Chamailleries politiciennes à la commission spéciale «Tunnels»

Rudi Vervoort, PS, ministre-président actuel, Charles Picqué, PS, ministre-président de 1989 à 1999 et de 2004 à 2013 et François-Xavier de Donnea, MR, ministre-président de 2000 à 2003. Voici les noms des personnes qui seront auditionnées au parlement bruxellois la semaine prochaine. C’est ce qu’a décidé la commission spéciale chargée de faire la lumière sur l’état des tunnels de la capitale, au terme d’une séance pas forcément constructive et remplie de jeux politiciens. Récapitulatif. [scald=741435:sdl_editor_representation] En pointant la responsabilité du MR dans le dossier, Emmanuel De Bock, chef de groupe Défi a lancé un pavé dans la mare. Dans nos colonnes, il a estimé, en s’appuyant sur des rapports d’inspection 1999-2002, que les libéraux « avaient aussi mis la poussière sous le tapis » (nos éditions d’hier). Il persiste et signe, ce mercredi : « Si l’on auditionne Charles Picqué et Rudi Vervoort, je demande que François-Xavier de Donnea soit aussi entendu. » Soit tous les chefs successifs de la Région bruxelloise depuis sa création, en sachant que Jacques Simonet et Daniel Ducarme, aux commandes de 1999 à 2000 et quelques mois en 2004 pour le premier, et de 2003 à 2004 pour le second, sont tous les deux décédés. Le PS sur ses grands chevaux Le MR ne dit pas non. Mais Vincent De Wolf dénonce une « manœuvre politique assez grosse » et souligne que le cas de M. de Donnea, qui a quitté la ministre-présidence il y a 13 ans, est différent de celui de Picqué ou de Vervoort : « Il n’a plus les documents, peut-être pas de collaborateur à appeler, c’est compliqué. » Philippe Close (PS) estime, dans un premier temps, que l’audition de ministres-présidents passés ou actuels ne va pas forcément permettre d’apprendre grand-chose de neuf. Il retourne sa veste quand il découvre que les bleus ont publié, au cours des premières minutes de la commission, un communiqué de presse dans lequel ils réclament un audit stratégique et financier de Bruxelles-Mobilité. Déplorant « l’opacité qui demeure », le MR veut un avis extérieur et indépendant (de la Cour des Comptes, en l’occurrence) « pour savoir clairement comment les impôts des Bruxellois ont été dépensés ». Ça ne passe pas côté socialiste. Outré, le chef de groupe Philippe Close n’apprécie guère la forme : « Bas les masques ! Le climat n’est pas serein, on joue pour jouer et pour se faire mousser. Je retire ce que j’ai dit sur l’audition des ministres-présidents quand j’entends ce que dit M. De Wolf. » Réplique libérale, via Boris Dilliès : « Il n’est pas question de manœuvre dilatoire ou de volonté de torpiller les débats en cours. Ce que nous cherchons, c’est à avancer dans un souci de transparence et de clarté. » Les comptes sont réglés en huis clos Et ça continue… L’élu PS attaque Dilliès sur son absence lors de l’audition de Pascal Smet (il était en train de rencontrer Alain Juppé, homme politique français). Le PTB Youssef Handichi réclame l’audition de Bruno De Lille, ancien secrétaire d’Etat à la Fonction publique, avant de se faire tancer par le principal intéressé qui lui rappelle qu’il n’a posé aucune question en commission jusqu’à présent… N’en jetez plus ! Malgré les tentatives de certains de sortir par le haut de ces chamailleries politiciennes (Céline Delforge, Ecolo, Hervé Doyen, CDH, notamment), les travaux patinent. Au point que les comptes seront réglés à l’abri des regards (et des caméras), pendant une suspension de séance. Après quoi, le choix d’auditionner les ministres-présidents (de Donnea compris) est voté à l’unanimité. Notons encore que la majorité a décidé de ne pas auditionner de visu les membres d’Egis Tunnels, la société qui a réalisé le fameux diagnostic des ouvrages d’art bruxellois dès 2009 (qui s’est traduit par le masterplan 2013, ce document planifiant les rénovations globales, jamais arrivé sur la table du gouvernement). Les questions seront posées par écrit, même si l’opposition Ecolo-MR a voté contre. La commission débattra aussi, avant Pâques, des pistes pour une meilleure mobilité à Bruxelles. « C’est ce qui intéresse vraiment les gens », conclut Philippe Close. Reste à savoir si l’esprit général sera plus constructif pour la préparation de l’avenir qu’il ne l’a été dans l’examen du passé.

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