L’économie circulaire: tout le monde s’y met

C’est une entreprise qui collecte des déchets de plastique et les transforme en pellets pour les réutiliser. C’est un glacier qui fabrique des sorbets avec des fruits invendus. C’est un projet de rénovation de tours de bureaux. C’est un magasin spécialisé dans les produits en vrac. C’est une coopérative qui fabrique des soupes à partir de surplus de légumes… Le point commun ? Tous se revendiquent de l’économie circulaire. Et à ce titre, ils font partie des 26 lauréats de l’appel à projets 2019 du programme « be.circular » de la Région bruxelloise qui seront récompensés ce jeudi soir. Bruxelles consacre cette année 1,9 million d’euros pour donner un coup de pouce aux pépites repérées dans la capitale. En quelques années, le concept d’économie circulaire est devenu aussi populaire que celui de développement durable. Pareillement, il est utilisé, usé et abusé. Tout le monde l’est devenu à sa manière. Il suffit parfois de trier/recycler ses déchets, de réduire ses consommations de matières et d’énergie, de lutter contre le gaspillage alimentaire, de faire réparer une machine ou de partager des véhicules pour s’en revendiquer. Monts et merveilles ? En 2016, le bureau de consultants PWC évaluait le potentiel économique total pour la Belgique de l’économie circulaire entre 1 et 7 milliards d’euros de valeur ajoutée à l’horizon 2030. Et en fonction de la politique menée, annonçait la création de 15.000 à 100.000 emplois. En 2017, Agoria (la fédération des entreprises technologiques) annonçait la création de plus de 36.000 emplois en Belgique et une croissance supplémentaire de 1,04 % par an et 3,6 milliards de valeur ajoutée, s’accompagnant d’une réduction de moitié des émissions de CO2. Ces chiffres n’ont jamais pu être confirmés. [scald=27430263:sdl_editor_representation] Mais tout le monde s’est mis au circulaire. En 2015, Bruxelles s’est dotée d’une stratégie qui court jusqu’en 2020 et d’un plan en 2016. Plus de 220 entreprises accompagnées, des projets financés, à hauteur de plus de 8 millions, des chantiers pilotes, des nouveaux produits mis sur le marché, des nouvelles activités économiques. La Wallonie a créé plusieurs programmes d’accompagnement et d’outils de financement (déchets, réutilisation…), de tailles et directions diverses. Ainsi, un programme Next (300 millions dégagés en 2015) ou le chèque économie circulaire finançant l’accompagnement de PME -9 dossiers introduits et validés depuis le printemps 2017… Après un bilan en demi-teinte dressé par le ministre compétent Pierre-Yves Jéholet (MR) au printemps 2018, le parlement wallon relevait « les nombreux recouvrements de responsabilités » et distinguait aussi « plusieurs politiques en économie circulaire [qui] se développent en parallèle » tout en soulignant que « le développement de projets d’économie circulaire aurait permis actuellement en Wallonie de créer 3.728 emplois ». Au centre des programmes Malgré les maladies de jeunesse et la difficulté de gérer la transversalité d’un sujet sur lequel tout le monde s’est jeté, on poursuit dans la même direction. L’idée est au centre du Green Deal européen comme elle figure en bonne place des plans climat des Régions belges. En diminuant les consommations, la circularité contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre. « L’économie circulaire et régénérative » est au centre du programme du gouvernement wallon et du projet de transition bruxelloise. Les deux gouvernements promettent de soutenir davantage les entreprises du secteur. En Wallonie, une stratégie verra le jour d’ici la fin de l’année. On a resserré et simplifié le pilotage politique et administratif autour du ministre de l’Economie Willy Borsus (MR). On sent une volonté de mettre un peu plus d’ordre. A Bruxelles, on vise particulièrement la construction, l’alimentation. C’est dans ces deux secteurs que le gaspillage est le plus important, montrent les études. Et il faut se méfier des effets d’annonce. Si l’objectif européen de récupération de 70 % des matériaux de construction en 2020 est sur le point d’être atteint, c’est surtout parce que le remblayage de chantier entre en ligne de compte, relevait récemment l’Agence européenne pour l’environnement. Bruxelles veut créer un label « Designed/Made/Grown/Repaired in and around Brussels », rappelle la ministre de la transition économique, Barbara Trachte (Ecolo). « Se lancer dans l’économie circulaire, c’est prometteur mais il ne faut pas nier les questions et les risques. Via le soutien public, nous voulons que les projets actuels s’industrialisent. Les critères d’octroi des financements et l’analyse de risque peuvent être assouplis pour les projets qui ont une démarche circulaire ». Progressivement, ces aides seront réservées à ceux qui s’inscriront dans cette logique de transition. « Par ailleurs, il faut également travailler à la demande », poursuit Trachte. Ainsi, donner une orientation « circulaire » aux marchés publics de la Région, de ses administrations et des communes est une piste suivie tant à Bruxelles qu’en Wallonie. Certaines entreprises promettent aussi d’orienter leurs achats vers une économie plus respectueuse des limites environnementales. [scald=27430264:sdl_editor_representation] Partout, l’articulation avec la politique des déchets est évidente. Bruxelles veut intégrer l’Agence Bruxelles-Propreté, jusqu’ici surtout concentrée sur la collecte et le traitement des déchets. « Bruxelles-Propreté c’est une mine de matières premières, insiste Trachte. En qualité de logisticien elle devra garantir des flux en qualité et en quantité pour les entreprises » tout en étant actrice du réemploi et de la réparation. En Wallonie aussi, la politique de déchets n’est pas loin. Priorité absolue à la prévention des déchets, au réemploi et au recyclage…

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