La police assure avoir tout ignoré des projets des frères Abdeslam

Les enquêteurs de la DR3 sont-ils passés à côté d’une information capitale qui aurait pu leur permettre de neutraliser Salah et Brahim Abdeslam. Et d’éviter que ne soient commis les attentats de Paris ? C’est l’une des questions auxquelles devra répondre le Comité P lorsqu’il se penchera à huis clos, la semaine prochaine, sur la manière dont les services de renseignement et la police ont travaillé. Mardi, les journaux De Tijd et L’Echo rapportaient en effet, sur base de sources policières anonymes, qu’en juillet 2014, la police était au courant que les deux Molenbeekois fomentaient un attentat. Des accusations que le parquet, qui a réexaminé le contenu de ce « tuyau » après la parution de cette information dans la presse, réfute. Une information sur Abaaoud, et non les frères Abdeslam « C’est faux ! », assure Eric Van Der Seypt. « Mi-juillet, la police fédérale et le parquet fédéral ont effectivement reçu une information mais celle-ci concernait Abaaoud et non les frères Abdeslam. Par ailleurs, elle confirmait tout ce que nous savions déjà au sujet d’Abaaoud – comme le fait qu’il était parti en Syrie et qu’il avait emmené son petit frère – mais n’apportait pas d’élément neuf à son sujet. En tout cas, à aucun moment, on n’a parlé d’attentats », indique Eric Van Der Seypt. Ces informations-là, souligne le porte-parole du parquet fédéral, figurent d’ailleurs dans le dossier judiciaire pour lequel Abdelhamid Abaaoud a été condamné par défaut en juillet 2015 à 20 ans de réclusion. [scald=738943:sdl_editor_representation] Reste que Brahim et Salah Abdeslam n’étaient pas inconnus de la justice : des soupçons de radicalisation pesaient sur eux bien avant les attentats de Paris (une information relevée dimanche par la RTBF mais déjà confirmée dans les jours qui suivirent les attentats). [scald=738898:sdl_editor_representation] Pour mémoire, Salah et Brahim, que l’on savait être des copains de quartier d’Abaaoud, avaient été questionnés en février 2015 sur leurs intentions de rejoindre la Syrie. Les deux frères avaient nié s’être radicalisés et l’affaire en était restée là, écrivions-nous. Le 20 mars, le nom de Salah Abdeslam est toutefois intégré à la liste de l’Ocam (Office de coordination de la menace) qui reprend les personnes susceptibles d’aller en Syrie. Le 8 mai 2015, la police fédérale établit un procès-verbal où elle affirme que rien ne permet de confirmer les informations de la police locale. L’affaire est classée sans suite le 29 juin. Aucun élément tangible, entre juillet 2014 et ce classement sans suite, ne permettait de confirmer que les deux hommes s’étaient radicalisés, encore moins de prédire qu’ils commettraient un attentat fin 2015, précise encore le parquet fédéral. « La seule fois où l’on parle d’Abdeslam (ndlr., dans les informations transmises avant les attentats), il s’agit d’une info très vague qui évoque la possibilité qu’un des deux frères se soit radicalisé. Eux ou quelqu’un de leur entourage. Rien de plus précis », retrace Eric Van Der Seypt. « Cette information a bien entendu été vérifiée. Mais à l’époque, rien ne permettait de les relier à un groupe terroriste ». Le CDH demande une commission d’enquête Ces explications suffiront-elles ? Pas certain… Mardi, le CDH a proposé la création d’une commission d’enquête. Il estime que « l’inqualifiable gravité des événements impose que le Parlement belge ouvre une Commission d’enquête dotée des pleins pouvoirs d’investigation ». Le Parlement fédéral avait déjà mis sur pied une Commission spéciale sur la lutte contre le terrorisme, avec l’appui de toutes les formations politiques. Pour le CDH, la succession de révélations publiées ces derniers jours dans la presse dicte qu’il est « indispensable d’aller plus loin ». « Aujourd’hui, il apparaît en effet de plus en plus clairement que notre pays porte une réelle part de responsabilité dans les événements ayant conduit à ce drame. La honte qu’un tel constat suscite chez tous les habitants du royaume ne peut nous tétaniser », estime le parti.

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