement » sera reculé au 16 septembre, selon l’ONG. « Réduire les émissions de carbone permettrait non seulement de ralentir le réchauffement du climat », objectif de la COP21, mais aussi de « réduire l’empreinte écologique à l’échelle mondiale », souligne Global Footprint Network. La « réduction de la demande humaine de ressources naturelles (…) représenterait la première chance sérieuse de réduire le déficit écologique qui croît irrémédiablement depuis les années 1970 », ajoute-t-elle. Les pays face à leur empreinte écologique : la carte interactive [scald=708191:sdl_editor_representation] La carte sur mobile 2. Une planète et demie ne suffit pas à la Belgique Mauvaise élève la Belgique ? On peut le dire. Notre pays présente la cinquième plus lourde empreinte écologique mondiale selon le dernier rapport sur le sujet publié par WWF. La note décrit l’état de notre planète en analysant de manière approfondie l’évolution de la biodiversité, des écosystèmes et de la pression humaine sur les ressources naturelles. Lire aussi : Une planète et demie ne nous suffit pas Si tous les citoyens du monde vivaient comme les Belges, l’humanité aurait besoin de 4,3 planètes pour subvenir à ses besoins. Le royaume se situe dans le top cinq des plus grosses empreintes écologiques (derrière le Koweït, le Qatar, les Émirats arabes unis et le Danemark), avec une estimation de 7,47 hectares consommés par habitant, pour 7,11 hectares dans le précédent rapport. À titre de comparaison, la moyenne mondiale se situe à 2,3 hectares et il faudrait une planète et demie pour produire les ressources écologiques renouvelables nécessaires au soutien de l’empreinte de l’humanité. [scald=708242:sdl_editor_representation] © WWF Les émissions de carbone représentent la plus grande part (43 %) de l’empreinte écologique de la Belgique. 3. Pas le choix, des solutions Il y a a priori peu de raisons de se réjouir du rapport du WWF et des conclusions de l’ONG Global Footprint Network. Mais il n’est pas question non plus de désespérer. Les solutions existent et sont techniquement à portée de main. ► Gouverner autrement Il faut reconnaître l’existence d’un plafond environnemental et mettre en place des frontières à ne pas dépasser. Un pas a été franchi en décembre 2015 en termes de lutte contre le réchauffement climatique. 195 pays présents à Paris ont adopté un accord mondial : des objectifs ambitieux, même si les moyens le sont moins. [scald=708189:sdl_editor_representation] La vidéo sur mobile [scald=708192:sdl_editor_representation] ► Produire mieux en utilisant moins Il faut produire mieux en utilisant moins d’énergie et moins de ressources. En récupérant les « déchets » pour les utiliser dans de nouvelles productions. En opérant une transition énergétique vers des énergies propres (sans CO2 et sans déchets). La bonne nouvelle, c’est que la palette des métiers verts s’enrichit chaque jour dans les entreprises et les collectivités. En janvier dernier, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon soulignait l’urgence d’une coopération entre les secteurs publics et privés dans les énergies propres. Lire aussi : Énergies renouvelables : « il est temps d’agir » déclare Ban Ki-moon ► Consommer plus raisonnablement Consommer plus raisonnablement et plus sainement est impératif : traquer les gaspillages, choisir la simplicité, préférer des produits à faible empreinte écologique. En tant que consommateurs, nous pouvons dans notre vie de tous les jours, devenir acteurs de ce combat. Comment ? En changeant tout une série de petites et de grandes habitudes liées à nos moyens de transport, à notre alimentation, à nos dépenses d’énergie, à notre épargne financière ou encore à notre consommation de biens matériels. [scald=708190:sdl_editor_representation] [scald=708241:sdl_editor_representation] [scald=708239:sdl_editor_representation]

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