Les trottinettes électriques, hype ou vraie solution ?

Faites un petit exercice. Passez deux heures dans le centre de Bruxelles, et comptez le nombre de trottinettes électriques qui passent devant vos yeux ou celles qui sont garées sur un trottoir. Vous arrivez à quel nombre ? 10, 25, 40 ? Depuis 2018, les trottinettes électriques en free-floating sont partout en Belgique, de Bruxelles à Anvers en passant par Liège. Un succès incroyable, mais une vraie solution de mobilité ou juste un effet de mode ?
Les trottinettes forcément plus adaptées aux citadins qu’aux navetteurs
« Nous sommes un peu entre les deux actuellement », explique Laurent Vermeersch, journaliste spécialisé en mobilité. Il y a plusieurs aspects car d’un côté, cela va attirer les gens qui sont déjà ouverts aux autres modes de transport mais qui ne sont pas forcément en voiture. Ceux qui prennent les transports en commun, souvent bondés le matin, peuvent choisir cette option. Alors qu’une réelle solution de mobilité doit convaincre ceux qui viennent en ville en voiture. »
Le problème c’est qu’ils viennent de trop loin et que c’est moins évident pour eux. « Il faudrait une solution multimodale qui les verrait aller en voiture jusqu’à la gare, de là en ville et ensuite seulement utiliser une trottinette électrique. Mais ce pas est bien plus difficile à franchir pour les navetteurs que pour les citadins ».
Les autorités sont encore dépassées
L’autre problème se trouve du côté des autorités qui ne savent pas encore comment réagir face à cette nouvelle vague. Si le souci du stationnement sur le trottoir commence à être traité, la gestion de l’espace public est encore problématique. « Les routes ne sont déjà pas assez adaptées pour les vélos qu’il faut déjà penser aux trottinettes électriques. Il faut à nouveau repenser les axes routiers en ville pour savoir comment trouver sa place, en sécurité, sans gêner les autres. Les autorités ont du mal à suivre ». Un phénomène proche de celui de l’arrivée d’Uber en quelque sorte. « Une société qui se lance, avec beaucoup d’argent, dans un secteur totalement nouveau, sans réglementation ».
Une solution individuelle, pas forcément globale
Les trottinettes en free-floating peuvent néanmoins encourager les utilisateurs à repenser leur mobilité. « On a vu cela avec les Villo. Au début, on a sauté dessus avant de voir les problèmes. Y a-t-il un vélo à une borne, est-il en bon état… mais derrière, cela peut inciter les gens à changer. C’était chouette le vélo, pourquoi ne pas en acheter un ? Idem pour les trottinettes. Je vois cela comme une solution supplémentaire pour les individus. Mais je ne suis pas encore certain que cela fera une différence pour la mobilité globale ».
Dans tous les cas, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, ce service étant encore très récent. « Cela s’est développé tellement vite qu’il n’y a pas encore d’étude approfondie. Et les sociétés ne partagent pas vraiment leurs données non plus ».
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