Procès Henkinet: les grands-parents des victimes sont parties civiles

Guy Granville ressemble à son fils Luc, le père d’Audrey et Arnaud, tous les deux atteints d’infirmité motrice et cérébrale et à qui leur mère, Rita Henkinet, a reconnu avoir administré d’importantes doses de barbituriques le 2 mars 2013. Il n’est pas très grand, assez costaud, la peau rougie et l’air d’un bon vivant. Son épouse, Josette, a l’air plus introvertie, plus discrète. On n’en saura pas plus que ce que laisse entendre une photo car ce lundi comme durant les journées d’audience précédentes, Josette et Guy n’étaient pas au procès Henkinet. Ils en étaient pourtant les vedettes, et y ont fait une entrée remarquée par le biais de Me Jean-Luc Dessy. Ce dernier a expliqué qu’il avait la « pénible mission » de se constituer partie civile. Guy Granville, 82 ans, aurait une santé fragile qui lui interdirait les émotions. Il ne sera donc jamais présent au procès. Son épouse, 80 ans, était attendue ce lundi comme témoin mais ne se sentirait pas non plus suffisamment en forme pour affronter une audition devant les jurés. Mais évidemment, les deux octogénaires lisent les journaux et voient les JT. Forcément, ils se sentent impliqués. C’est pendant la nuit, à la fin de la semaine dernière, que Guy se serait réveillé subitement en se disant qu’il lui faudrait un avocat pour le représenter, pour « faire entendre sa voix et celle de son épouse », a expliqué Me Dessy en ajoutant que son client avait « la voix chevrotante » quand il lui a téléphoné pour le lui demander. « Vu l’aspect très humain de ce dossier, vu le désarroi de ces personnes, j’ai de suite accepté. » Il a dit ne réclamer « qu’un seul euro provisionnel ». « Sur un montant définitif estimé à 100.000 euros », a ajouté Me Wilmotte, à la défense, qui a dit s’interroger quant aux « raisons réelles qui sous-tendent cette constitution de partie civile si tardive, trois années après les faits. » Il faut dire que du côté des parties civiles, un petit renfort n’était pas de trop. Le fils de Josette et Guy, Luc Granville, est présent en permanence mais ne ramasse pas, loin s’en faut, que des compliments des témoins qui défilent. « J’apprécie peu de le voir s’insurger en chevalier blanc aujourd’hui alors qu’il n’a jamais été qu’un père absent quand ses enfants étaient vivants », a regretté ce lundi un infirmier qui a fréquenté l’accusée de manière plus intime dans les années 90. Un rebondissement de plus Josette Raskar, elle, était présente, en tout cas pour Audrey qui, en plus de son IMC, souffrait d’autisme. Entre la vieille dame et sa petite fille, le courant passait bien. Elle la reprenait à son domicile tous les quatre à cinq week-ends, notamment pour les anniversaires. « Une grande complicité les unissait : sa grand-mère disait “allez, jeune fille !”, et elle accourait », a expliqué l’éducatrice référente d’Audrey. Elle aurait pu apporter un éclairage au procès sur sa petite-fille, mais pas sur son petit-fils, qu’elle ne voyait plus depuis des années. L’infirmier qui fut le compagnon de l’accusée a expliqué qu’Arnaud s’était plaint auprès de lui en rentrant de chez ses grands-parents paternels, quand il était petit. Il avait fabriqué des assiettes en carton, décorées une à une, pour orner la table. « Il avait passé un temps fou, et il en était très fier ! Mais quand il est revenu, il était complètement dépité et m’a expliqué que son grand-père avait tout de suite mis les assiettes à la poubelle. » Les grands-parents paternels en invités surprises, c’est un rebondissement en plus dans ce procès qui n’en manque pas. C’est aussi un énième bouleversement de calendrier alors que chaque jour, on clôture sans que le programme prévu soit terminé. Leur constitution de partie civile ne va cependant pas, sans doute, autrement changer la donne.

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