Les petites radios se penchent sur leur migration vers le DAB+

La transition de la FM vers le DAB+ est en marche ! ». Francis Goffin, le président de maradio.be, la coopérative des radios publiques et privées œuvrant à la migration numérique du média, était aux anges ce mardi. Il a présenté une enquête Ipsos réalisée auprès de 1.500 personnes montrant que trois mois après son lancement, le standard de la radio numérique appelé à remplacer la FM, a connu un début en fanfare. « Tous les voyants sont au vert », explique-t-il. [scald=27415626:sdl_editor_representation] La notoriété de la technologie tout d’abord. 68 % des auditeurs radios connaissent désormais l’existence du DAB+, soit 2,5 fois plus que l’année dernière. S’il y a toujours très peu de Belges francophones équipés d’un récepteur compatible, leur nombre a doublé et est à 9 %. En 2019, 27 % des radios vendues dans le commerce étaient équipées de cette technologie et 41 % des nouveaux véhicules. Ces chiffres devraient croître dans les mois qui viennent puisque plus d’un quart des francophones affirment envisager l’acquisition d’un récepteur compatible. Pour progresser, le DAB+ peut compter sur les campagnes de promotion organisées par Maradio.be, sur la Commission européenne qui imposera à partir du 20 décembre à tous les constructeurs automobiles des autoradios compatibles dans les véhicules neufs mais aussi sur le bouche-à-oreille. 93 % des propriétaires d’un récepteur DAB+ se déclarent satisfaits de l’expérience et 41 % se disent prêts à recommander la technologie à leurs proches… Les principales raisons sont la qualité du son et l’écoute sans interruption. La facilité d’utilisation est également considérée comme un point fort. Enfin, en termes de durée d’écoute radio, le DAB+ représente aujourd’hui 6 % de celle-ci, contre 2 % auparavant. C’est chez les 25-44 ans que le succès est le plus marqué. Les petites radios toujours en rade Mais quid en matière d’offre ? Le DAB+ est encore loin d’afficher une diversité similaire à celle de la FM. En cause ? L’absence des petites radios locales indépendantes. Le DAB+ n’héberge toujours que les radios en réseau, au nombre de 25. Les 75 petites radios qui ont reçu une autorisation d’émettre en DAB+ de la part du CSA sont dans l’expectative. Contrairement aux « grandes » qui ont pu rejoindre deux réseaux communautaires construits et gérés par la RTBF, les radios locales n’ont pas accès à un réseau clé sur porte. Dans leurs zones géographiques respectives, elles doivent se débrouiller entre elles pour assurer leur diffusion en DAB+. Soit elles se mettent à la recherche d’un opérateur spécialisé qui s’occupera pour elles de construire et de gérer le réseau local, soit elles créent une association et font tout elles-mêmes. [scald=27415624:sdl_editor_representation] La semaine dernière, le CSA a entamé une tournée des différentes provinces en vue d’aider les radios à s’organiser. Dans certaines régions, les choses avancent bien et les radios ont déjà des contacts sérieux avec des opérateurs. C’est le cas par exemple dans la région de Mons-Charleroi-La Louvière. Dans d’autres par contre, c’est plus compliqué. A l’image de Bruxelles où certains acteurs réclament des tests car ils estiment que l’architecture du réseau et la puissance prévues ne permettront pas de couvrir tout le territoire de la Région et de diffuser à l’intérieur des bâtiments. « En général, on peut dire qu’il n’est pas facile de mettre tout le monde d’accord vu la diversité des situations, fait remarquer un proche du dossier. Autour de la table, on trouve des radios qui n’ont pas les mêmes moyens (parfois du simple au triple ou au quadruple), les mêmes ambitions (radios purement associatives et radios plus commerciales), les mêmes couvertures, les mêmes priorités… L’argent, nerf de la guerre Une question est bien sûr centrale : le financement. Un million d’euros a été prévu dans le budget 2019 de la Communauté française pour aider les radios locales à financer l’investissement de départ. « Mais il n’y a toujours pas de certitudes quant à la manière dont cet argent va être distribué entre les radios », fait valoir Fred Cools, président de la coordination des radios associatives Craxx. [scald=27415620:sdl_editor_representation] Quant aux frais récurrents d’utilisation du réseau (électricité, entretien…), il n’est pas prévu qu’ils soient pris en charge par les pouvoirs publics. Cela inquiète les plus petites radios qui ont peu de rentrées financières et appréhendent le fait de devoir faire face aux frais d’une double diffusion : en FM et en DAB+. Le problème se pose différemment selon l’endroit où la radio émet. Si dans les régions fortement peuplées, les frais liés à l’exploitation d’un multiplex (fréquence unique qui agrège le signal de plusieurs radios) peuvent être amortis sur un grand nombre de radios (ex : 15 à Charleroi-Mons-La Louvière, 17 à Bruxelles), ce n’est pas le cas dans des zones plus rurales où il n’y aura parfois que deux ou trois radios par multiplex. Elles devront donc payer beaucoup plus que les radios « urbaines ». Certains s’inquiètent aussi de savoir ce qui se passera lorsqu’une radio tombera en faillite ou se fera retirer son autorisation d’émettre. Cela signifie-t-il que la facture des autres augmentera automatiquement ? Le secteur demande donc un coup de pouce du gouvernement. « Il faut que les frais récurrents soient pris en charge par le gouvernement pour éviter des situations d’iniquité entre radios », estime Philippe Sala, président de la Fédération de radios Radio Z. La Craxx demande quant à elle que le gouvernement mette en place une politique de soutien qui ciblerait spécifiquement les radios qui devront payer plus que les autres.

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